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2024, une année de découvertes archéologiques en Terre sainte

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Le Saint-Sépulcre fait l'objet d'explorations archéologiques depuis mars 2022.

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Valdemar de Vaux - publié le 29/12/24
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Sur une terre habitée depuis au moins dix mille ans et au carrefour des trois religions monothéistes et des civilisations méditerranéennes, les fouilles archéologiques sont riches d’enseignement. Retour sur une année de découvertes en Terre sainte qui réjouissent, notamment, les disciples de Jésus qui a voulu naître à Bethléem.

En Israël et Palestine, dans un espace géographique de la taille de la Bretagne, ce sont 400 fouilles archéologiques qui sont conduites chaque année. La Terre sainte est effectivement le carrefour de l’histoire humaine, proche de la Mésopotamie et creuset des trois religions monothéiste. Aujourd’hui, les traces de civilisation de Jéricho ou la porte d’Ashkelon, qui datent de 9.000 ans avant Jésus-Christ, côtoient les tours de bureaux de la côte méditerranéenne, les sanctuaires byzantins, les mosquées ottomanes et les constructions d’Hérode.

Comme hier, les fouilles actuelles sont au cœur d’enjeux politiques, exacerbés par le conflit israélo-palestinien et la volonté de trouver dans l’histoire une légitimité. L’intérêt pour l’archéologie a, cette année, donné lieu à un grand événement avec l’inauguration, le 19 octobre, d’un campus, à Jérusalem, consacré entièrement à cette discipline, avec exposition de mosaïques antiques, laboratoires et une bibliothèque de 60.000 ouvrages spécialisés, une première. Le tout est géré par l’Autorité des Antiquités d’Israël, une agence publique très puissante. Au-delà des questions politiques, qu’ont révélé de cette terre et de son histoire sainte les fouilles conduites en 2024 ?

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Découverte de dessins de navires découverts lors des fouilles de l'église de Rahat, mai 2024.

Au mois de mai, les archéologues mettent au jour des gravures murales de navire à Rahat. Dans les ruines d’une église d’époque byzantine, au nord du désert du Néguev, ces dessins vieux de 1.500 ans sont probablement la trace des circuits de pèlerinage du VIe siècle. Après avoir débarqué au port de Gaza, sur la mer Méditerranée, les chrétiens marchaient jusqu’au désert avant de découvrir Bethléem, la Galilée et Jérusalem. Dans la Ville sainte, dans la basilique du Saint-Sépulcre, de semblables gravures maritimes sont visibles.

Le même mois, dans cette ville justement, les archéologues exhument le témoin d’un autre temps : une bague d’enfant en or d’époque hellénistique. Il y a 2.300 ans, la Judée est sous domination des Lagides puis des Séleucides, deux dynasties issues de généraux d’Alexandre le Grand. L’imposition d’un mode de vie grec est à l’origine de la révolte des Maccabées, narrée dans le livre éponyme de la Bible. La bague retrouvée au mois de mai au sud de l’Esplanade des Mosquées montre cette hellénisation, mais aussi une certaine richesse économique dans une ville, Jérusalem, éloignée des centres de pouvoir.

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Une bague d’enfant en or d’époque hellénistique également découverte en mai 2024.

Autre mois, autre période. En juin dernier, les archéologues procèdent à des excavations non loin de l’aéroport Ben Gourion, situé sur la commune de Lod entre Tel-Aviv et Jérusalem. C’est là qu’ils découvrent des pièces d’argent et de bronze, objets prisés des historiens pour leur appui dans la datation des restes monumentaux. En l’occurrence, les pièces retrouvées là datent du IVe siècle de notre ère et font des événements peu connus : sous le règne de Constance Galle (351-354), neveu de Constantin Ier, une insurrection juive se déclare, et la monnaie exhumée pourrait avoir été cachée dans les fondations d’un bâtiment public pour les soustraire au pouvoir impérial d’ailleurs en difficulté en Orient. Au même moment, Jérusalem se couvre des premières basiliques, notamment le Saint-Sépulcre, dont la construction débute vers 325.

L’édifice, construit à l’emplacement du tombeau du Christ et du Golgotha, a d’ailleurs fait l’objet d’un important travail de fouilles depuis les débuts d’un important travail de réfection du dallage entrepris en 2022. Le 7 novembre, les spécialistes du Département des Sciences de l’Antiquité de l’Université La Sapienza (Rome) ont publié des "conclusions préliminaires" sur les découvertes faites sous le sol de l’église la plus importante de la chrétienté. On y lit que le site rocheux est bien une ancienne carrière d’extraction qui explique des différences importantes de niveau, devenue zone agricole attestée par des restes de murets en pierre sèche et des traces de culture de l’olive et de la figue. En 129-130 après Jésus-Christ, l’empereur Hadrien décide de bâtir une nouvelle ville sur les ruines de la Jérusalem détruite par son prédécesseur Titus après le siège de 70. La cité, renommée Ælia Capitolina, inclut la partir extra-muros du nord-est, où la tradition situe le tombeau du Christ, dans le périmètre urbain. La zone est alors nivelée pour élever un temple païen. Si ce terrassement empêche de vénérer le tombeau vide, elle le protège malgré elle.

La prison dans laquelle a été enfermée saint Paul découverte ?

Les archéologues romains expliquent ainsi qu’au IVe siècle, la chambre funéraire est dégagée pour construire le premier monument chrétien à cet endroit vénérable. L’on érige alors un petit sanctuaire circulaire avec une antichambre, trois marches pour y parvenir, douze colonnes pour l’entourer et un portique pour y entrer. La construction reste en plein air jusqu’à ce que la rotonde qui la recouvre soit achevée, à la fin du même siècle. Ces découvertes, qui confirment des sources écrites, ont été faites dans le sol de la rotonde actuelle, restes de marbre, pièces de monnaie et canalisations romaines à l’appui.

Pour les chrétiens, il y a eu en 2024 une autre surprise archéologique de taille. À Césarée, au bord de la Méditerranée, les archéologues qui fouillent intensément cette ville voulue par Hérode et nommée en l’honneur d’Auguste, pensent avoir trouvé la prison dans laquelle fut enfermé saint Paul. Comme le rapportent les Actes des apôtres (cf. chap. 23), vers 58 après Jésus-Christ, à Jérusalem, l’apôtre des Gentils est accusé de profanation et d’agitation publique. Emprisonné par le gouverneur romain dans cette ancienne citerne, Paul passe deux ans derrière les barreaux avant d’en appeler à César pour être jugé à Rome comme le permet son statut de citoyen romain.

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