Carlo Acutis, Maria Magdolna Bodi… Ils vont devenir saints en 2025

Ils étaient 21 à devenir saints et 18 bienheureux en 2024. En 2025, ils ne sont pas moins de six à rejoindre les rangs des saints de l’Église catholique. Tour d’horizon de ces laïcs, prêtres et religieux dont la date de canonisation et de béatification a d'ores et déjà été dévoilée.

Carlo Acutis (1991-2006), passionné d’informatique au point d’être surnommé le "geek de Dieu", a mis son talent d’informaticien au service de l’évangélisation, gérant par exemple le site internet de sa paroisse milanaise, puis lançant d’autres initiatives numériques. Nourri par une vie de prière intense et la messe quotidienne, l’adolescent est décédé d’une leucémie foudroyante à l’âge de 15 ans. Très vite, son témoignage s’est répandu dans toute l’Italie, puis dans le monde, non sans l’aide de sa mère, Antonia Salzano. En 2018, il a été proclamé vénérable. Un premier miracle a fait de lui un bienheureux en 2020. Depuis le 1er juin 2022, son corps est exposé à Assise. Sa dépouille a été visitée par 900.000 personnes en 2024. Un deuxième miracle dû à son intercession a été reconnu le 23 mai 2024. Il doit être canonisé le 27 avril, lors du Jubilé des adolescents, qui verra converger vers Rome des dizaines de milliers de jeunes.

Né à Turin, dans une famille aisée de la grande bourgeoisie italienne, Pier Giorgio Frassati (1901-1925) a dévoué sa vie au service des pauvres avant de mourir à 24 ans d’une poliomyélite foudroyante. Ce passionné d’alpinisme est une figure inspirante pour la jeunesse catholique. Engagé dans de nombreux groupes catholiques, il communiait quotidiennement et rendait visite aux pauvres. En plus de sa foi personnelle, il participait pleinement à la vie politique de son temps et s'opposait aux partisans de Mussolini dès son accession au pouvoir. Il était aussi membre laïc du Tiers Ordre Dominicain sous le nom de frère Jérôme, pour être engagé tout en gardant un lien avec le monde. Il a été béatifié par Jean Paul II en 1990. Rome attendait un second miracle pour pouvoir annoncer sa canonisation. Chose faite en novembre 2024. C’est en 2017 que le père Juan Gutierrez, jeune mexicain alors séminariste à Los Angeles, a été miraculeusement guéri d’une blessure à la cheville. La canonisation du bienheureux Pier Giorgio Frassati est prévue le 3 août à Rome, à l’occasion du Jubilé des jeunes.

Le père Giovanni Merlini (1795-1873) est devenu prêtre en 1818. Ce natif d’Ombrie a intégré les missionnaires du Précieux-Sang après sa rencontre avec son fondateur, saint Gaspard del Bufalo. Il est à l’origine de la fondation d’une branche féminine de son ordre, les Adoratrices du Sang du Christ, par sainte Marie de Mattias dont il était le directeur spirituel. Ardent apôtre auprès des "missions populaires" en Italie, il a été proche de Pie IX, qu’il a accompagné dans son exil à Gaète en 1848. Giovanni Merlini est devenu modérateur général de son ordre. Il est mort dans un accident de la route le 12 janvier 1873 et a été reconnu vénérable un siècle plus tard par Paul VI. En 2024, le pape François a aussi signé un décret reconnaissant un premier miracle attribué au vénérable. Sa béatification est prévue le 12 janvier 2025.

Cette laïque hongroise, née d'une union illégitime, avait un père violent et alcoolique. Mária Magdolna Bódi (1921-1945) s’est tournée vers une paroisse latine de sa ville, s’engageant avec ardeur et projetant de devenir religieuse. Mais aucune congrégation ne voulait d’elle en raison de son statut social. Travaillant à l’usine, elle a décidé de consacrer sa chasteté à Dieu et a rejoint un groupe de soutien aux pauvres et aux malades, rassemblant autour d’elle de nombreuses autres femmes et provoquant plusieurs conversions. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a soigné les blessés et a aidé les mères de famille. Elle a été assassinée par un soldat soviétique en 1945 qui a tenté de la violer. Se débattant, elle lui a tiré un coup de pistolet avant de tenter de fuir, mais l’homme blessé a réussi à la tuer de plusieurs balles. Recevant la première dans le dos, elle a ouvert les bras vers le ciel, s'écriant : "Mon Seigneur, mon Roi !" Sur les six balles tirées par le soldat, l'une a atteint directement le cœur. S'écroulant face contre terre, elle est morte en serrant son chapelet dans la main. Mária Magdolna Bódi sera béatifiée le 26 avril. Elle sera ainsi la deuxième martyre du communisme.

Camille Costa de Beauregard (1841-1910) est né dans une famille de l'aristocratie savoyarde, à Chambéry, de Louis-Marie Pantaléon Costa de Beauregard, haut parlementaire turinois, et de Marthe de Veyrac. Il a été le cinquième enfant d’une fratrie de onze. Ses parents étaient pieux et dévoués au service des pauvres et des malades. Adolescent, Camille a perdu la foi, qu’il a retrouvée à l’âge de 22 ans, lors d’une belle conversion à la cathédrale de Chambéry. En 1863, il a rejoint le Séminaire français de Rome où il a été ordonné prêtre le 26 mai 1866. Il a décidé par la suite de se consacrer aux ouvriers de Savoie. Durant l'épidémie de choléra qui s’était abattue sur sa ville natale, il a pris en charge les orphelins, d’abord chez lui, puis au Bocage, ce qui lui a valu son surnom, le "père des orphelins". L'orphelinat est devenu une véritable institution confiée aux Filles de la Charité, dans l'esprit de l'œuvre des Salésiens de Don Bosco que l'abbé Costa a rencontrée à Turin en 1879. Malade et fatigué par une longue vie de labeur, l'abbé Costa est mort en odeur de sainteté le 25 mars 1910. Sa cause en béatification a été présentée à Rome quinze ans plus tard. Proclamé vénérable par le pape Jean Paul II en 1991, un miracle obtenu par son intercession a été officiellement reconnu par le pape François, ouvrant ainsi la voie à sa béatification, qui aura lieu le 17 mai dans la cathédrale de Chambéry.

Sœur Krzysztofa-Marta Klomfass et ses 14 compagnes de la Congrégation des Sœurs de Sainte Catherine Vierge et Martyre ont été tuées entre le 22 janvier et le 25 novembre 1945 par le régime communiste soviétique. Violées, torturées par les soldats soviétiques, ou mortes de privations, de mauvais traitements ou de maladies dans les camps de concentration en Russie, les 15 religieuses d'origine allemande résidaient en Prusse Orientale lors de l'invasion de l'Armée rouge. Même si elles ont eu l'occasion de s'échapper, comme l'ont fait d'autres religieuses de la même Congrégation, elles ont décidé de rester à leur place, fidèles à leur vocation, en acceptant le risque, afin de rester proches des malades, des enfants et des orphelins, et en faisant tout leur possible pour le bien des autres. Elles seront béatifiées le 31 mars.

En 2024, le pape François a publié des décrets reconnaissant les vertus héroïques de 24 personnes, dont les laïcs Ismael Molinero Novillo et Enrico Medi, le prêtre italien Guglielmo Gattiani, et le prêtre polonais Stanislas Kostka Streich, ou encore le fondateur de communauté de l'Emmanuel Pierre Goursat. Tous sont en attente de la reconnaissance d’un miracle afin d’être béatifiés, puis canonisés à l’issue d’un deuxième miracle.