Ce 18 décembre 2024, le pape François a approuvé la canonisation équipollente de la bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin, mère supérieure des carmélites de Compiègne, martyres de la Révolution française. De plus, il a autorisé le dicastère pour les Causes des saints à publier un décret reconnaissant les vertus héroïques du fondateur de la communauté de l'Emmanuel, Pierre Goursat, ce dernier étant désormais "vénérable".
Pierre Goursat est né à Paris le 15 août 1914, alors que vient de commencer la Première guerre mondiale. D’après sa biographie publiée par le dicastère pour les Causes des saints et le site de la Communauté de l’Emmanuel, il vit à 9 ans l’abandon de son père, qui quitte le foyer familial, et à 12 ans la perte de son frère Bernard. Lui-même est d’une santé fragile et le sera toute sa vie. Souffrant de tuberculose à 19 ans, en 1933, Pierre Goursat vit une conversion spirituelle alors qu’il est soigné au plateau d'Assy, dans un sanatorium des Alpes. De retour à Paris, il soutient sa mère pour tenir la pension de famille. En 1943, il rencontre l’archevêque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard, qui sera déterminant sur son chemin spirituel et l’accompagnera comme son conseiller spirituel dans sa vocation. Le cardinal reçoit ainsi son vœu de chasteté. Pierre se consacre à l’évangélisation tout en demeurant laïc.
Naissance de la Communauté de l’Emmanuel
Comme domaine de mission, il s’engage particulièrement dans le monde de la culture. Outre l’ouverture d’une librairie religieuse et le lancement d’une société d’édition, il s’implique au sein du Centre Catholique des Intellectuels Français, de l’Office catholique français du cinéma, et il fonde le Cercle du Cinéma Français. Il est critique de cinéma, fréquente les noms les plus connus et participe aux festivals de Cannes et de Venise. Entre divers séjours à l’hôpital, il s’inquiète pour les jeunes menacés par la drogue et la délinquance, et fonde pour eux un centre d’accueil et de prévention dans une vieille péniche amarrée sur les bords de la Seine.
En 1971, il découvre le mouvement du "Renouveau charismatique" en train de naître et reçoit une "effusion de l’Esprit Saint" lors d’une retraite. Dans cette mouvance, l’année suivante, il crée avec une jeune interne en médecine, la laïque Martine Laffitte, un groupe de prière qui attire 500 participants en un an. Ce sont les prémices de la Communauté de l’Emmanuel. Une soixantaine de personnes font leur premier engagement dans cette communauté naissante le 18 juin 1977. Le sanctuaire du Sacré-Cœur de Jésus à Paray-le-Monial en Bourgogne, où Pierre Goursat organise la formation des membres, deviendra l’un des grands lieux spirituels de la communauté, qui y anime encore aujourd’hui des sessions d’été attirant des milliers de personnes. Rapidement, la communauté se développe à l’international, avec des membres présents dans de nombreux pays. Actuellement, elle est présente dans 70 pays. En 1986, le pape Jean-Paul II, en visite à Paray-le-Monial, a remercié Pierre Goursat d’avoir fondé l'Emmanuel.
Une réputation de discrétion et d’humilité
En 1978, la péniche sur la Seine, où emménage le fondateur, devient le "quartier général" de sa communauté. C’est là que Pierre meurt le 25 mars 1991, à l'âge de 56 ans, après six ans de retrait du gouvernement pour cause de santé. Il est enterré à Paray-le-Monial. Pour le dicastère pour les Causes des saints, le nouveau vénérable a vécu les vertus chrétiennes "avec une grande ardeur en tant que laïc, faisant preuve de force et de courage dans les différentes épreuves et difficultés de la vie". Rome salue son "grand amour pour l’Église" et sa "loyauté inconditionnelle envers son magistère", ainsi que son service auprès des "blessés de la vie".
Pierre Goursat a gardé une réputation de discrétion et d’humilité, durant son existence où il a fui "la notoriété, la visibilité, les privilèges et les avantages personnels", peut-on lire encore sur le site. Lancée en janvier 2010 à Paris (France), la cause de canonisation de Pierre Goursat s’était ouverte à Rome en 2016.