25 ans. La durée est inédite dans le paysage ecclésial français dans la mesure où les évêques occupent généralement leur siège une dizaine d’années. C’est le temps que Mgr Dominique Rey aura passé à la tête du diocèse de Fréjus-Toulon jusqu’à l’acceptation par le pape François, ce mardi 7 janvier, de sa renonciation à cette charge. 25 ans d’initiatives missionnaires, conformément à l’appel du pape Jean Paul II, qui l’avait choisi comme successeur des apôtres, pour une « nouvelle évangélisation ». Une fibre naturelle pour ce prêtre de la communauté de l’Emmanuel, issue du Renouveau charismatique, mais aussi la source d’erreurs et de dysfonctionnements dans son diocèse qui sont à l’origine de cette décision, d’origine papale, après avoir reçu en 2023 un coadjuteur muni d’importants pouvoirs.
Que va désormais faire l’évêque de 72 ans ? Dans ses entretiens à nos confrères de Famille chrétienne et du Figaro, il évoque cinq axes missionnaires : « le respect et la défense de la vie et la famille, l’engagement auprès des personnes en fragilité et des lieux de précarité, les enjeux relatifs à l’éducation et la culture, la présence chrétienne dans les médias et réseaux de communication et, enfin, la formation chrétienne et pastorale de ceux qui exercent des responsabilités dans l’Église et la société ».
Cinq piliers prioritaires
Cinq « grands piliers […] prioritaires » qu’il a d’ailleurs mis en œuvre durant son épiscopat à Toulon, marqué par la venue de nombreuses communautés nouvelles et la mise en place d’une forme de laboratoire des initiatives évangélisatrices. Très présent lors des débats bioéthiques, l’évêque désormais émérite continuera sans doute de soutenir les initiatives pro-vie et d’encourager les politiques dans leur souci du bien commun. Homme de réseaux, Mgr Rey a conduit régulièrement des élus à Rome pour rencontrer le pape François, comme il l’a fait aussi pour les entrepreneurs, afin de donner des repères et des encouragements. Quant à « l’engagement auprès des personnes en fragilité et des lieux de précarité », le diocèse de Toulon est pionnier depuis 40 ans dans ce domaine, avec un service de coordination des œuvres de charité diocésaines, la Diaconie du Var, qui regroupe 275 salariés et 2.000 bénévoles pour quarante associations.
Son action pastorale a surtout été marquée par l’accueil nombreux des vocations et des jeunes pousses missionnaires, parfois nées au Brésil où il se rendait très régulièrement. Le séminaire de La Castille, qui est un des derniers séminaires diocésains de France, recrée par son prédécesseur, accueille encore une communauté d’une soixantaine de séminaristes qui se préparent à devenir prêtres. En 2022, c’est en interdisant à Mgr Rey d’ordonner des prêtres que Rome a d’ailleurs commencé à pousser l’évêque vers la sortie à cause d’erreurs de discernement et du manque de suivi des communautés accueillies.
S’il affirme que rien n’est acté pour la suite, il commencera, après une messe d’action de grâce le 1er février prochain, par une retraite spirituelle pour relire les 25 années passées à la tête du diocèse de Fréjus-Toulon. Dans une vidéo postée sur X ce mardi 7 janvier en fin d'après-midi, Mgr Rey affirme : "Je vous annoncerai au plus tôt la prochaine mission que l'Église me confiera et les projets missionnaires dans lesquels je vais m'investir". Comme les autres évêques émérites, il est à parier que Mgr Rey se verra confier une mission par un autre évêque pour continuer d’exercer son ministère sacerdotal. Seule différence, sa jeunesse relative pour un émérite puisque l’âge canonique de renonciation est 75 ans.