Le pape François a évoqué la perspective d’un "génocide" en cours dans la bande de Gaza, dans un livre à paraître mardi et dont le quotidien italien La Stampa a publié des extraits ce 17 novembre 2024. Lors de l'Angélus ce dimanche, le chef de l’Église catholique a une nouvelle fois demandé de prier pour la paix en Israël et en Palestine. "Selon des experts, ce qui se passe à Gaza a les caractéristiques d'un génocide", confie le pape François dans le livre L’espérance ne déçoit jamais. Pèlerins vers un monde meilleur, écrit avec un journaliste à l'occasion du Jubilé 2025 et publié ce mardi en Italie, en Espagne et en Amérique du Sud.
"Il faudrait étudier attentivement pour déterminer s'il correspond à la définition technique formulée par les juristes et les organismes internationaux", ajoute François qui téléphone chaque jour au curé de la paroisse de Gaza pour s’informer sur le conflit. Les Nations unies définissent le génocide comme des actes commis dans "l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux".
Le 7 octobre 2023, un raid des islamistes du Hamas en Israël a provoqué la mort d’au moins 1.100 personnes ainsi que l’enlèvement de 251 personnes, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées. D’après The Times of Israel, 63 personnes seraient encore retenues en otage à ce jour. L’attaque a déclenché une réponse massive d’Israël dans la bande de Gaza – où le ministère de la santé du Hamas fait état de 43.700 victimes – et l’embrasement de toute la région du Proche-Orient.
Depuis le début de la guerre, le pape François multiplie les appels au cessez-le-feu et à la libération des otages. Cette semaine, il a par exemple reçu un groupe de 16 anciens otages et proches d’otages israéliens. Lors d’une rencontre privée avec des Palestiniens en novembre 2023, le pape avait - selon les participants - déjà prononcé le mot « génocide » en évoquant la situation de la Palestine. Mais le Vatican avait immédiatement démenti.
"La guerre rend les hommes inhumains"
La diplomatie du Saint-Siège veille à ne pas privilégier l’une ou l’autre partie. Ce qui n’a pas empêché le pape de condamner la mort de milliers de civils à Gaza. "La défense doit toujours être proportionnelle à l’attaque. Lorsqu’il y a disproportion, cela montre une tendance dominante qui va au-delà de la moralité", avait expliqué le pape, interrogé sur les méthodes de l’armée israélienne lors du vol retour de son voyage en Belgique, fin septembre.
Cette semaine, un comité spécial des Nations Unies a estimé que les méthodes de l’armée israélienne dans la bande de Gaza "correspondent aux caractéristiques d’un génocide". "En détruisant les systèmes vitaux d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’alimentation, et en contaminant l’environnement, Israël a créé un ensemble de crises mortelles qui infligeront de graves dommages aux générations à venir", peut-on lire notamment dans le rapport.
Ce dimanche, lors la prière de l'angélus, le Pape a demandé aux fidèles de prier pour "l'Ukraine martyrisée, la Palestine, Israël, le Liban, la Birmanie, le Soudan". Il a ajouté : "La guerre rend les hommes inhumains, les incite à tolérer des crimes inacceptables. Que les gouvernants écoutent le cri des peuples qui demandent la paix."