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Présidentielle américaine : à bien y regarder, les catholiques ont voté comme les Américains

US - AMERICANS - VOTE - IN - THE - 2024 - PRESIDENTIAL - ELECTION

Bureau de vote le 5 novembre 2024 à Las Vegas, Nevada.

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Stephen White - publié le 16/11/24
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Stephen White est chercheur en études catholiques à l’Ethics and Public Policy Center à Washington DC, et directeur exécutif du Catholic Project à la Catholic University of America. Selon lui, malgré des réticences évidentes, les catholiques ont choisi Donald Trump plutôt que Kamala Harris pour les mêmes raisons que le reste de l’Amérique a préféré Trump à Harris.*

Les catholiques représentent entre un cinquième et un quart de l’électorat américain. Un changement de quelques points de pourcentage chez les catholiques peut faire basculer une élection nationale. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup de temps, d’énergie et d’argent soient consacrés à courtiser les votes des catholiques américains. Par exemple, selon les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote en 2020, les électeurs catholiques ont préféré Joe Biden à Donald Trump avec une marge de 52%-47%. Ce résultat correspondait presque exactement à la marge de victoire de Joe Biden sur l’ensemble de l’électorat.

Le vote catholique le plus déséquilibré

Depuis au moins l’an 2000, les électeurs catholiques ont favorisé le candidat qui a fini par remporter le vote populaire lors de chaque élection présidentielle. La seule exception a été 2016, lorsque les catholiques ont préféré Donald Trump à Hillary Clinton. Cette année, les sondages de sortie des urnes montrent que les catholiques ont préféré Donald Trump à Kamala Harris avec une marge significative : 58%-40%. La marge de victoire de 18 points de Donald Trump parmi les catholiques représente le vote catholique le plus déséquilibré dans une élection présidentielle depuis une génération.

À la lumière de tous ces éléments, peut-on dire que le vote catholique a été décisif dans l’élection de Donald Trump ? La réponse est compliquée. Si nous ne pouvons pas ignorer la marge de victoire de Trump parmi les électeurs catholiques, nous ne pouvons pas non plus nous contenter de supposer que le changement s’est produit pour des raisons spécifiquement catholiques.

Avortement : avantage Harris

Par exemple, on pourrait s’attendre à ce que l’avortement soit un sujet qui motive les électeurs catholiques. Les évêques américains soulignent depuis des années que l’avortement est leur "principale préoccupation". Au cours de son premier mandat, Donald Trump a tenu sa promesse de nommer des juges conservateurs à la Cour suprême et a été salué (même si c’est peu crédible) par ses alliés comme "le président le plus pro-vie de tous les temps". Pendant ce temps, Kamala Harris a fait tout son possible pour faire campagne sur un programme extrêmement favorable à l’avortement.

Mais si nous cherchons une raison proprement catholique à la victoire de Donald Trump, nous devons nous tourner vers une autre cause que la politique de l’avortement. Parmi la portion relativement faible (14%) des électeurs qui ont cité l’avortement comme la question qui leur importait le plus, Kamala Harris a surpassé Donald Trump, 74% à 25%. À la question de savoir en quel candidat ils avaient le plus confiance en matière d’avortement, Kamala Harris a devancé Donald Trump parmi l’ensemble des électeurs, 49% à 45%. Tous ces éléments suggèrent fortement que l’avortement a constitué un avantage net pour Kamala Harris, mais pas suffisamment pour compenser l’avantage de Donald Trump sur des questions telles que l’économie, l’immigration, la criminalité et la sécurité.

Le poids du votre latino

Il y a, bien sûr, beaucoup d’autres questions sur lesquelles les catholiques peuvent avoir des préférences politiques proprement catholiques. L’immigration en est un exemple. Une grande partie des catholiques américains sont latinos, et les Latinos représentent environ la moitié de tous les immigrants aux États-Unis. Le pape François et les évêques américains ont passé beaucoup de temps à parler de l’importance de politiques d’immigration humaines. Historiquement, les démocrates remportent une large majorité du vote latino lors des élections présidentielles. Mais pas cette année.

Par rapport à 2020, Donald Trump a réalisé des gains électoraux parmi de nombreux groupes minoritaires, notamment les Noirs (+3) et les Asiatiques (+12). Mais parmi les électeurs latinos, Trump a fait d’énormes progrès par rapport à 2020. Il y a quatre ans, les Latinos ont voté pour Biden à 65% contre 32%, soit une marge de 33 points. En 2024, Kamala Harris a toujours remporté le vote latino, mais Donald Trump a réduit l’écart à un chiffre, 52-46. Cela représente un écart de 27 points en faveur de Donald Trump, qui semble avoir gagné le vote latino masculin.

Économie : avantage Trump

En 2020, avec Donald Trump comme président sortant, les électeurs étaient à peu près également partagés dans leurs opinions sur l’économie : 49% ont déclaré que l’économie était excellente ou bonne, 50% ont déclaré qu’elle n’était pas bonne ou médiocre. Quatre ans plus tard, alors que Kamala Harris représente l’administration sortante, les sondages de sortie des urnes montrent que l’opinion des électeurs sur l’économie s’est considérablement dégradée : 68% ont déclaré que l’économie n’était ni bonne ni mauvaise. Sur cette large majorité d’électeurs, 70% ont voté pour Donald Trump, contre 28% pour Kamala Harris.

L’avantage de Donald Trump sur ces questions majeures peut se résumer à une question posée dans les sondages de sortie des urnes : "Que pensez-vous de la façon dont les choses se passent dans le pays aujourd’hui ?" À cette question, 73% des électeurs ont répondu qu’ils étaient mécontents ou en colère ; avec cette large majorité d’électeurs, Donald Trump a surpassé Kamala Harris de 26 points, 62% contre 36%.

Un reflet du vote national

Lors des élections présidentielles, le vote catholique tend à refléter le vote national. Cela signifie-t-il que le vote catholique est décisif lors des élections présidentielles ? Ou cela suggère-t-il simplement que le vote catholique se distingue à peine du vote de l’électorat national en général ? Pourquoi les catholiques, malgré des réticences évidentes, ont-ils choisi Donald Trump plutôt que Kamala Harris ? S’agit-il de sa position extrême en faveur de l’avortement jusqu’à la naissance ? S’agit-il de son point de vue très éloigné de la réalité sur les questions relatives aux transsexuels, qui soutient les opérations de changement de sexe pour les prisonniers, financées par le contribuable ? Est-ce la volonté déclarée de Kamala Harris d’annuler les protections de la liberté religieuse afin d’obliger les établissements de santé et les médecins catholiques à pratiquer des avortements ? Peut-être.

Mais la réponse la plus simple est peut-être que les catholiques ont préféré Donald Trump à Kamala Harris, non pas pour des raisons spécifiquement catholiques, mais pour les mêmes raisons que le reste de l’Amérique a préféré Trump à Harris. Après quatre ans d’administration Biden, ils étaient prêts pour un changement.

*Nota : les opinions exprimées par l’auteur sont les siennes et ne reflètent pas nécessairement celles de ses employeurs.

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