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La pyramide de Maslow, une leçon politique et managériale ?

Élections aux États-Unis d'Amérique. Gros plan sur une table pour l'inscription au vote avec des drapeaux américains debout au bureau de vote. Couverture de la campagne présidentielle et des élections. Le devoir civique et le patriotisme.
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Pierre d’Elbée - publié le 14/11/24
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Pour gagner une élection, faut-il préférer répondre aux besoins primaires plutôt qu’aux autres comme le suggère la pyramide de Maslow. Ce n’est pas si simple, répond le consultant en entreprise Pierre d’Elbée : les motivations humaines sont complexes, et ne sont pas seulement individualistes.

Plusieurs commentateurs décryptent la victoire de Donald Trump en faisant référence à la célèbre pyramide de Maslow : selon cette vision, l’être humain est motivé par ses besoins. Les besoins primaires, physiologiques ; sécuritaires ; d’appartenance, sont les premiers que l’on cherche à combler. Nous sommes prêts à satisfaire les besoins supérieurs comme l’estime et l’accomplissement si et seulement si les premiers sont satisfaits.

Au-delà des propos parfois insultants et vulgaires que nous ignorons ici volontairement, Donald Trump se serait adressé aux Américains en abordant les questions de "la restauration de l’emploi", de l’immigration, de la lutte contre le terrorisme pour leur garantir un premier besoin de survie. Ensuite, il affirme protéger les Américains de l’immigration pour assurer leur besoin de sécurité. Concernant le besoin d’appartenance collective, il fustige une élite politique et économique déconnectée, au profit des "vrais Américains". Son slogan "Make America Great Again" s’adresse efficacement au besoin de reconnaissance de ses électeurs, qui retrouvent là un sentiment de dignité. Et finalement, Trump répond également au besoin d’accomplissement au plus haut niveau, en incarnant l’espoir d’un renouveau.

Intérêt et limites de l’approche pyramidale de Maslow

Malgré ces dernières références aux valeurs du sommet de la pyramide, il semble que Donald Trump ait surtout répondu aux besoins des niveaux inférieurs alors que Kamala Harris au contraire, se différenciait en répondant volontiers aux besoins du sommet de la pyramide, dans une perspective progressiste avec de nouvelles normes sociales et des messages d’inclusivité qui ne font manifestement pas l’unanimité auprès des Américains. Et dans cette période de crise, c’est Donald Trump qui semble avoir le mieux répondu aux attentes des Américains : ce qui expliquerait son succès.

Cette probabilité politique vaut également en management : une période difficile encourage les entreprises ou les équipes à se recentrer sur leurs fondamentaux, pour assurer la pérennité et la sécurité de leurs activités.

La pyramide de Maslow a l’avantage de la simplicité. Elle paraît pertinente pour analyser a posteriori une victoire électorale : est-ce que cela veut dire que pour gagner une élection, il faut préférer répondre aux besoins primaires plutôt qu’aux autres ? Sans doute pas. Tout dépend en effet de la situation : on peut avancer qu’en période de crise, les besoins primaires se font plus criants. En période de paix ou de prospérité, ce sont les besoins supérieurs qui s’expriment. Cette probabilité politique vaut également en management : une période difficile encourage les entreprises ou les équipes à se recentrer sur leurs fondamentaux, pour assurer la pérennité et la sécurité de leurs activités. En période de prospérité, elles sont plus disponibles pour innover, explorer un cap ambitieux, s’engager dans un projet inédit dans lequel le besoin d’accomplissement personnel et collectif est davantage sollicité. 

Mais l’approche de la pyramide de Maslow, aussi pertinente soit-elle, présente des limites. Cette hiérarchie manque de nuances devant la complexité des motivations humaines. De fait, les individus peuvent rechercher en même temps la satisfaction de plusieurs besoins, sans nécessairement suivre un ordre strict. Par passion, par conviction, ou par sentiment désintéressé, les artistes, les professions libérales, les entrepreneurs et bien d’autres salariés suivent souvent leurs besoins "élevés" avant même leurs besoins de sécurité. En outre, Maslow reste trop dans une perspective individualiste de développement personnel, il sous-estime la puissance des réseaux, des familles, des traditions qui influencent grandement nos choix.

Les leçons d’une victoire

Cela dit, des études révèlent une différence d’attitude chez les jeunes générations, entre le moment de l’embauche et leur intégration dans l’entreprise (Mc Kinsey, Deloitte). Elles se montrent d’abord sensibles aux valeurs environnementales et humaines, mais une fois embauchées, c’est leur intérêt personnel qui semble dominer, comme la carrière, la rémunération et le bien-être individuel. Ce virage reflète assez bien à la dualité entre besoins inférieurs et supérieurs de la pyramide de Maslow : ces deux dimensions correspondent à la sécurité et au besoin de sens qu’un manager doit savoir diffuser en même temps. Ce à quoi il faut ajouter qu’en situation d’inquiétude et de crise, le repli vers les valeurs de sécurité est irrésistible : il faut savoir en tenir compte pour adopter le discours et les attitudes qui conviennent le mieux. 

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