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Comment Simone Weil peut nous apprendre à prier

Simone Weil

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Valdemar de Vaux - publié le 03/11/24
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Philosophe restée au "seuil de l’Église", Simone Weil est connue pour sa pensée singulière, mystique et politique, enracinée et contemporaine. Dans un texte sur la "conception chrétienne des études", elle parle admirablement de la prière, fruit de l’attention. Explications.

Études, prière et attention. Voilà trois notions que Simone Weil allie dans un des textes du recueil publié sous le titre Attente de Dieu, en 1950. Issus d’une correspondance de 1942 avec son directeur spirituel, ces chapitres laissent entrevoir le cheminement spirituel de la philosophe, qui restera au "seuil de l’Église". L’un d’eux est donc intitulé "Réflexions sur le bon usage des études scolaires en vue de l'amour de Dieu" et pense ensemble les études et l’attention, ce qui peut sembler ordinaire, mais aussi la prière. Que peut donc dire la philosophe de cette manière d’entrer en relation avec Dieu ?

Pour Simone Weil, l’intérêt principal des études est de développer l’attention, accrue grâce aux exercices scolaires. Or, "la qualité de l’attention est pour beaucoup de la qualité de la prière" dit-elle, définissant celle-ci comme une attention "orientée vers Dieu". Ainsi la prière n’a-t-elle son intérêt, comme le travail de l’intelligence, non pas tant dans le résultat obtenu que dans l’effort même pour y parvenir. Et, conclut-elle en parlant de l’étude, la chose est vraie pour l’oraison : "si, au bout d’une heure, on n’est pas plus avancé qu’en commençant, on a néanmoins avancé, durant chaque minute de cette heure, dans une autre dimension plus mystérieuse." Ainsi prend-elle l’exemple du curé d’Ars, connu pour avoir éprouvé de grandes difficultés dans l’apprentissage du latin. Ces "efforts inutiles" ont pourtant "porté leur fruit, selon la philosophe, dans [son] discernement merveilleux."

Un acte d’humilité

En plus de ne jamais être certain du fruit de sa prière, celui qui voudra s’atteler à l’oraison devra se lancer avant même d’avoir la certitude du bien-fondé d’une telle contemplation. Simone Weil dit ainsi à propos des "connaissances utiles au progrès spirituel" que "si on ne les adopte pas comme règle de conduite avant de les avoir vérifiées, si on n’y reste pas attaché pendant longtemps seulement par la foi […] on ne les transformera jamais en certitudes." La foi, acte de confiance, est bien nécessaire à toute relation silencieuse avec Dieu, invisible par nature. Mais aussi le désir, qui doit mener l’intelligence avec le plaisir et la joie, et qui conduit à la prière "car le désir, orienté vers Dieu, est la seule force capable de faire miner l’âme". La volonté, seule, qui ne donne pas de bonnes études, ne peut mener à Dieu.

Car la prière est un acte d’humilité, d’où naît la conscience de la miséricorde du Père et de la nécessité de son aide. Face à un "exercice scolaire bêtement manqué, on sent avec une évidence irrésistible qu’on est quelque chose de médiocre" dit aussi Simone Weil, et "il n’y a pas de connaissance plus désirable". Recevoir plutôt que donner, tel est l’ultime secret : "Les biens les plus précieux ne doivent pas être cherchés, mais attendus."

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