Hasard du calendrier ? Impact des jours chômés ? Influence des retrouvailles familiales à l’occasion des fêtes liturgiques sur le bien-être des personnes âgées ? Selon une étude de l’Insee publiée le 30 octobre 2024, les décès sont moins fréquents les jours fériés et les dimanches. Et au regard des statistiques, cela ne peut pas être une coïncidence.
Sur les 20 dernières années, de 2004 à 2023, le jour de l’année qui enregistre le moins de décès est le 15 août, fête de l’Assomption, avec 1.410 décès quotidiens en moyenne (contre 1.600 sur l’ensemble de la période), soit une diminution de 12%. Certes, il s’agit d’un mois d’été, saison pendant laquelle la mortalité est moindre pour les personnes âgées, mais un élément interpelle néanmoins : les décès du 15 août sont inférieurs de 2% par rapport à ceux ayant lieu lors des trois jours précédents et suivants l’Assomption. Les retrouvailles familiales à cette occasion y seraient-elles pour quelque chose ? Sans doute. Puisque si l'on regarde les chiffres de la mortalité du 14 juillet, jour estival et férié également mais traditionnellement moins dédié aux réunions familiales, ils sont inférieurs de 10% par rapport à la période quand ceux du 15 août sont inférieurs de 12%. D'aucuns y verront peut-être la douce protection du manteau de la Vierge en son Assomption.
L'impact des jours fériés, et par conséquent celui des relations sociales et familiales sur la mortalité se vérifient également à Noël. Le jour de Noël, la sous-mortalité est également de -2 % par rapport aux jours adjacents, même si le nombre de décès est supérieur de 10% par rapport au nombre moyen par jour en raison de la saison hivernale. Si l’on peut se réjouir que la fête de la Nativité de Jésus, occasion de retrouvailles familiales, prolonge l’espérance de vie, la sous-mortalité liée à ce jour s’expliquerait aussi, selon l'Insee, par le nombre moindre d’interventions programmées ce jour-là à l’hôpital.
"Les visites de la famille ou des amis pourraient jouer"
À l’inverse de l'Assomption, le jour le plus meurtrier de l’année est le 3 janvier. L’Insee avance plusieurs hypothèses pour expliquer ce pic de mortalité : la saison hivernale, propice aux virus saisonniers, la reprise des opérations chirurgicales programmées qui peuvent conduire à des décès, et enfin "l’atteinte" de Noël ou de la nouvelle année. "Le désir de passer ces fêtes avec des proches, ainsi que celui d’atteindre une nouvelle année pourrait retarder la survenue du décès des personnes en fin de vie", soulignent les auteurs du rapport.
À l'heure où le gouvernement envisage de supprimer, après le lundi de Pentecôte, un deuxième jour férié, les chiffres publiés par l'Insee démontrent que les décès sont moins fréquents les jours fériés, tout comme le dimanche. "Comme pour les jours fériés, la sous-mortalité le dimanche pourrait s’expliquer par un nombre moins élevé de prises en charge et d’interventions programmées ce jour-là", souligne l’Insee. Mais ce n’est pas la seule raison. "Les visites de la famille ou amis auprès de personnes malades, sans doute plus fréquentes le week-end, pourraient jouer."