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Ces pays où évangéliser est impossible

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Anne-Sophie Retailleau - publié le 19/10/24
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La mission fait partie de la vocation de chaque chrétien. Mais dans certains pays où la liberté religieuse est corsetée, évangéliser est passible de lourdes sanctions sociales et pénales, pouvant aller jusqu'à la peine de mort. Aleteia dresse une liste de dix pays où évangéliser est impossible quand ce n'est pas lourdement réprimé.

1Corée du Nord

Pyongyang, capitale de la Corée du Nord.

En Corée du Nord, l’unique religion autorisée est celle du culte du chef suprême. Par conséquent, les 200.000 à 400.000 chrétiens du pays sont obligés de vivre leur foi dans la clandestinité. Si pratiquer la religion chrétienne peut déjà vous coûter la vie, évangéliser relève tout bonnement de l’impossible. En 2022, le régime a adossé à la loi "anti-réactionnaire" un amendement criminalisant la pratique de la religion chrétienne et la possession d’objets de dévotion. En mai 2023, un couple et leur enfant de 2 ans ont été condamnés à la prison à vie après qu’une Bible a été retrouvée au domicile familial.

2Maroc

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Monastère Notre-Dame de l'Atlas (Maroc).

Au Maroc, l’islam est la religion officielle du pays. Mais bien que la liberté de culte soit reconnue par la Constitution, le Maroc interdit et réprime sévèrement le prosélytisme. L’article 220 du code pénal indique que "quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats" s’expose à une peine de six mois à trois ans de prison. De même, la loi interdit d’importer et de distribuer des bibles en langue arabe. Réputé être un État modéré, le Maroc n’est pourtant pas un pays où l’on peut facilement vivre sa foi. En particulier, les chrétiens marocains convertis souffrent de discriminations, d’ostracisme et peuvent aussi être condamnés à des peines de prison. 

3Libye

Tripoli, capitale de la Libye, en décembre 2021.

Plongée dans le chaos depuis le début de la guerre civile en 2011, la Libye n’est pas une terre où il fait bon vivre pour les chrétiens. Selon l’ONG protestante Portes Ouvertes, ils sont 35.100 à vivre dans ce pays pour une population de 7 millions d’habitants. La plupart sont des migrants d’Afrique subsaharienne ou d’Égypte, et sont fréquemment l’objet de discriminations et de violence, en particulier lorsqu’il s’agit de Libyens convertis. La charia (loi islamique) étant la première source du droit, les autorités libyennes punissent sévèrement le prosélytisme et l’apostasie. Un Libyen musulman ne peut donc pas se convertir au christianisme sous peine d’être arrêté et traduit en justice, ou d’être harcelé par ses proches. En 2023, une dizaine de chrétiens, dont certains expatriés et d’autres simplement convertis, ont été arrêtés pour prosélytisme et apostasie. Les autorités ont aussi diffusé les vidéos de leurs aveux de conversion. 

4Ouzbékistan

Place publique de la vieille ville de Samarcande, en Ouzbékistan

En Ouzbékistan, 88% de la population est de confession musulmane, mais l’État est laïc. Si la Constitution prévoit la liberté de conscience pour les citoyens, le gouvernement ouzbek applique dans les faits des mesures extrêmement restrictives en la matière. Le droit d’importer de la littérature religieuse est interdit, tout comme le prosélytisme et l’instruction religieuse privée, quelle que soit la religion. Ultra-minoritaires, les chrétiens de cette république d’Asie centrale représentent un peu moins de 10% de la population, et la plupart sont orthodoxes. Selon le rapport sur la liberté religieuse 2023 de l’AED, ces communautés chrétiennes bénéficient d’une certaine liberté lorsqu’elles sont d’origine étrangère, tandis que les chrétiens ouzbeks de souche sont à l’inverse particulièrement malmenés. “Ils sont soumis à des pressions et des persécutions de la part de leurs proches et de la communauté au sens large”, indique en particulier le rapport. En 2021, l’État a adopté une loi censée améliorer la liberté religieuse dans le pays, mais les autorités continuent pourtant d’aller dans le sens d’un durcissement au nom de la lutte contre le radicalisme, sans distinction des confessions.

5Iran

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Messe de Noël à Téhéran (Iran).

La situation des chrétiens en Iran est complexe. Si la République islamique reconnaît les deux communautés historiques - chaldéenne et arménienne - et leur accorde une relative liberté de conscience, toute forme d’évangélisation est absolument interdite. Les chrétiens vivent donc entre eux, et le mariage entre chrétiens et musulmans est interdit par la loi, tout comme la conversion de citoyens iraniens au christianisme. Ceux-là sont donc condamnés à vivre leur foi dans la clandestinité. En juin 2024, l’ONG chrétienne iranienne Article 18 a annoncé la condamnation d’un chrétien arménien à 10 ans de prison pour prosélytisme, après avoir été arrêté avec plusieurs exemplaires de la Bible dans ses affaires. 

6Népal

Messe de Minuit à Katmandou, au Népal, le 24 décembre 2022.

La nouvelle Constitution du Népal de 2015 interdit expressément aux citoyens de se convertir ou d’engager des actions qui pourraient “compromettre les convictions religieuses d’autrui”. En particulier, le rapport de l’AED sur la liberté religieuse en 2023 indique que, dans la mesure où l’État népalais est chargé par le droit de protéger les traditions et coutumes hindoues, les minorités religieuses sont spécifiquement la cible de ces dispositions anti-conversion. Au Népal, les chrétiens ont donc théoriquement le droit d’exercer leur religion, comme le reste de la population qui est majoritairement hindoue. Mais le durcissement des mesures constitutionnelles et pénales les place dans une situation de grande vulnérabilité. À plusieurs reprises ces dernières années, les autorités ont arrêté et incarcéré des chrétiens pour prosélytisme. 

7Maldives

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Malé, capitale des Maldives.

La vie des chrétiens aux Maldives est bien loin de ressembler aux paysages paradisiaques qui font la renommée de cette destination ultra-touristique. Dans ce petit État aux milles îles du Pacifique, la liberté de religion n’existe pas : l’islam est la religion officielle et la loi est celle de la charia. Seuls les musulmans peuvent détenir la nationalité maldivienne. Qui plus est, tout prosélytisme autre qu’islamique est interdit par la loi de 1994 sur la protection de l’unité religieuse. Rapporté par l’AED, l’article 6 de cette loi "interdit de propager toute religion autre que l’islam ou de faire quoi que ce soit en vue de convertir quiconque à une religion autre que l’islam". "Il est également illégal d’afficher en public des symboles ou des slogans appartenant à une religion autre que l’islam, ou de susciter l’intérêt pour ceux-ci”, peut-on lire encore. Dans son rapport sur la liberté religieuse en 2023, l’AED rapporte aussi que, selon cette même loi de 1994, l’État interdit formellement à un Maldivien ou à un visiteur non-musulman, "d’exprimer publiquement leur foi de quelque manière que ce soit.” Si un touriste risque "seulement" l’expulsion, un Maldivien encourt entre deux et cinq ans de prison. Quant à la conversion au christianisme, elle peut valoir à ce dernier la perte de sa nationalité, voire une condamnation à mort. 

8Arabie Saoudite

Riyadh, capitale de l'Arabie Saoudite

En Arabie Saoudite, l’islam est la religion d’État et les autorités appliquent la loi islamique. Il faut également être musulman pour avoir la citoyenneté saoudienne, et professer une autre foi est interdit. De même, il n’existe aucun lieu de culte chrétien officiel qui soit autorisé, et les lieux de prières collectives au sein de la sphère privée sont davantage tolérés que réellement autorisés par la loi. Il est aussi interdit de tenter de convertir des musulmans et de blasphémer, sous peine de longues années de prison, voire de mort. La loi prévoit par ailleurs qu’un citoyen saoudien qui professe l’abandon de la religion musulmane pour la foi chrétienne peut être condamné à la peine capitale.

9Somalie

Mogadiscio, capitale de la Somalie

En Somalie, l’islam est la religion officielle dans ce pays divisé en plusieurs États. La République fédérale de Somalie reconnaît ainsi la charia comme la base du droit, tout comme le Somaliland, autonome mais non reconnu par le droit international. Dans ces deux zones où sévit le fondamentalisme islamique, les chrétiens sont souvent amenés à exercer leur foi en cachette. Il est aussi impossible d’évangéliser, puisque le prosélytisme est puni par la loi, tout comme la conversion à une autre foi que celle de l’islam. Si la liberté de croyance est reconnue dans certaines constitutions, elle n’est pas respectée en pratique puisque la charia, première source du droit en Somalie, interdit la conversion d’un musulman à une autre religion. 

10Soudan

Un souk de Khartoum, capitale du Soudan, le 28 octobre 2022

Au Soudan, les chrétiens subissent le joug d’un gouvernement autoritaire et d’une guerre civile qui ensanglante le pays depuis 2023. En 2021, un coup d’État a mis un terme aux efforts que le gouvernement avait pris en faveur des minorités religieuses, auparavant oppressées par le régime islamiste d’Al-Bachir. Alors que l’apostasie avait été décriminalisée par le gouvernement transitoire en 2020, les convertis de l’islam au christianisme continuent de subir des persécutions sociales et judiciaires. L’AED rapporte en particulier le cas de Nada et Hamouda, un couple d’anciens musulmans devenus chrétiens, dénoncés par leur famille en 2018. L’affaire est à ce jour toujours en cours, et pourrait valoir aux époux une condamnation à cent coups de fouet chacun si le tribunal applique la loi sur l’apostasie. 

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