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Aujourd’hui, c’est une prophétesse que nous découvrons avec la figure d’Anne qui passa sa vie entière en prière dans l’enceinte du Temple de Jérusalem… La prophétesse Anne – qu’il ne faut pas confondre avec l’épouse de Joachim et mère de la Vierge Marie – est fille de Phanuel et ne se trouve mentionnée dans la Bible qu’au seul Évangile de Luc. Fêtée le 3 février, cette sainte chrétienne sera l’auteur d’une prophétie déterminante en lien avec le prophète Syméon.
La Présentation au Temple
Luc nous apprend en effet qu’Anne faisait partie de la tribu d’Aser, l’une des douze tribus d’Israël. Cette femme pieuse était veuve et avait déjà un âge très avancé, quatre-vingt-quatre ans précise la Bible. Elle demeurait nuit et au jour dans le Temple et passait son temps dans le jeûne et la prière. Or, Anne se trouvait là au temps où Marie et Joseph vinrent présenter Jésus au Temple selon les prescriptions rituelles de cette époque. Effectivement, la tradition juive suivant la Loi de Moïse impose de racheter tout premier-né masculin à Dieu, une loi encore observée de nos jours et dont on a retrouvé des équivalents dans un grand nombre de religions primitives.
La Prophétie
Alors que les parents de Jésus étaient venus, poursuit Luc dans son Évangile, pour offrir leur sacrifice qui en l’espèce consistait en un couple de tourterelles ou deux petites colombes, Anne "proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem" (Lc 2,38). Anne la prophétesse annonça alors, avec Syméon, le rôle messianique de Jésus venu pour délivrer Jérusalem de tous ses maux, le Messie tant attendu alors. La Bible ne nous en dit pas plus sur la vie de ce personnage prophétique, seuls les apocryphes seront plus diserts – mais non reconnus par la tradition écrite de l’Église - et rapprocheront Anne la Prophétesse d’Anne, mère de Marie, dont elle serait née de manière miraculeuse par la cuisse de son père, le roi Phanuel…
Anne vue par les artistes
Si la Bible demeure également silencieuse sur la suite de la vie d’Anne, les artistes fort heureusement combleront cette lacune. Viennent en effet à l’esprit les inoubliables tableaux peints par Rembrandt de la prophétesse. Le célèbre peintre néerlandais du XVIIe s. représentera à plusieurs reprises Anne, semble-t-il, sous les traits de sa propre mère ! Retenons aujourd’hui celui du Rijksmuseum d’Amsterdam ; ce tableau est particulièrement empreint d’une profonde piété, celle qui caractérise la prophétesse représentée ici par l’artiste en train de méditer les Saintes Écritures et la venue du Christ. Sur un fond sombre, la douce lumière éclaire l’imposant livre de la Bible, ouvrage précieusement tenu entre les mains d’Anne penchée avec recueillement sur les Saintes Écritures qu’elle lit avec attention. Si nous retrouvons le goût de Rembrandt pour ces détails soignés des vêtements précieux, notamment la pelisse bordeaux ou encore la coiffe soignée du personnage, l’essentiel ne réside cependant pas là : seul le dialogue silencieux entre la vieille femme et la Bible importe, une méditation aussi intime que puissante et que l’artiste parvient à rendre avec une rare sensibilité.