À quelques kilomètres de Rome, entre les villes de Palestrina et Tivoli, s'étendent les montagnes Prenestini, qui abritent l'un des plus anciens sites mariaux d'Europe. En empruntant une route sinueuse et vertigineuse, on accède au sanctuaire Notre-Dame de Grâces de Mentorella. L’histoire de ses origines n’est pas totalement connue, mais selon la légende dorée racontée par Jacques de Voragine, à prendre avec des pincettes, la conversion au christianisme de saint Eustache, un général romain du Ier siècle, aurait eut lieu ici après une apparition de Jésus-Christ sous la forme d'un cerf.
Eustache et sa famille ont été faits martyrs sur ordre de l'empereur Hadrien, et ce sanctuaire aurait été érigé en leur honneur au sommet d’un rocher. D’autres récits attribuent la fondation du lieu à l’empereur Constantin, touché par l’histoire de la conversion et du martyre de saint Eustache, ou encore à saint Benoît de Nursie, qui se serait converti ici et se serait installé dans la grotte rocheuse, le choisissant comme ermitage.
Une redécouverte au XVIIe siècle
Toujours est-il qu’au XVIIe siècle, le père Athanasius Kircher, jésuite et érudit allemand, redécouvre le sanctuaire de Mentorella et affirme qu’il s’agit de l’un des douze monastères fondés précisément par saint Benoît. Il entreprend sa reconstruction et ravive la dévotion à Notre-Dame de Mentorella. Plus tard, le sanctuaire passe sous la direction des pères jésuites, mais la suppression de leur ordre en 1773 entraîne un déclin de l'intérêt pour Mentorella et une détérioration des lieux. En 1857, le pape Pie IX en confie la garde aux Résurrectionnistes.
"Mentorella est un lieu où l'homme s'ouvre à Dieu d'une manière particulière", déclarait Karol Wojtyla à l’aube de son pontificat. Le pape Jean Paul II a confié à plusieurs reprises que ce lieu l'avait beaucoup aidé dans sa prière. Il avait découvert ce sanctuaire alors qu’il est encore cardinal, en 1965 durant Concile Vatican II, et y retourne régulièrement, au moins une fois par an, y effectuant au total trente visites. Il y a également séjourné avant son élection au siège de saint Pierre, partant de ce lieu pour rejoindre le conclave, et y revenant sous le nom de Jean Paul II pour confier son pontificat à Notre-Dame des Grâces. Il y a effectué plusieurs visites privées par la suite, consacrant son temps sur place à la prière et aux randonnées dans les montagnes environnantes.
Aujourd’hui, le sanctuaire conserve de nombreux souvenirs des visites du pontife, des objets personnels, une statue en bronze le représentant à l'entrée de l'église, des photographies exposées dans l’une des salles du rez-de-chaussée du monastère, ainsi qu’un sentier de montagne baptisé en son honneur "Sentiero Karol Wojtyla".
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