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Une des facettes les plus édifiantes du génie de saint François d'Assise est de concilier la pauvreté évangélique avec l'obéissance à l'Église et à ses ministres. Cette obéissance ne va pas de soi en son temps. Notamment en raison des abus et des scandales qui secouent l'institution ecclésiastique : richesses, licence des mœurs, collusion avec les pouvoirs seigneuriaux… Or, au lieu de se rebeller contre l'Église, François entreprend de la réformer de l’intérieur par l'exemple de la pauvreté.
Et la tentation à laquelle il persuade ses disciples de résister n'est pas mince. D’ailleurs, nous le savons, des courants issus de son mouvement y succomberont. Pensez aux fratricelles, ces sectes provenant du parti des "spirituels" franciscains qui s’opposeront à la hiérarchie ecclésiastique et verseront dans l'hérésie.
À cet égard, il ne faut pas nier qu'il a toujours existé une tension entre hiérarchie et pauvreté au sein de certains mouvements d'Église, comme entre charismes et ministères. Le génie de saint François consiste précisément à revenir à l'évangile le plus pur tout en continuant à honorer la dimension pétrinienne de l'Église, c'est-à-dire la hiérarchie. Il demande à ses disciples de respecter non seulement le Corps eucharistique du Christ mais aussi ceux qui en sont les intendants, c’est-à-dire les prêtres.
Une pauvreté toute imprégnée de joie
Un deuxième aspect de son génie est de concilier la dévotion à la pauvreté et aux souffrances du Christ avec la toute-puissance et la transcendance de Dieu. Le premier stigmatisé de l’histoire de l’Église sera aussi celui qui célébra le Créateur avec son Cantique des créatures. Enfin, saint François apprend à ses disciples à ne jamais épouser les thèses du dualisme qui visent à déprécier la Création et les créatures pour magnifier le Créateur.
L'accent mis sur la pauvreté et l'ascèse ne l'empêche jamais d'aimer le monde d'ici-bas. Là encore, il nous offre une précieuse leçon sur la manière de concilier le respect des créatures et celui du Créateur. De la même façon, dans le prolongement de cette synthèse, la pauvreté et l'ascèse qui lui est liée, et dont il fait les marqueurs principaux de son mouvement, sont chez François d’Assise un motif de joie. Et de fait, son ascèse est toujours associée à la louange.
