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Un visage rond, des yeux cerclés d’épaisses lunettes noires et un sourire empreint de douceur et de volonté. Quand on regarde les images de Marcel Callo (1921 – 1944), sa physionomie laisse imaginer quelqu’un de joyeux et de confiance, quelqu’un dont la vie serait presque un long fleuve tranquille. Difficile alors de deviner le destin qui lui sera réservé.
Originaire de Rennes, ce scout et membre de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) est mort dans le camp de concentration de Mauthausen (Autriche) en 1945. Ce 4 octobre 2024 marque le 37e anniversaire sa béatification célébrée par saint Jean Paul II en 1987. "Marcel Callo n'est pas arrivé tout seul à la perfection évangélique", avait rappelé pour l’occasion Jean Paul II. "Une famille modeste, profondément chrétienne, l'a porté. Le scoutisme, puis la JOC ont pris le relais. Nourri par la prière, les sacrements et une action apostolique réfléchie selon la pédagogie de ces mouvements, il a construit l'Église avec ses frères, les jeunes travailleurs chrétiens." Avant de conclure : "C'est en Église que l'on devient chrétien, et c'est avec l'Église que l'on construit une humanité nouvelle."
Un apôtre de la fraternité
Depuis plus de quarante ans, Marcel Callo fait partie de ces figures que l’Église met en avant. Le 31 mars 1985, Jean Paul II écrivit une lettre aux jeunes. Il venait de lancer les Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) qui, pour la première fois, se dérouleront à Buenos Aires, en Argentine, en avril 1987. Jean Paul II cherchait alors un jeune du XXe siècle, qu’il pourrait donner en exemple aux jeunes catholiques du monde entier. Il en fit part à Mgr Jacques Jullien, alors archevêque de Rennes. Ce dernier lui parla de Marcel Callo, un jeune Français arrêté à 22 ans par la Gestapo au motif qu’il était "trop catholique". De quoi enthousiasmer le pape polonais qui le béatifiera par la suite.
Car oui, Marcel a beaucoup à dire aux jeunes aujourd’hui. Membre de JOC en Bretagne, il est fiancé à une jeune fille qui appartient au mouvement. Réquisitionné, en 1943, par l'occupant allemand pour le Service du travail obligatoire (STO), il part en Allemagne. Sur place, décidant de ne pas subir, il choisit de se comporter en missionnaire afin d’aider ses frères jocistes'. Souffrant du froid, mal nourri, il enchaîne les heures dans une usine. Puisant sans cesse sa force dans sa foi au Christ, il fédère un groupe autour de lui et sympathise avec un prêtre s’exprimant en français qui leur permet d’assister à la messe. Mais la gestapo craignant cette 'action catholique' décide d’arrêter Marcel Callo. Il est déporté à Mathausen. Soumis à la soif, la faim et battu, il travaille dans une usine souterraine. "Dans ce qui pourrait être le désespoir, sa foi ne cesse de grandir en espérance et en charité. Il la partage avec d'autres prisonniers", précise le diocèse de Rennes. "Bientôt, à bout de forces, il est envoyé à l'infirmerie, à deux pas du four crématoire. Là, il continuera de soutenir ses compagnons de misère, jusqu'au bout, alors que lui-même se meurt de dénutrition, de tuberculose et de dysenterie."
Marcel Callo a également été largement cité par le pape François dans son exhortation apostolique Christus vivit parue en 2019. "Il fut emprisonné en Autriche dans un camp de concentration, où il réconfortait dans la foi ses compagnons de captivité, au milieu de durs travaux", y écrit-t-il. Il est par la suite désigné comme l’une des treize figures de l’Église catholique retenues comme modèle pour les jeunes à l’occasion des JMJ de Lisbonne en 2023. L’occasion est trop belle pour le diocèse de Rennes qui décide de profiter de l’occasion pour faire connaître Marcel aux jeunes du monde entier. Plusieurs animations sont proposées autour de sa figure, dont le fameux spectacle "Le trésor de Marcel" qui rencontre un succès fulgurant ! Au total, quelque 10.000 jeunes y auront assistés. Interrogé à cette occasion, le père Nicolas Guillou, curé de la paroisse rennaise où vécut le bienheureux français, estime que Marcel Callo peut aujourd’hui "guider les jeunes dans leur engagement pour l’Église, à la suite du Christ, avec un désir de laisser le Christ rentrer dans leur vie". Et ce dernier d’inviter les jeunes à relire les lettres de Marcel Callo à sa fiancée Marguerite, des textes "de toute beauté" et chargés de densité spirituelle.
Et l’aventure n’est pas finie. L’association Silo qui a mis en scène le spectacle "Le trésor de Marcel" continue sa course. Le diocèse de Rennes organise les 25, 26 et 27 octobre à Rennes le Festival Marcel Callo avec trois représentations du spectacle musical. Véritable "apôtre de la fraternité", Marcel Callo a eu toute sa vie une "parole sensible et amicale est habitée par l’amitié du Christ", a confié à Aleteia Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et auteur du livre Entre les mains du Christ, Marcel Callo, apôtre de la fraternité, "Taquin, volontaire et vif, Marcel est proche de chacun. Il semble avoir entendu le fameux propos de Jean Paul II : "Ouvrez toutes grandes les portes au Christ !"". Des portes et des fenêtres que Marcel Callo compte certainement bien dégonder pour permettre aux jeunes d'aujourd'hui de se laisser à leur tour aimer et conduire par le Christ.