Il est urgent de présenter à nouveau Marcel Callo aux jeunes. L’archevêque de Lisbonne l’a donné comme saint patron aux jeunes francophones qui viendront aux Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne début août 2023. Pendant ces JMJ, l’église du Sacré-Cœur à Lisbonne sera consacrée au bienheureux Marcel Callo. Tout jeune pourra le découvrir. Le livre Entre les mains du Christ. Marcel Callo, apôtre de la fraternité est publié pour ces JMJ. Il donne la parole à Marcel.
Effectivement, il a envoyé de nombreuses lettres. 170 nous sont parvenues. Il les a écrites en l’espace de treize mois, alors âgé de 21-22 ans. Avec affection et simplicité, il s’adresse à sa famille, à son frère Jean, à sa fiancée. "Ce sont ses lettres qui parlent", s’est exclamé son frère Jean qui fut prêtre du diocèse de Rennes et que j’ai bien connu. En un style direct et familier, Marcel s’y livre en vérité, n’ayant jamais eu l’idée que ses missives pourraient un jour être publiées !
« Je pars comme missionnaire »
Marcel est lié à la ville de Rennes : il y a passé ses vingt-et-une premières années. De fait, quand je suis arrivé à Rennes où le pape Benoît XVI m’a nommé, j’ai vite perçu combien Marcel était vivant, avec sa joie et son amour du Christ. Certes, il quitta Rennes pour ne plus jamais y revenir malgré son vif désir de revoir sa chère ville. Oui, sa vie bascula au creux de la Seconde Guerre mondiale. Il a été réquisitionné pour aller travailler en Allemagne au service des nazis. C’est ainsi qu’il quitta Rennes le 19 mars 1943. Il expliqua ainsi son départ : "Je pars comme missionnaire." Marcel exprime là le fond de son âme. Il en mourra à 23 ans !
Sa famille, surtout sa mère, son frère Jean et l’une de ses sœurs, Marie-Thérèse, ainsi que certains de ses camarades laissèrent leurs témoignages sur Marcel. Sa fiancée, qu’il aima avec passion, fut aussi un témoin privilégié. Avec les témoignages de celles et ceux qui l’ont connu, ses cent soixante-dix lettres constituent un précieux trésor pour le connaître de l’intérieur. En son ordinaire vie, quelque chose d’extraordinaire se dévoile : l’amitié du Christ.
Engagé dans la nouveauté de l’Église
Depuis plus de quarante ans, l’Église — par les papes Jean-Paul II et François — donne en exemple Marcel Callo. Le 31 mars 1985, Jean-Paul II écrivit une lettre aux jeunes. Il venait de lancer les Journées mondiales de la Jeunesse qui, pour la première fois, se dérouleront à Buenos Aires, en Argentine, en avril 1987. Jean-Paul II cherchait alors un jeune du XXe siècle, qu’il pourrait donner en exemple aux jeunes catholiques du monde entier. Il en fit part à Mgr Jacques Jullien, alors archevêque de Rennes. Ce dernier lui parla de Marcel Callo, un jeune Français arrêté à 22 ans par la Gestapo au motif qu’il était "trop catholique". De quoi enthousiasmer le pape polonais !
Mais qui est ce Marcel né à Rennes le 6 décembre 1921 ? Un jeune qui n’hésita pas à s’engager dans la nouveauté de l’Église pour se forger une vie spirituelle authentique. Effectivement, il participa à trois mouvements qui, à l’époque, étaient nouveaux : la Croisade eucharistique créée en 1922, ancêtre du Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) ; les Scouts de France créé en 1920 (Marcel fut scout dès 1933 dans la première patrouille venant d’être suscitée à Rennes) ; la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) créée en France en 1927 (Marcel y entra en 1935).
Une vie chrétienne intégrale
Grâce à ces mouvements proposant chacun une vie chrétienne intégrale, Marcel est fortifié année après année dans sa relation au Christ. Il est devenu pour lui un "Ami qui ne le quitte jamais". Inspiré par la JOC, il est naturellement "missionnaire". Parti en Allemagne, avec bon nombre de ses camarades jocistes, il opposa au nazisme une résistance spirituelle chrétienne explicite.
Marcel nous encourage, chacun selon sa vocation, à devenir "disciple-missionnaire" dans les circonstances actuelles de notre époque.
Cela a convaincu le pape polonais qu’il était mort martyr ! Trente-quatre ans après la lettre de Jean-Paul II, le pape François s’est lui aussi adressé aux jeunes. Le 19 mars 2019, il leur a écrit une lettre : son exhortation Christus vivit (Il est vivant, le Christ !). Dans cette lettre, il leur donne en exemple douze "jeunes saints". Parmi eux, le bienheureux Marcel Callo. Ce jeune est en effet le type même du "disciple-missionnaire" que le pape François a décrit dans son premier écrit La joie de l’Évangile. Disciple-missionnaire, Marcel l’a été dans les circonstances de son temps, difficiles et effroyables. Il l’a été au travail en puisant sa force dans la prière et dans l’Eucharistie. Il nous encourage, chacun selon sa vocation, à devenir "disciple-missionnaire" dans les circonstances actuelles de notre époque.
Habité par l’amitié du Christ
Apôtre de la fraternité, Marcel l’a été à Rennes puis en Allemagne et enfin en Autriche. Jeune président de la section jociste de sa paroisse à Rennes, il explique à ses jocistes que tout homme est un "frère". Il se montre apôtre de la fraternité face à ses bourreaux dans le camp de concentration de Mauthausen où il mourut le 19 mars 1945 à 14h55. Fiancé, Marcel dévoile sa haute conception de l’amour entre l’homme et la femme. Il aima Marguerite Derniaux avec laquelle il rêva de fonder "un chic foyer chrétien" où le Christ aurait "la première place". Par son simple témoignage, il exhorte les jeunes chrétiens à se préparer pour s’engager vraiment sur la voie si magnifique du mariage.
Au long des pages de Entre les mains du Christ, chacun peut écouter Marcel. Sa parole sensible et amicale est habitée par l’amitié du Christ. Taquin, volontaire et vif, Marcel est proche de chacun. Il semble avoir entendu le fameux propos de Jean-Paul II : "Ouvrez toutes grandes les portes au Christ !" Il nous le fait réentendre aujourd’hui pour les JMJ de Lisbonne.
Pratique :