Certains Français, notamment des catholiques, déplorent que le pape François n’envisage pas de venir inaugurer la restauration de Notre-Dame de Paris le 8 décembre prochain… Mais que devrait-il y faire et qu’aurait-il à dire à la France d’aujourd’hui ? C’est vrai, le pape François n’a pas donné suite à l’invitation que lui a faite Emmanuel Macron de venir présider la messe du 8 décembre à Notre-Dame de Paris, pour la réouverture de la cathédrale après l’incendie tragique qui a manqué de la détruire.
D’autres priorités
« Je n'irai pas à Paris », a répété le pape de retour de Singapour. « Le pape François boude la France, malgré l’espoir entretenu chez les catholiques français », écrit un éditorialiste qui compare les mots du Saint-Père à la chanson de Jacques Brel sur Vesoul et… Pigalle. Cependant, avec l’Église catholique, cette réalité universelle d’1,3 milliard de fidèles à travers le monde, le pape François a peut-être d’autres priorités que d’assister aux discours de certains dirigeants français : aujourd’hui, à l’âge de 87 ans, le Saint-Père consacre ses dernières forces à l’évangélisation de l’Extrême-Orient. Après la Mongolie, l’Indonésie et Singapour ces derniers jours, aux portes de la Chine, François se rend là où d’immenses potentialités laissent espérer un développement du christianisme.
En outre, il est prévu que le pape se consacre surtout, non pas à l’inauguration d’une cathédrale, si vénérable soit-elle, mais à la conclusion d’un grand synode pastoral sur l’avenir de l’Église tout entière, avec des représentants de tous les continents. Faut-il rappeler que, comme lecteur enthousiaste d’un écrivain catholique français visionnaire, l’exigeant Léon Bloy, auteur du célèbre Sang du pauvre, et comme continuateur de l’élan apostolique de Paul VI, qui fut un homme de Dieu francophone et francophile, le pape François — quoique peu francophone — n’est pas un ennemi de la France, comme on l’a vu à Marseille…
Mais, dans sa double spiritualité ignatienne et franciscaine, il met l’accent sur les priorités de l’Église dans sa mission d’évangélisation, avec deux aspects principaux, le souci des pauvres et la défense de la Nature œuvre de Dieu le Créateur du monde. C’est pourquoi, il se soucie d’abord des pays de la misère, comme par exemple l’Amazonie soumise à un saccage écologique et livrée à un esclavagisme abominable peu connu en France…
Une prudente réserve
Sans « bouder » qui ce soit au pays des coqs gaulois, le pape François ne peut-il pas se sentir tenu à une prudente réserve, malgré les amabilités extérieures que lui prodigue le président Emmanuel Macron ? Ces derniers temps, dans notre « doulce France », de nombreux ténors, médiatiques et autres, auront insulté et offensé les derniers papes, de Paul VI à partir de 1968 à Benoît XVI et François, par-delà la popularité conquise pour un temps par Jean Paul II. Faut-il ajouter à ces récentes attitudes la répétition de baisers de Judas « diplomatiques » vis-à-vis du pape, si on n’écoute guère ses appels et ses mises en garde ?