La fin d'un mystère ? Le sarcophage qui avait été trouvé en 2022 lors de fouilles archéologiques sous la cathédrale Notre-Dame de Paris a été identifié comme étant celui de Joachim du Bellay. L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) a dévoilé ce mardi 17 septembre de nouvelles avancées sur les recherches archéologiques débutées après l'incendie de la cathédrale, sous la croisée du transept. En 2022, huit sépultures avaient été découvertes, dont deux cercueils plombés, laissant donc à penser que leurs occupants étaient tous deux dépositaires d'un statut particulier. Le premier avait été identifié facilement, grâce à l'épitaphe, comme celui d'un chanoine, nommé Antoine de La Porte, notable qui participa à la restauration de la clôture du chœur de Notre-Dame. Le second, anonyme, posait davantage de difficultés.
Les chercheurs avaient nommé le squelette "le cavalier" en raison de sa déformation liée à une pratique manifestement très intense de l'équitation. Il était par ailleurs établi que le défunt avait contracté une "méningite chronique tuberculeuse au XVIe siècle", causant sa mort à l'âge d'environ 40 ans, et que son cercueil avait déjà fait l'objet d'un déplacement pour occuper une nouvelle place dans la cathédrale.
Rien de très étonnant, puisque l'on savait déjà que c'est dans le ventre de la Vieille Dame que le poète avait été inhumé, et plus précisément dans la chapelle Saint-Crépin, avant que son cercueil ne soit déplacé. "Il reste des doutes", a tempéré Christophe Besnier, un des responsables des fouilles à Notre-Dame, citant notamment "l'analyse des isotopes" qui "montre qu'on est face à une personne qui a vécu en région parisienne ou dans la région Rhône-Alpes jusqu'à ses dix ans".
Chanoine de Notre-Dame, Joachim du Bellay était aussi le neveu du cardinal Jean du Bellay, ancien évêque de Paris et doyen du sacré collège à Rome. Trois ans avant sa mort en 1560, du Bellay a logé rue du Cloître chez un de ses amis. C'est ensuite rue Massillon où l'on peut voir encore aujourd'hui une plaque commémorative que le poète a vécu ses derniers instants : frappé d'une apoplexie, on dit qu'il est mort sur sa table de travail, en écrivant des vers.
Une centaine de sépultures retrouvées
Depuis cinq ans, une cinquantaine de spécialistes œuvrent lors de ces fouilles inédites, qui ont permis de retrouver environ 100 sépultures. Celles qui ont été étudiées révèlent sans surprise une majorité d'individus masculins, généralement âgés, à l'exception d'une femme dont on ignore pour le moment l'identité. D'autres vestiges découverts attestent de l'existence d'une habitation datant du IIIe siècle après Jésus Christ, d'un ancien jubé et même d'une église romane antérieure à la fondation de Notre-Dame de Paris. Celle-ci n'a semble-t-il pas fini de dévoiler au monde les trésors qu'elle recèle.