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Les églises disparues de l’île de la Cité

Vue aérienne de la cathédrale et de l'Hôtel-Dieu sur l'île de la Cité, 2019.

Cécile Séveirac - publié le 25/08/24
L'île de la Cité est un quartier emblématique de Paris, pour ne pas dire incontournable. C'est sur cet îlot étreint par les deux bras de la Seine que l'on peut admirer deux joyaux religieux que sont Notre-Dame et la Sainte-Chapelle. Pendant longtemps pourtant, ces églises n'étaient pas les seules de l'île de la Cité : on en comptait au total 23.

"Paris est né, comme on sait, dans cette vieille île de la Cité qui a la forme d'un berceau. La grève de cette île fut sa première enceinte, la Seine son premier fossé", écrit Victor Hugo dans son roman Notre-Dame de Paris. Sur cette vieille île que l'on désignait dès le XIIe siècle comme "la tête, le cœur et la moelle de Paris", demeurent cachés bien des secrets qui racontent à mots couverts l'histoire de la capitale. Ainsi, si cette dernière compte au total 139 églises et chapelles, l'île de la Cité en a longtemps abrité à elle seule 23. Aujourd'hui, ne demeurent que Notre-Dame de Paris, la chapelle Saint-Louis et une autre chapelle méconnue, dédiée à Saint-Aignan. Toutes les autres ont été détruites !

Ces églises étaient chacune affiliées à un quartier de l'île de la Cité. Elles étaient généralement de petite taille et surtout modestes, certaines ne possédant que deux pièces, et n'avaient pas de cimetière. Les paroisses qu'elles servaient regroupaient seulement une dizaine de maisons. Rien qu'autour de la somptueuse Notre-Dame se trouvaient huit églises : Saint-Denys-du-Pas, Sainte-Madeleine, Saint-Pierre-aux-Bœufs, Saint-Barthélemy, Saint-Germain-le-Vieux, Sainte-Geneviève-la-Petite… Il est possible de les apercevoir sur le plan de Truschet et Hoyau, datant de 1552, et au moins cinq d'entre elles sont visibles sur ce qui est actuellement le parvis de la somptueuse Notre-Dame.

Extrait du Plan de Bâle représentant Paris, 1553.

Bouleversements haussmaniens

C'est au milieu du XIXe siècle que ces églises sont amenées à disparaître, lorsque Napoléon III, revenu de Londres en 1848, décide de transformer Paris pour la faire ressembler aux quartiers ouest de la capitale anglaise. "Paris est bien le cœur de la France", estime-t-il alors, "mettons tous nos efforts à embellir cette grande cité, à améliorer le sort de ses habitants. Ouvrons de nouvelles rues, assainissons les quartiers populaires qui manquent d'air et de jour, et que la lumière bienfaisante du soleil pénètre partout dans nos murs." L'homme qui s'occupe de cette transformation est aujourd'hui bien connu des Français et surtout des Parisiens. Georges Eugène Haussmann est préfet de Gironde et s'est déjà occupé de rafraîchir la ville de Bordeaux lorsque Napoléon III lui confie Paris. Le baron Haussmann passe donc préfet de la Seine en 1853. Sa mission : "embellir Paris". Vaste programme ! Mais le baron n'a peur de rien, et il l'a déjà promis à l'empereur : "La capitale de l'Empire sera la capitale du monde, et la Rome d'Auguste n'aura pas eu plus de splendeur comparable au Paris de Napoléon III." Voilà qui est dit.

L'île de la Cité est au cœur de ces réaménagements. Entre le palais de Justice et Notre-Dame, des centaines de maisons sont rasées, et les églises ne sont pas épargnées. À leur place, Haussmann fait construire, entre autres, une préfecture de police et un tribunal de commerce. Seule subsistera la petite chapelle Saint-Aignan, située dans la partie est de l'île de la Cité. Bâtie en 1116 - avant Notre-Dame ! - par Étienne de Garlande, évêque d'Orléans et chancelier du roi Louis VI le Gros, ses vestiges romans sont particulièrement exceptionnels à Paris, derniers témoins de ce XIIIe siècle médiéval. Saint Bernard en personne y serait venu pour prier, et elle fut le refuge de prêtres réfractaires sous la Terreur. Désormais propriété du diocèse de Paris, la messe y est célébrée tous les jours, en privé.

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