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Les étonnants bénitiers marins de Saint-Sulpice, à Paris

Bénitier dans l'église Saint Sulpice â Paris

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Sophie Roubertie - publié le 16/06/24
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Un étonnant décor marin, c’est la surprise que réservent aux visiteurs les bénitiers de l’église Saint-Sulpice, située dans le VIe arrondissement de Paris.

Bénitier, c’est le nom du vase ou du bassin contenant l’eau bénite à l’entrée des églises. Mais c’est aussi celui du plus grand coquillage du monde, qu’on ne trouve ni dans la mer Méditerranée, ni dans l’océan Atlantique. Celui qui s’appelle aussi le tridacne géant vit essentiellement dans l’océan Indien et l’océan Pacifique. Alors, pourquoi bénitier ? Parce que, dès la Renaissance, les explorateurs émerveillés par ces énormes créatures, les ont rapportés en Europe pour servir essentiellement… de bénitiers. Leur taille maximale est vraiment imposante, la coquille pouvant mesurer jusqu’à 1,50 mètre et peser 250 kg. Des animaux exceptionnels, dont la longévité peut aller au-delà de cent ans. On imagine bien le caractère hors du commun d’objets réalisés avec des coquilles de cette envergure.

Une histoire prestigieuse

Deux bénitiers présents dans l’église Saint-Sulpice sont faits à partir de ces coquillages. Ils ne sont pas arrivés par hasard en France. Offerts par la république de Venise à François Ier, il s’agissait d’un cadeau diplomatique fastueux. Ce ne sont pas les seuls tridacnes à servir de bénitier. Plusieurs églises en sont les dépositaires, comme Saint-Etienne-du-Mont à Paris. 

L'un des deux bénitiers de l'Église Saint-Sulpice de Paris, offerts à François Ier par la république de Venise.

Leur histoire ne s’arrête pas au trésor royal, mais croise celle de l’église Saint-Sulpice, située au cœur du quartier latin. Pour remplacer l’église médiévale trop petite, un nouvel édifice avait été édifié petit à petit au XVIIe siècle. Pendant quarante ans, les travaux de reconstruction de l’église Saint-Sulpice avaient été arrêtés faute d’argent. L’énergique curé, l’abbé Jean-Baptiste Languet de Gergy, nommé en 1714, avait pris les choses en main à l’époque, contribuant à la poursuite des travaux de construction de l’église actuelle. Il secoue ses paroissiens, obtient des dons importants. L’autorisation de créer une loterie lui est accordée, afin de financer les travaux. Cette loterie est renouvelée pendant vingt-cinq ans. Une durée exceptionnelle qui permet de récupérer des sommes élevées. Les travaux sont suffisamment avancés en 1745 pour que l’église soit considérée comme close et puisse être consacrée. 

À cette date, Louis XV fait cadeau des bénitiers au curé de Saint-Sulpice. Entretemps, la réalisation des socles en marbre a été confiée au sculpteur Jean-Baptiste Pigalle. Le résultat est un étonnant hommage à la Création, qui évoque l’univers marin. Une pieuvre est sculptée sur un des bénitiers et un crabe pour l’autre. Des algues viennent compléter le décor qui évoque la vie marine. Les grands bénitiers embellissent depuis lors l’église Saint-Sulpice qui reste, encore de nos jours, la plus vaste de Paris. Les bénitiers sont enlevés de l’église en 1793, mais retrouvent leur place dès 1802. Et cela fait désormais plus de deux cents ans qu’ils ne l'ont plus quittée !

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