La place Saint-Sulpice est ensoleillée et sur ses pavés se côtoient deux mondes : autour de sa grande fontaine vide, les touristes et amateurs de vide-grenier venus chiner et faire des affaires; au pied de son imposante église, un curieux attroupement autour de statues, constitué de pèlerins, d'artisans et de pompiers. Ce dimanche 15 septembre se concluait le pèlerinage des 7 routes de Notre-Dame : débuté le 28 juillet, il a rassemblé quelque 2.000 catholiques sur sept routes de France avant de s'achever devant l'église de Saint-Sulpice. Devant les marches de l'édifice trônent sept statues : saint Michel, sainte Anne, saint Roch, sainte Barbe, saint Martin, sainte Jeanne d'Arc et sainte Geneviève. Toutes ont fait la route jusqu'à Paris et trois d'entre elles ont été choisies pour être offertes à ceux qui ont contribué au sauvetage et au relèvement de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Car c'est bien elle, Notre-Dame, la raison d'être de ce pèlerinage inédit. "Célébrer, remercier, et prier : célébrer la restauration de Notre-Dame, remercier tous ceux qui ont participé à son relèvement, et prier pour la France", expliquait ainsi à Aleteia Ghislaine Douillet, organisatrice et responsable de la route au départ de Notre-Dame de Fourvière, lors du lancement du pèlerinage.
"Ce lundi Saint de 2019, nous avons été atterrés, profondément choqués, de voir les flammes dévorer ce lieu spirituel si puissant", se souvient ainsi Béatrice, responsable et présidente du pèlerinage. "Le Ciel était sur Terre pour vaincre l'incendie et nous montrer que tout était possible, à condition de s'en donner les moyens. Ces moyens, ce sont les pompiers de Paris que nous admirons tous", poursuit-elle sous les applaudissements nourris. "Votre courage nous inspire, votre dévouement nous touche, et votre humanité nous réchauffe." Pour remercier la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris, dont les effectifs ont lutté toute la nuit contre les flammes au péril de leur vie, la statue de sainte Barbe est remise à des représentants. Parmi eux, le capitaine Alexis, engagé sur le feu de Notre-Dame le 15 avril 2019. "C'est un magnifique témoignage de la gratitude de toute cette communauté chrétienne que représentent ceux qui sont présents aujourd'hui", témoigne-t-il auprès d'Aleteia. "Tous les sapeurs-pompiers connaissent sainte Barbe, que l'on célèbre tous les ans, et l'ont un peu dans un coin de leur tête ou de leur coeur. C'est donc extrêmement symbolique." La statue devrait être installée dans les bâtiments de l'école de formation située à Valentin (94), complète l'abbé Gaëtan de Bodard, aumônier de la BSPP, ou dans l'état-major.
Un pèlerinage unique
Après ceux qui ont empêché la Vieille Dame de s'effondrer, viennent ceux qui l'ont relevée, pierre après pierre, poutre après poutre. En premier chef, les charpentiers, qui ont "redonné à la cathédrale cet abri qui offre cet espace sacré et protecteur pour les fidèles (...) et qui ont permis ce relais avec notre passé, ces repères qui nous connectent à nos racines", rappelle Béatrice. C'est Romain Renaud qui représente la profession et se voit remettre la statue de saint Joseph. Fervent catholique, il travaille depuis deux ans à temps plein sur le chantier de Notre-Dame et ne cache pas sa fierté. "C'était un travail de titan", reconnaît-il. "Choeur, nef et transept ont nécessité 2.600 chênes, soit près de 800 tonnes de bois. Je dis volontiers que c'est le chantier de ma vie, sur 25 ans de carrière. C'est inoubliable. On a donné tout ce qu'on avait." S'il n'a pas pu faire le pèlerinage, Romain l'assure : "Cette statue ne constitue pas le point final de cette aventure, elle va pèleriner à d'autres occasions comme à Chartres".
Malgré l'engouement suscité par le pèlerinage, l'organisation est formelle, pas de nouvelle édition prévue l'an prochain : "L'objectif était vraiment de créer ce pèlerinage pour la réouverture de Notre-Dame, donc c'est un événement unique", explique ainsi Jeanne Neviaski. "Mais il a été une grande source de joie et de ferveur."