Beyrouth. Les images sont impressionnantes et révèlent cette ferveur si caractéristique du Liban. Au milieu d'une foule dense, une châsse de verre dans laquelle repose un corps intact, revêtu du rouge cardinalice, se dirige vers la cathédrale Saint-Grégoire-l’Illuminateur et du prophète Saint-Élie des arméniens-catholiques. Il s'agit de la dépouille du patriarche de Cilicie Grégoire Pierre XV Agagianian. Initialement enterrée à Rome dans l'église arménienne Saint-Nicolas de Tolentino, elle a été rapatriée le 12 septembre, 50 ans après la mort du cardinal, déclaré serviteur de Dieu.
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Porté en procession par des membres de toutes les confessions libanaises, le corps a été de nouveau inhumé dans un sépulcre spécialement construit pour l'occasion, en présence du Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati. "Ce patriarche humble et rempli d’amour pour l’humanité, en particulier pour les nécessiteux, les pauvres, les malades et les sans-abri, qui a œuvré à la fondation d’écoles, d’associations et d’orphelinats, aimait le Liban comme un fils aime sa famille et les Libanais comme un père aime ses enfants", a notamment déclaré le représentant.
"Le patriarche bâtisseur"
La dépouille du cardinal Agagianian a été révélée dans un état de conservation particulièrement impressionnant il y a deux ans, lorsque le patriarche Minassian, actuel patriarche de Cilicie, avait demandé l'ouverture de la tombe. Si l'état de conservation d'un corps ne constitue pas en soi une indication de la sainteté du défunt, la phase diocésaine de son procès de béatification et canonisation a été ouverte en octobre 2022. Selon l'agence de presse Catholic News Agency, plusieurs témoignages et des récits de miracles attribués à son intercession ont d'ores et déjà été collectés.
Réputé pour sa vertu et sa dévotion à la sainte Vierge ainsi qu'au Sacré-Cœur de Jésus, le cardinal Agagianian a laissé derrière lui la réputation d'un homme proche des plus fragiles, qu'il s'agisse des pauvres, ou des personnes âgées ou handicapées. Né en 1895 à Akhaltsikhe, (actuelle Géorgie, ndlr), il est ordonné prêtre à Rome en 1917 et retourne d'abord en Géorgie pour y exercer son ministère de curé. Il est nommé en 1935 évêque titulaire de Comana, en Arménie, et nonce apostolique au Liban, puis élu patriarche-catholique de Cilicie, prenant alors le nom de Grégoire-Pierre XV. Bien que d'origine géorgienne-arménienne, sa proximité avec le Liban et ses nombreuses visites au pays du Cèdre lui avaient fait acquérir la nationalité libanaise. Les Libanais l'appelaient "le patriarche bâtisseur", en raison des nombreux projets d'écoles et d'orphelinats. Son profil fut à deux reprises retenu comme "papabile", c'est-à-dire considéré comme un candidat sérieux pour devenir Pape.
