Des incendies dévastateurs réduisent depuis le 7 janvier plusieurs quartiers de Los Angeles en cendres. La Californie, État côtier situé à l'ouest des États-Unis, est régulièrement sujette à des feux d'une violence inouïe, aggravés par des vents chauds et secs transportant parfois des braises sur plusieurs kilomètres. C'est dans une autre région que s'est déroulé un incendie considéré comme le plus meurtrier de l'histoire, l'incendie de Peshtigo, au début des années 1870. Alors qu'environ 2.000 personnes ont tragiquement péri, les réfugiés d'une chapelle située à Champion (Wisconsin, États-Unis), ont été miraculeusement épargnés des flammes.
8 octobre 1871, dans le Wisconsin. Comme à leur habitude, les habitants de Peshtigo allument de petits foyers afin de défricher des terres, en vue d'y pratiquer l'élevage, l'agriculture, ou encore d'y construire de nouvelles voies de chemin de fer. Mais la nature en décide autrement. L'année 1871 a été très sèche, avec peu de pluie durant l'été. Les marécages se sont asséchés, la terre a soif, et une dépression atmosphérique engendre des vents trop forts venus du sud-ouest. L'incendie déclenché en forêt se répand à la vitesse d'une tornade, atteignant bientôt la ville de Peshtigo. Ses habitants meurent tous, brûlés vifs. Alors que le feu se déplace à une vitesse fulgurante, il menace de consumer une petite chapelle dédiée à Notre-Dame du Bon Secours. Elle a été construite en pleine forêt, à Champion, sur le lieu où Adèle Brise, quelques années plus tôt, avait reçu des apparitions de la Vierge Marie, les seules à ce jour reconnues par l'Église catholique aux États-Unis. Âgée de 24 ans, cette immigrée belge avait obéi à la Vierge qui lui demandait d'enseigner la foi et le catéchisme : "Rassemblez les enfants de ce pays sauvage et enseignez-leur ce qu'ils doivent savoir pour le salut. (...) Enseignez-leur le catéchisme, comment faire le signe de la croix et comment recevoir les sacrements ; c'est ce que je désire que vous fassiez. Allez et ne craignez rien, je vous aiderai." Après la chapelle, Adèle avait fait construire une petite école.
Sanctuaire marial
Affolés par les flammes, les gens se précipitent vers le lieu de la chapelle. Ils emmènent même avec eux leur bétail. Adèle les invite à prier la Vierge Marie : munis de sa statue portée haut, ils organisent une procession autour du sanctuaire, priant le chapelet. "Après des heures d’horreur et de suspense, le ciel envoya du soulagement sous la forme d’une averse", écrit le père Peter Pernin, curé de Peshtigo, lui-même survivant de l'incendie après s'être immergé des heures dans la rivière, le Saint-Sacrement serré contre lui. "Tout autour d’eux était détruit ; des kilomètres de désolation partout. Mais le couvent, l’école et la chapelle de la terre sainte consacrée à la Vierge Marie brillaient comme une île émeraude dans une mer de cendres. Le feu qui faisait rage léchait les palissades extérieures et laissait des cicatrices calcinées en guise de souvenirs. Des langues de feu avaient atteint la clôture de la chapelle et menaçaient de détruire tout ce qui se trouvait à l’intérieur ; le feu n’avait pas atteint le terrain de la chapelle", témoigne encore le prêtre.
Dès lors, de nombreux fidèles vinrent en pèlerinage à la chapelle, particulièrement le 8 octobre, date anniversaire de l'incendie et de la dernière apparition à Adèle. Adèle continua quant à elle à enseigner et catéchiser les enfants du pays jusqu'à sa mort, le 5 juillet 1896. Ce n'est que deux siècles plus tard que l’Église catholique des États-Unis reconnut ces apparitions de la Mère de Dieu. Après une enquête, Mgr David L. Ricken, évêque de Green Bay, a déclaré les apparitions "dignes de foi" par l’autorité de l’Église catholique et en 2016, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis a élevé le lieu en sanctuaire national. 100.000 personnes s'y rendent chaque année.