En janvier 1964, alors que le deuxième concile du Vatican n’est pas encore achevé, le pape Paul VI part pour Jérusalem. Il est alors le premier successeur de Pierre à rencontrer le patriarche de Constantinople depuis 1439 et les dernières tentatives de rapprocher l’Église latine et sa sœur orientale. Si la chose est plus anecdotique, il est aussi le premier pape à prendre alors l’avion. Et à envoyer aux pays survolés des messages diplomatiques. Il inaugurait ainsi ce qui est désormais une tradition bien ancrée.
Au décollage du Saint-Père à Rome et à son retour de chaque voyage, le Saint-Siège transmet un message à l’Italie, État dans lequel est enclavé le Vatican et dont la compagnie nationale, Alitalia devenue ITA Airways, transporte généralement le Pape. Le 2 septembre, au moment de s’envoler pour Jakarta, première étape du long périple de François en Asie du Sud-Est, la Secrétairie d’État du Saint-Siège a ainsi envoyé au président italien Mattarella les mots suivants : "Alors que je me prépare à faire ce voyage apostolique […], j’ai le plaisir de vous transmettre, monsieur le président, et au cher peuple italien, l'expression de mes salutations que j'accompagne de vœux cordiaux de paix et de prospérité."
Dix télégrammes en un voyage
Mais le Pape ne s’arrête pas là. Tout au long de ses vols en avion, un court télégramme diplomatique est adressé aux autorités de tous les pays survolés, parfois pas moins de dix ! Entre le 2 et le 3 septembre, les chefs d’État de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Serbie, du Monténégro, de la Bulgarie, de la Turquie, de l’Iran, du Pakistan, de l’Inde et de la Malaisie ont reçu un tel message. Entre le 12 et le 13, beaucoup d’entre eux en recevront un deuxième alors que l’avion pontifical rentrera à Rome.
Même les pays qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques complètes avec le Vatican – dix en 2024 sur les 194 États reconnus par l’ONU – reçoivent les vœux du pape. La tradition étant bien établie désormais, les États attendent les télégrammes, et s’étonneraient même de ne rien recevoir.
Attention à l’incident diplomatique
Alors que le pape François cherche depuis le début de son pontificat à se rapprocher de la Chine, un petit incident a dû être vite réparé en 2014. Alors en route vers la Corée, autorisé à survoler un espace aérien d’ordinaire fermé, le Saint-Père avait-il oublié la Chine ?
D’après la Secrétairie d’État, un télégramme était parti, mais l’ambassade de Chine en Italie ne l’avait pas reçu, et il fallu le renvoyer pour ne pas froisser les autorités chinoises : "En entrant dans l’espace aérien chinois, j’adresse mes meilleurs vœux à votre excellence et à vos concitoyens, et j’invoque les bénédictions divines de paix et de bien-être sur la nation." Ces messages, très courts, permettent au pape d’assurer les pays traversés de sa prière et de les bénir d’en-haut. Du ciel, François prie ainsi pour "que le Tout-Puissant accorde à [l’Inde] les bénédictions abondantes de paix et de bien-être", pour que le Monténégro "bénéficie d’une harmonie fraternelle et de la paix" ou encore souhaite "sagesse et unité" à la Croatie.