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Festival de Cannes, le paradoxe culturel

Celebrities arrive at Megapolis screening at the 77th Cannes Film Festival, 2024

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Jean-Étienne Rime - publié le 22/05/24
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Les célébrités bien-pensantes condamnent les déviances du milieu du cinéma, mais persistent à soutenir une production qui promeut bien des dérives. Et si la culture était ailleurs ? s’interroge le coordinateur de la Fraternité missionnaire des cités, Jean-Étienne Rime.

Les acteurs et célébrités du festival de Cannes dénoncent des situations absolument intolérables, les agressions subies par les enfants, violence, abus sexuels et l’on ne peut que saluer les prises de paroles qui contribuent à faire prendre conscience d’un mal trop caché, inavoué et qui touche tant de familles, de milieux professionnels, sportifs, associatifs avec des conséquences épouvantables, marquant un individu à vie.

Ce festival qui est considéré comme un temps fort de la culture peut-il contribuer à la défense des enfants et des jeunes ? Oui dans un sens. Les acteurs, le monde du show business et les people donnent une résonance, un écho, une prise de conscience que les médecins, les psychologues, les philosophes n’auraient pas dans notre société ultra médiatisée. Toute proportion gardée, les mises en cause de personnalités ont permis une prise de conscience qui va bien au-delà du milieu du cinéma. 

On dénonce, mais on encourage

Mais cela n’empêche pas de poser un diagnostic plus global sur la culture en général et le cinéma en particulier. Combien de films portent un avertissement : drogue, violence, sexe ? Beaucoup trop et cela banalise ces autres dérives considérées comme acceptables. Les acteurs ont beau dénoncer certaines déviances, ils en encouragent d’autres avec des productions mettant en avant le wokisme, les mouvements LGBT ou le trafic de stupéfiants.

Dénoncer d’un côté, promouvoir de l’autre, discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais serait donc piloté par ces milieux culturels. On dénonce mais l’on promeut ce qui se vend, ce qui remplit les salles ou les plateformes ! Panem et circences aurait pris le pas sur la sagesse d’Aristote ou de Cicéron.

Deux cultures

La culture est un loisir qui demande parfois de rudes efforts. Il est plus facile de scroller pendant des heures sur des réseaux sociaux insipides, regarder en streaming un film à suspense que de lire Molière ou apprendre un poème de Baudelaire ! Le Pass Culture sert massivement à acheter des mangas et non de la littérature, nous observons un niveau et surtout un appétit culturel qui se dégrade de génération en génération.

Culture et évangélisation se complètent, donnons à nos enfants la chance de se cultiver autrement.

Le constat n’est pas totalement négatif, loin de là. Il faut observer les mouvements créatifs comme l’intérêt croissant pour le patrimoine avec tant d’initiatives populaires dans nos régions qui font renaître fontaines et moulins, calvaires et chapelles, manoirs et traditions populaires, fêtes et représentations théâtrales, concerts. Les émissions d’histoire retrouvent des publics, de nouveaux musées s’ouvrent et la restauration de Notre-Dame ou les spectacles du Puy-du-Fou font l’unanimité intergénérationnelle. Paradoxe donc : d’un côté une pression culturelle de célébrités politisées et "bien-pensantes" et de l’autre une renaissance de la culture française de tradition.

Créer des appétences culturelles

Reposons cette question : la culture peut-elle contribuer à la défense des enfants et des jeunes ? Résolument oui, et surfer sur la vague de cet engouement patrimonial est une formidable opportunité. Un exemple avec le curé de ma paroisse : celui-ci accepte toujours le baptême lorsqu’une famille vient lui demander et plutôt qu’interroger sur un niveau de connaissances ou de pratique, il donne rendez-vous à tous dans l’église. Il se sert des statues, des vitraux pour expliquer qui est Jésus, Marie sa Mère, l’Annonciation, le Crucifixion, la Résurrection. Un vrai catéchisme en résumé et cela fonctionne, on s’intéresse à l’art, aux histoires, aux symboles et l’on crée des appétences culturelles tout en évangélisant.

N’est-ce pas là que se trouve une solution parmi tant d’autres : éveiller la curiosité des enfants et de leurs parents à travers un patrimoine vivant et passionnant à la fois. Nous avons dans nos églises des richesses incroyables trop souvent ignorées dans une France moins christianisée mais attachée à ses racines, son histoire. Culture et évangélisation se complètent, donnons à nos enfants la chance de se cultiver autrement. Et nous avons une chance : des églises, il y en a partout !

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