Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
On aimerait que d’autres promesses soient elles aussi tenues. Des promesses qui coûtent, qui demandent un peu de courage personnel. Des promesses qui engagent autrement qu’à signer un document et à le frapper d’un sceau. La dignité des femmes et leur place dans la société mérite mieux que la célébration, dont une poignée de Parisiens s’est gorgée tout au long de cette semaine. Qu’ils aient été rassemblés place du Trocadéro par une maire tout enjouée, pour assister au vote du Congrès sur écran géant comme s’il s’agissait de fêter la libération de Paris. Qu’ils se soient réunis sur la très élégante place Vendôme, pour entendre chanter une Marseillaise dont les paroles étaient changées devant un Président hilare et une assemblée en pamoison. C’étaient toujours les mêmes, qui ne se lassent jamais de nous dire quoi penser et comment le dire. Au point même qu’en entendant les paroles altérées de l’hymne national, une commentatrice de télévision murmurait : "J’espère que personne n’en fera un sujet de polémique." Oui, ce serait dommage de rappeler la loi à ceux qui nous assènent en permanence les codes auxquels nous devons nous soumettre.
Que s’est-il passé ?
Ce qui est étrange et déroutant dans tout ceci, c’est qu’on parvient à nous faire passer pour un événement majeur une décision dont ceux qui l’ont prise nous disaient il y a encore deux ans qu’elle n’était ni urgente ni prioritaire. Que s’est-il donc passé depuis ? Tous les partis politiques ont voté avec empressement cet ajout à notre Constitution : c’est donc qu’aucun d’eux ne risquait, parvenu au pouvoir, de remettre en cause ce droit. Il n’y a plus de "front" religieux, social qui puisse par ailleurs le contester efficacement. Et, il faut bien le dire, le consensus dans notre société est écrasant quant à la triste nécessité de permettre cette option. Mais donc, quoi ? entre les guerres et la récession, entre les grognes et les colères qui montent, il fallait trouver un "moment" pour manifester le génie national. Cela aurait sans doute pu être autre chose tant je doute de la conviction de ceux qui ont promu ce texte. Et cela a été l’avortement.
C’est à l’heure où notre société se retrouve déboussolée qu’il faut que des hommes et des femmes s’attèlent à proposer des solutions de vie là où l’on considère que la mort seule est la juste réponse.
Paradoxe de voir les mêmes qui sont sincèrement heureux de tapoter l’épaule du Pape devant les photographes ou qui s’engagent avec succès à rebâtir Notre-Dame, devenir les chantres européens de ce nouveau droit qui doit surpasser tous les autres. Il aurait été intéressant de se demander si les autres articles de notre Constitution, en particulier son préambule qui reprend la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, sont déjà mis en œuvre avant d’en ajouter un nouveau. Je me souviens d’une jeune femme guinéenne, sidérée. Elle était arrivée par les routes de l’enfer pour migrer en France. Violée, elle était enceinte de plusieurs mois. La première recommandation des services sociaux fut de lui conseiller d’avorter. J’entends depuis ces derniers jours des amis d’autres pays, d’Europe, d’Afrique, qui m’interrogent : mais que vous arrive-t-il ?
Une société devenue hyper violente
Ces dernières années, c’est comme si toute l’énergie était mise sur ce projet : le 2 mars 2022, l’avortement devient possible jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse (mais qu’on se rassure, le site du Planning familial donne toutes les informations pour pouvoir se rendre dans un pays accordant des délais plus importants). Depuis la même date, la situation de détresse sociale peut être invoquée pour demander une interruption médicale de grossesse, et ce jusqu’au terme.
Dans le même temps, le nombre de féminicides ne cesse d’augmenter : 118 en 2022, 134 en 2023... Près de 250.000 actes de viols, agressions sexuelles sont recensés chaque année principalement contre des femmes. Enfin, un quart des violeurs reconnus tels sont mineurs. Notre société est devenue hyper violente.
Proposer des solutions de vie
Devant cette violence, c’est comme si nous ne cherchions à traiter que les effets plutôt que s’attacher aux causes. Sans doute parce qu’elles remettent en question bien des données de notre mode de vie. C’est un peu comme vouloir régler le problème de la drogue en légalisant la consommation de cannabis : la paresse l’emporte sur le courage.
Ne nous laissons pas aspirer par cette paresse, engloutir dans le ressentiment ou le découragement. C’est à l’heure où notre société se retrouve déboussolée au point de ne plus savoir, à sa tête, distinguer l’essentiel du secondaire, qu’il faut que des hommes et des femmes s’attèlent — et c’est déjà le cas ! — à proposer des solutions de vie là où l’on considère que la mort seule est la juste réponse. À la logique d’une société de paillettes et de spectacles, opposons, confiants, sans arrogance ni suffisance, l’usage de notre intelligence. En d’autres termes travaillons, réfléchissons, débattons, mais vraiment, pas pour la forme ni pour les caméras. Afin que les éléments de langage et les trucs de communicants n’occultent plus l’indispensable question de ce que nous voulons vivre ensemble.