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La fin de l’année liturgique nous oriente vers la fin des temps, le retour du Christ en gloire après que l’Église, mystérieusement, sera passée par une grande persécution. La petite Thérèse a-t-elle quelque chose à voir avec ces événements ? Il semble qu’elle en ait eu l’intuition. Écoutons ce qu’elle dit trois mois avant sa mort :
Je sens que je vais entrer dans le repos... Mais je sens surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l'aime, de donner ma petite voie aux âmes. Si le bon Dieu exauce mes désirs, mon Ciel se passera sur la terre jusqu'à la fin du monde. (Carnet jaune [C.J.] 17.7.1)
Tant que l’histoire du salut ne sera pas achevée
Si Thérèse veut faire du bien sur la terre, c’est parce qu’elle souhaite continuer à sauver les âmes depuis le ciel, et cela tant qu’il sera possible de le faire, c’est-à-dire tant que l’histoire du salut ne sera pas achevée :
Je ne puis pas me faire une fête de jouir, je ne peux pas me reposer tant qu'il y aura des âmes à sauver... Mais lorsque l'Ange aura dit : “Le temps n'est plus !” alors je me reposerai, je pourrai jouir, parce que le nombre des élus sera complet et que tous seront entrés dans la joie et dans le repos. (C.J. 17.7.1)
Peut-on être sûr que Thérèse sera exaucée ? Peut-on être certain qu’avant le retour du Christ, elle continuera à être invoquée, aimée et que son "ouragan de gloire" continuera à se répandre ? Il serait prétentieux de l’affirmer. Seul Dieu connaît la fin de l’histoire. Ceci dit, Thérèse nous livre un de ses principes spirituels qui nous donne des raisons de penser que, sur ce point aussi, ses affirmations les plus étonnantes se vérifieront dans le temps :
Le bon Dieu ne me donnerait pas ce désir de faire du bien sur la terre après ma mort ; s'il ne voulait pas le réaliser, il me donnerait plutôt le désir de me reposer en lui. (C.J. 17.7.1).
Le désir de Dieu
Lorsque Dieu veut réaliser quelque chose, explique Thérèse, il le fait désirer et, après avoir purifié ce désir, il l’accorde royalement. Puisque Jésus a exaucé tous les désirs de Thérèse, grands et petits, jusqu’à son désir peu commun d’être docteur !, comme elle l’écrit dans le Manuscrit B (f° 2v), pourquoi n’exaucerait-il pas celui-là aussi ? Est-il important de se poser cette question ? Et pourquoi pas ? À la fin des temps, la petite Thérèse avait bien conscience que l’Église aurait à passer par des épreuves douloureuses. Elle voulait même souffrir avec ceux qui auront à subir les persécutions de l’Antéchrist :
En songeant aux tourments qui seront le partage des chrétiens au temps de l'Antéchrist, je sens mon cœur tressaillir et je voudrais que ces tourments me soient réservés... (Manuscrit B, f°3r.)
Et probablement que, sur son lit de souffrance, Thérèse a communié avec ces chrétiens des derniers temps. Comme elle l’explique, ses épreuves sont directement dirigées contre le Credo — qu’elle finira par écrire avec son propre sang et à porter sur son cœur en signe de résistance contre la tentation ! —, contre ce qui fait le cœur de son existence : l’adhésion à Jésus, à l’Église, au mystère de Dieu tel qu’il s’est révélé et auquel elle veut adhérer dans la foi. Et elle s’écrie, au nom de tous les incroyants :
Oh ! Seigneur, renvoyez-nous justifiés... Que tous ceux qui ne sont point éclairés du lumineux flambeau de la Foi le voient luire enfin... Ô Jésus, s'il faut que la table souillée par eux soit purifiée par une âme qui vous aime, je veux bien y manger seule le pain de l'épreuve jusqu'à ce qu'il vous plaise de m'introduire dans votre lumineux royaume. (Manuscrit C f°6r).
L’épreuve finale
Ces incroyants sont ceux de son temps, bien sûr. Mais peut-être qu’ils correspondent aussi à tous les chrétiens ébranlés dans leur foi et qui seront séduits par cette ultime imposture dont parle le Catéchisme de l’Église catholique :
Avant l'avènement du Christ, l'Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18,8 ; Mt 24,12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21,12 ; Jn 15,19-20) dévoilera le “Mystère d'iniquité” sous la forme d'une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l'apostasie de la vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Anti-Christ, c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair. (CEC, 675)
Qui dit que la fécondité de l’apostolat céleste de la petite Thérèse ne se manifestera pas tout particulièrement à ce moment dramatique de l’histoire de l’Église ? et qu’après Jésus et Marie, c’est vers Thérèse que les chrétiens auront à se tourner pour garder dans toute sa beauté, et jusqu’au retour du Christ, le "lumineux flambeau de la Foi" ?
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