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La fin du monde : bonne nouvelle ou châtiment ?

La Parousie

Mosaïque du baptistère San Giovanni à Florence représentant le Christ en Gloire.

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Jean-Michel Castaing - publié le 22/10/19
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Le second avènement du Christ que les théologiens appellent la Parousie, s’apparente au « jugement dernier » de Dieu sur les hommes. Ce jugement à la fin du monde doit-il inquiéter ? La Parousie est l’aboutissement grandiose du plan de Dieu sur tous les hommes, la victoire définitive de l’amour sur le mal.« Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts » récitons-nous à la messe lors du Credo. À la fin du monde, la venue triomphante du Christ nous introduira dans le monde divin. Mais auparavant, elle aura été un jugement consacrant la victoire de la Croix. Réparation sera rendue alors aux petits et aux faibles que les puissances auront écrasés et méprisés.

Un accomplissement qui ne va pas sans jugement

La Parousie est l’avènement du Christ en gloire — second avènement qui contrastera avec le premier, l’Incarnation, qui s’est déroulé sous le double signe de la faiblesse et de l’humiliation. Cette manifestation glorieuse possèdera deux versants qui, s’ils sont complémentaires, n’en sont pas moins différents. La fin de l’histoire scellée par la venue du Christ présente en effet deux faces : l’une manifestant la miséricorde divine, la seconde marquée au coin de la justice.

La Parousie sera d’abord achèvement et assomption de l’histoire. En tant que telle, elle représentera le triomphe de Dieu dans sa volonté de sauver la Création, mais aussi de la glorifier. Comme telle, elle constituera à la fois sa pleine souveraineté sur le temps et son désir de porter à son achèvement son projet initial de bâtir la Jérusalem céleste où réconciliation et divinisation seront le lot des élus. Cependant, à côté de ce côté lumineux la Parousie présente une autre face qui portera l’accent sur la dimension de jugement de la manifestation du Christ à la fin des temps. La face lumineuse ne peut faire oublier l’aspect le plus exigeant qui n’est autre que la condamnation du mal par Dieu.

Révélation des pépites d’éternité semées dans l’histoire

Dans sa dimension d’accomplissement, la Parousie sera d’abord révélation du poids d’éternité enfouis dans certains gestes des hommes. En portant au jour ce qui est caché, le second avènement du Christ représentera la manifestation du trésor caché de l’humanité que représentent toutes les bonnes actions accomplies depuis la fondation du monde. Il s’agit bien d’un trésor caché, car la très grande majorité des hommes ne sont pas mentionnés dans les annales de la « grande histoire ». Au sujet des élus, saint Jean dans sa vision de l’Apocalypse parle d’« une foule innombrable que nul ne pouvait dénombrer » (Ap 7, 9). De la sorte, il témoigne que l’humanité rachetée n’est pas réductible aux seules personnes qui ont laissé une trace bien repérable dans les récits de l’aventure humaine. L’anonymat de ces porteurs de trésors n’amoindrit en rien le poids de gloire de leurs actes. Car ce poids dépend de la charité qu’ils y ont mise. La charité ne fait pas toujours de bruit, et passe souvent inaperçue. La fin du monde portera à la lumière ces actions, à la plus grande gloire de Dieu et de ceux qui les auront accomplies.

Accomplissement du dessein de Dieu sur chacun de nous

La Parousie mènera ensuite à son terme ce que l’histoire a mis en mouvement. Alors chacun découvrira ce qu’il recélait en germe en lui-même, germe que l’Esprit portera à sa perfection en hissant notre être à son accomplissement définitif. Nous avons tous été créés en effet avec une dynamique propre. Certains d’entre nous lui ont été plus fidèles que d’autres. L’avènement du Christ sera la révélation du projet glorieux que Dieu avait pour chacun de nous lorsqu’Il nous créa.



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La Parousie nous transfigurera-t-elle tous en ces êtres de lumière et de gloire tels que Dieu les avait désirés pour nous en nous créant dans le Christ ? C’est le mystère de Dieu, mais surtout de notre liberté. En effet, s’Il nous a créés sans nous, en revanche Dieu ne peut nous sauver ni nous glorifier sans nous ! Mais au-delà de la question du nombre des élus, retenons que la Parousie est l’aboutissement grandiose du plan de Dieu sur l’humanité entière, ainsi que sur chacun des individus du genre humain. Sur ce plan également, la fin du monde présente un aspect éminemment positif.

La paix éternelle

Enfin, l’homme ne vit pas seul. Nul n’est une île. De même, chaque nation ne vit jamais isolée, mais est toujours confrontée à des problématiques de coexistence avec celles qui l’environnement. Aussi les conflits, depuis Abel et Caïn, sont-ils le lot de l’humanité. Si le Christ a détruit la haine et la séparation entre nous sur la Croix, c’est bien que Dieu avait en vue la réconciliation générale de Ses enfants comme fin ultime du monde. La Parousie réalisera définitivement cette réconciliation. La paix éternelle — non celle des cimetières ! —, celle eschatologique et plénière du Christ, couronnera notre arrivée au port de l’éternité. Plus de dissensions ni de coups bas dans la Jérusalem céleste ! C’est là un motif supplémentaire de ne pas craindre la fin du monde !

Le jugement du mal

Cependant, à côté de cette face lumineuse de la Parousie, il en existe une autre qu’il serait téméraire de notre part de passer sous silence. Il s’agit de la dimension de jugement de la venue glorieuse du Christ. L’histoire des hommes est marquée dans ses profondeurs par le péché, qui est refus de Dieu et de l’amour. Or, entre Dieu et le mal, il y incompatibilité absolue. Aussi Dieu doit-Il juger les actes qui en portent la marque. En effet, la Jérusalem céleste ne peut laisser entrer par ses portes aucune iniquité.



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La Parousie accomplira de la sorte la prophétie de l’Apocalypse au sujet de Jésus-Christ qui, par le seul signe de la Croix, confondra le monde en matière de mal : « Voici qu’il vient avec les nuées, et chacun le verra, même ceux qui l’ont transpercé, et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre » (Ap 1, 7). La venue glorieuse du Christ révèlera, en le condamnant, tout le mal commis depuis la fondation du monde.

La victoire de la Croix

Toutefois, la séparation entre les hommes opérée par ce jugement possède un aspect positif : celui de rendre justice aux petits, écrasés par la logique immanente au monde. La Parousie sera la contestation du monde en tant qu’il aura été négation de l’amour et promotion subséquente de la puissance, de l’égoïsme et de la complaisance en soi-même. Le second avènement du Christ scellera la victoire de la Croix, ainsi que l’inversion des valeurs qu’elle représente. La Croix manifeste en effet la domination du pardon et de l’amour sur la jalousie et la force. Pareillement, la Parousie, dans sa dimension de jugement, rendra leur dignité aux pauvres et aux perdants de l’histoire. Par-là, la dimension de jugement de la venue glorieuse du Crucifié s’avérera tout aussi positive que la descente avec éclat de la Jérusalem céleste d’auprès de Dieu (Ap 21, 10).



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