Chaque deuxième dimanche du mois d’août à l’initiative de l’association des amis de saint Cénéré, une messe en plein air est organisée, suivie d’une « ker-messe », au pied du petit ermitage où vécut saint Cénéré au 7eme siècle. Ce sont ainsi près de 1.000 personnes qui se retrouvent dans la joie, pour vivre une journée de prières, de remerciement et d’animations en tout genre, à l’ombre des grands arbres ombragés. Il faut dire que l’endroit est charmant, dans la verte campagne mayennaise, tout près du village de Saulges (Mayenne). Il faut traverser un petit pont vert au-dessus de l’Erve, pour apercevoir entre les hautes branches, surplombant un talus, une petite chapelle de pierre grise (réaménagée au XIXe siècle), construite à l’endroit même où vécut saint Cénéré. Et dès son installation discrète sur place, celui qui est devenu par la suite le saint patron du Maine et de l’Anjou, a attiré les pèlerins, venus se recueillir, puis se guérir, auprès de la source qu’il a fait jaillir des rochers.
Le culte du grand saint n’a jamais faibli, et loin de grands sites et lieux de pèlerinages français plus connus, ce discret ermitage attire tout de même chaque année près de 30.000 personnes au fil de l’eau, ce qui en fait le deuxième lieu de pèlerinage en Mayenne après Pontmain. De très nombreux ex-voto de guérisons témoignent d’ailleurs de ce culte toujours vivant pour ce saint patron protecteur du Maine et de l’Anjou, également second patron du diocèse de Laval, après Notre-Dame de Pontmain. Et pour reconnaître sa statue dans les églises de la région, il suffit de regarder son habit rouge de cardinal, lui qui avait été élevé par le Pape à la dignité de Diacre-Cardinal, fonction qui tenait à cette époque, le premier rang dans le clergé de l’Église Romaine.
Pour cette messe annuelle et en plein air en ce deuxième dimanche d’août, c’est le curé de la paroisse Saint Pierre du Maine, le père Viel qui présidera la célébration, commençant par une procession pour déposer les reliques de saint Céneré dans la chapelle de l’oratoire, permettant ainsi à tous les présents de venir les vénérer pendant la journée. Après avoir été conservées pendant plusieurs siècles à la cathédrale d’Angers, ces reliques sont à présent à l’année à l'église Saint-Pierre de Saulges. La messe a lieu au pied de la chapelle, dans un petit champ au bord de l’Erve, où chacun est prié d’apporter son banc ou sa chaise. Commence ensuite une journée festive avec un déjeuner champêtre, une kermesse et des danses locales. Tous les habitants du coin participent et font de cette journée, un moment attendu chaque année. Pour cette édition 2023, les bénéfices de la journée permettront de participer à la restauration de la toiture de l’ermitage.
Un Italien, ermite en Mayenne
Mais qui est donc ce saint fêté en France mais italien d’origine ? Né à Spolète en Italie, Cénéré est entré dans l’ordre de Saint Benoit et a été élevé par le Pape à la dignité de Diacre-Cardinal. Mais il va refuser les honneurs de la cour pontificale, souhaitant vivre une vie solitaire de prières. C’est pourquoi il part en Gaule, avec son frère Céneri (qui s’installera dans l’Orne), et après être passé sur le tombeau de saint Martin, il arrive dans le diocèse du Mans et se fixe sur la commune de Saulges, près de l’ancienne Cité gallo-romaine de Vagoritum. Comme le rappelle encore aujourd’hui une inscription sur l’oratoire de l’ ermitage, "c’est dans ce lieu que se consuma son éminente sainteté où on vit à sa prière s’arrêter le triple fléau de la peste , de la guerre et de la famine, prodige qui le fit appeler le "Père de la Patrie" et dont son nom est resté cher à ceux qui souffrent."
Saint Céneré meurt à Saulged le 21 juillet 680, entouré de ses disciples. "La tradition nous rapporte qu’au moment même où son âme se détacha de son corps, la foule qui s’était réunie autour de lui entendit dans les airs les chants des anges et les suaves accords d’une mélodie céleste. Plusieurs aussi ressentirent l’impression d’un parfum supérieur à tous ceux que les hommes peuvent composer", écrit à ce sujet Dom Paul Piolin, moine bénédictin de l'abbaye Saint Pierre de Solesmes, qui est l’auteur d’une biographie sur saint Céneré.
Vénéré depuis sa mort, saint Cénéré est toujours prié aujourd’hui. L'Esprit saint souffle bel et bien, en Mayenne comme ailleurs.