Le désappointement est une déception, une déconvenue. C’est être trompé dans ses espérances, blessé dans sa confiance. A la croisée de la tristesse et de la surprise, c’est l’état de celui qui n’a pas eu ce qu’il espérait. Donc ne pas être payé de retour, puisque les "appointements" nous rétribuent. Le dépit dans l’amour, désappointement plus affectif, fait très mal. Les apôtres sont très souvent désappointés dans l’Evangile, et Nicodème, Judas, Hérode, Pilate et les disciples à la Résurrection ! Comprendre aide à rebondir et à intégrer ce qui a surpris. Prévoir est aussi un autre moyen de ne pas être désappointé.
Comprendre et prévoir forment les deux verbes contenus dans la vertu cardinale de prudence. Au sens commun la prudence est l’attitude de quelqu'un qui est attentif à tout ce qui peut causer un dommage, qui réfléchit aux conséquences de ses actes et qui agit de manière à éviter toute erreur. Mais la vertu de Prudence, mère de la justice, de la tempérance, et de la force, permet de comprendre et d’atteindre au vrai, à chercher la raison.
Providere veut dire prévoir et pourvoir. Prévoir en délibérant correctement sur ce qui est bon pour nous et pourvoir en ce qu’il convient de faire. Parce que gouverner c’est prévoir et ne pas se laisser désappointer, pourvoir car c’est le rôle des responsables et des pères. "La prudence est un amour qui choisit avec sagesse" (Saint Augustin). Elle transforme la lâcheté ou la peur en courage. Face au désappointement, il est prudent d’avoir du courage ! Il n’est pas prudent au deuxième sens d’être imprudent au premier sens. Il est imprudent de ne pas être prudent !