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J.D. Vance, l’atout catholique de Donald Trump ?

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Valdemar de Vaux - publié le 07/11/24
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L’arrivée – ou le retour – de Donald Trump à la tête des États-Unis va de pair avec l’avènement de J.D. Vance au poste de vice-président. Un homme récemment converti au catholicisme et une personnalité complexe qui a plusieurs fois changé de cap. Portrait.

"Je n’oublierai jamais d’où je viens", répète J.D. Vance durant ses campagnes électorales. Finalement élu au Sénat américain en 2023, il vient d’être élu vice-président des États-Unis dans un "ticket" avec Donald Trump. D’où vient-il justement, celui qui deviendra le plus jeune à occuper une telle fonction ? À 40 ans, le natif de Middletown, en Ohio, a été Marines et avocat, auteur à succès athée et désormais homme politique catholique. Marié en 2014 à une avocate hindoue, Usha Chilukuri, rencontrée pendant ses études et avec qui il a trois enfants.

Un événement l’a fait sortir de l’ombre, en 2015 : la publication d’un livre autobiographique, traduit en français sous le titre Hillbilly élégie (aujourd'hui au Livre de Poche). J.D. Vance y raconte la vie d’un Américain moyen, méprisé par les élites des côtes Est et Ouest – "Hillbilly" pourrait se traduire par "péquenaud" – né dans une famille d’origine appalachienne et évangélique. En Ohio, il décrit la vie dans la "rust belt" ("ceinture de rouille", région anciennement industrielle du nord-est des États-Unis), une vie marquée par la désindustrialisation, l’insécurité culturelle et les opioïdes. Un récit qui lui valut d’abord les louanges des rangs démocrates. En France, Télérama parle alors d’"un récit poignant, et nécessaire" et Marianne d" "une somme sur l’Amérique qui va mal". Il cherche à comprendre pourquoi l’Amérique ouvrière est devenue pauvre, rancunière puis républicaine. À l’époque, J.D. Vance s’oppose d’ailleurs de manière virulente à Donald Trump, le qualifiant même de "Hitler de l’Amérique" et promettant de ne jamais voter pour lui.

Il faut dire que le futur vice-président a l’habitude des conversions. Pas seulement religieuses, donc, mais également. Baptisé en 2019 dans l’Église catholique, il a raconté dans un article paru à Pâques 2020 dans le magazine The Lamp tout son cheminement spirituel, de l’évangélisme au pentecôtisme en passant par l’athéisme. On y rencontre aussi saint Augustin, dans la Cité de Dieu, qui "résume la débauche de la classe dirigeante de Rome. Une société entièrement orientée vers la consommation et le plaisir, proférant le devoir et la vertu." et lui fait penser à aujourd’hui, ou le philosophe français du désir mimétique René Girard dont la théorie du bouc-émissaire lui fait "reconsidérer la foi".

Saint Augustin comme patron

Le premier, Augustin, est son saint patron de confirmation. "J'en suis venu à croire que les enseignements de l'Église catholique étaient vrais, mais cela s'est produit lentement et de manière inégale. […] J'ai été baptisé, et j'ai reçu ma première communion." Venu par l’esprit ("J'ai trouvé tout ce qui était très beau"), il se convertit finalement en reconnaissant son péché et la nécessité de l’aide du Père : "J'avais besoin de prier davantage, de participer à la vie sacramentelle de l'Église, de m'avouer et de me repentir publiquement, aussi embarrassant que cela puisse être. Et j'avais besoin de grâce. J'avais besoin, en d'autres termes, de devenir catholique, pas seulement d’y penser."

Aujourd’hui, J.D. Vance parle ouvertement de sa foi dans ses discours, chose courante Outre-Atlantique. Dans une vidéo du magazine américain Forbes, on le voit par exemple dire "C’est vrai, Jésus est roi" en réponse à une exclamation dans le public : "Jésus est roi !" Pendant la campagne, il a rappelé régulièrement son engagement à respecter les chrétiens et tous les croyants, accusant parfois Kamala Harris de faire le contraire. Comme colistier de Donald Trump, il a moins parlé de questions sociétales que de questions culturelles et économiques, qui semblent avoir convaincu les "swing states" (états-clés) de la "rust-belt", mais il a par le passé montré des convictions très fortes dans ce domaine. Contre l’avortement, pour l’interdiction de la pornographie voire la limitation de la contraception, il est apparu pour beaucoup comme un "pro-vie" intégral.

Parfaitement aligné sur son président pour les questions migratoires, il passe pour être plus armé pour la guerre culturelle. Une réputation d’intellectuel qui s’explique par sa formation à Yale, fameuse faculté de droit du Connecticut, mais qui ne fait pas de lui, semble-t-il, un idéologue froid, incapable de travailler avec les démocrates ou de visiter les ouvriers grévistes de son État. Une chose est sûre, après une campagne intense et pas toujours très mesurée, il va désormais pouvoir être jugé sur ses actes.

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