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Que serait notre monde si Jésus-Christ n’était pas venu ?

wizerunek Jezusa Chrystusa na ścianie zniszczonego kościoła
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Jean-Michel Castaing - publié le 26/03/23
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La dette de l’humanité envers le christianisme est devenue aujourd’hui un tabou. Les chrétiens ne devraient pas avoir peur d’évangéliser en rappelant à leurs contemporains ce que la foi de l’Église a apporté sur les plans religieux, culturel, social et politique.

À notre époque marquée par le relativisme et le scepticisme, les demi-habiles règnent sans trop de peine sur l’opinion. Possédant assez de science pour s’estimer légitimes à donner leur avis sur tout, ils restent toutefois aveuglés par leurs passions et trop infatués d’eux-mêmes pour reconnaître les limites de leurs jugements. Voilà pourquoi ils ignorent la dette abyssale que notre monde a contractée envers le christianisme.

Dans notre Occident finissant, un impensé, semblable à un immense trou noir, hante les consciences : le legs immense de la foi chrétienne sur les plans religieux, social, politique et culturel. L’Occidental moyen ressemble à un enfant gâté qui a claqué la porte de la maison parentale et qui, tel l’enfant prodigue de la parabole évangélique, a emporté sa part d’héritage sans un mot de remerciement.

Un sujet de réflexion pour enfants gâtés

Dans ce contexte, les leçons de morale seraient contreproductives. En revanche, il est un exercice auquel les chrétiens pourraient proposer à ces demi-habiles de se livrer : deviner ce que serait notre société si la foi de l’Église n’avait pas irrigué nos esprits depuis deux millénaires, imaginer un scénario alternatif à notre histoire. C’est là une tâche ardue pour laquelle d’innombrables paramètres entrent en ligne de compte mais bien propre à stimuler la sagacité des demi-habiles.

Dans quel état spirituel serions-nous si les divinités sanglantes du paganisme, reflets de notre fascination pour la force et le succès, étaient restées l’objet de notre adoration ?

Dans quel état serait notre monde si le Christ n’était pas venu nous apprendre le souci des humbles, des petits, le pardon des offenses, l’amour des ennemis, la dignité des pauvres et des exclus, la lutte contre l’ostracisme dont les malades étaient victimes ? Quelles seraient nos idoles devant lesquelles nous nous serions agenouillés si le Christ n’avait pas proposé à notre adoration un Dieu-Père prêt à abandonner ce qu’Il a de plus cher, son propre Fils, pour aller chercher ceux qui s’étaient perdus ?

Dans quel état spirituel serions-nous si les divinités sanglantes du paganisme, reflets de notre fascination pour la force et le succès, étaient restées l’objet de notre adoration ? Il n’est pas très difficile de le deviner, au demeurant, puisque depuis le reflux du christianisme, l’argent, le chacun pour soi, le culte du succès et l’individualisme ont repris du poil de la bête. 

Une contribution décisive à la promotion de la femme

Les disciples de Jésus ne doivent pas nourrir de scrupules à rappeler la dette de notre monde envers la foi chrétienne. Il ne s’agit pas pour eux de se vanter : ils n’y ont qu’une très faible part. Tout le mérite en revient à la Trinité. C’est le Père qui a décidé d’aller chercher ses brebis égarées, ses enfants. À cette fin, Il a chargé son Fils de nous ramener sur ses épaules : les évangiles nous racontent combien la mission fut rude, périlleuse et coûteuse ! Il n’est pas inutile de souligner cette dimension de notre foi devant nos proches. 

Que l’on songe à l’attitude de Jésus envers les femmes. À l’époque, il était impensable pour un rabbin d’avoir un compagnonnage féminin. Or le Christ fut toujours entouré de femmes.

Et dans le cas où nous susciterions chez eux de l’exaspération, ce qui peut se comprendre, attendu qu’un débiteur apprécie rarement qu’on lui remette ses dettes en mémoire, nous pourrions toujours proposer à leur examen la question exposée plus haut : "Avez-vous déjà réfléchi à ce que serait notre monde si Jésus-Christ n’était pas venu ?" La conversation pourrait alors se poursuivre par exemple au sujet de la contribution, unique dans l’histoire, du christianisme à la promotion de la condition féminine.

Que l’on songe à l’attitude de Jésus envers les femmes. À l’époque, il était impensable pour un rabbin d’avoir un compagnonnage féminin. Or le Christ fut toujours entouré de femmes. C’est à une hérétique, plusieurs fois mariée, qu’il réserva un des sommets de la Révélation : la Samaritaine. C’est aux femmes les premières que le Ressuscité apparaît après être revenu du séjour des morts.

Mais c’est toute la Bible qu’il faudrait évoquer ! Le Cantique des cantiques fait s’exprimer une femme à la première personne du singulier pour la première fois dans l’histoire. Les figures féminines de l’Ancien Testament jouent des rôles de premier plan : Rebecca, Esther, Judith, Sarah, Abigayil (1 S 25, 2-42) et les autres. 

Honnêteté intellectuelle

L’histoire de l’Église n’est pas en reste. Par la condition religieuse, les femmes devenaient libres des pouvoirs qui les avaient asservies dans l’histoire. Que l’on pense à la reine sainte Radegonde (520-587) qui, fuyant Clotaire, son mari meurtrier de son frère, fonda l’abbaye Sainte-Croix, près de Poitiers, et trouva dans sa foi la force de braver les forces politiques de son temps et leurs mœurs brutales.

Aussi, prétendre que le judéo-christianisme a asservi les femmes est-il un contresens absolu. L’épisode de la femme adultère l’illustre parfaitement : Jésus empêche un féminicide (Jn 8, 2-11) ! Partout où le christianisme a pénétré, la condition féminine a progressé, malgré les inerties du péché. Décidément, il serait temps que notre époque reconnaisse sa dette envers le christianisme. Ce n’est pas seulement une question de cœur mais aussi d’honnêteté intellectuelle.      

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