Sa première référence au bienheureux français remonte à la visite ad limina à Rome des évêques du nord de l’Afrique en 2015. Le pape François avait alors rappelé l’importance joué par la « figure de sainteté » du bienheureux Charles de Foucauld, aux côtés de saint Cyprien et de saint Augustin, dans la « vitalité évangélique » de leur région. Quelques mois plus tard, dans Laudato Si’, son encyclique sur l’écologie intégrale, il avait donné Charles de Foucauld en exemple pour sa « compréhension riche et saine du travail ».
Il avait évoqué la figure de « Frère Charles » plus tard dans l'année devant les évêques italiens, dans un autre registre, celui de la famille. Il avait alors expliqué que le Français avait perçu « comme peu d’autres […] l’ampleur de la spiritualité émanant de Nazareth ». La ville de la jeunesse du Christ au milieu de la Saint Famille aurait fait ressentir la « stérilité de la soif de richesse et de pouvoir » à l’aventurier qu’était Charles et l’aurait entraîné vers un « apostolat de la bonté » et une plus grande « proximité fraternelle » avec les plus petits. « Il a compris qu’en fin de compte ce sont [les pauvres] qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité », avait poursuivi le pontife. Une « vie de fraternité », mais aussi d’humilité, de respect et de patience qu’il importe de retrouver dans la « famille aujourd’hui », avait-il conclu.
Une réflexion reprise dans Amoris Laetitia, exhortation apostolique publiée après deux longs synodes sur la famille. Il avait souligné combien il avait su, comme François d’Assise et Thérèse de l’Enfant Jésus, être fasciné par le « mystère » de la Sainte Famille, mystère aidant les familles à se désaltérer « pour renouveler leur espérance et leur joie ».
Le 1er décembre 2016, jour du centenaire de l’assassinat de Charles de Foucauld, le pape François avait tenu à l’évoquer dans sa méditation matinale, prononcée dans la chapelle de la Résidence Sainte-Marthe. Pour le pontife, le Français est « un homme qui a surmonté tant de résistances et a donné un témoignage qui a fait du bien à l’Église ». Demandant sa bénédiction et son aide, il avait invité à cheminer sur « ses traces de pauvreté, de contemplation et de service des pauvres ».
Des citations fréquentes
L'année suivante, en recevant le chapitre général des Petites sœurs de Jésus, le pape François avait souligné combien cette congrégation avait su, « à la suite » de Charles de Foucauld, percevoir que Dieu n’avait « pas craint de se faire petit enfant, confiant, dans les bras de Marie, par amour pour nous ». Cette idée d'abandon à Dieu caractéristique de l'ancien militaire, se retrouve dans l'exhortation apostolique sur la sainteté, Gaudete et exsultate. Le pontife y cite directement Charles de Foucauld : « Dès que j’ai cru qu’il y avait un Dieu, j’ai compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour Lui ».
L'année suivante, dans Christus Vivit, exhortation apostolique venant après le Synode des jeunes publiée le 25 mars 2019, il en faisait cette fois-ci un modèle les jeunes concernant l’importance du travail pour l’être humain. Plus tard, lors d'un déplacement à Naples, c'était son « témoignage jusqu’au sacrifice de sa vie » qui était mis en avant par le pontife.
Fratelli tutti
Mais le texte dans lequel on ressent le plus l'influence de Charles de Foucauld sur le pape François est sans doute son encyclique Fratelli tutti (2020) dans laquelle il conclut son propos sur l'ermite. Après l'avoir comparé à Martin Luther King, Desmond Tutu et au Mahatma Gandhi, il le décrit comme une « personne de foi profonde qui, à partir de son expérience intense de Dieu, a fait un chemin de transformation jusqu’à se sentir frère de tous ».
Puis prononce ces mots conclusifs : « Il a orienté son idéal de dévouement total à Dieu vers une identification avec les derniers, abandonnés dans les profondeurs du désert africain. Dans ce contexte, il exprimait son aspiration à ressentir tout être humain comme un frère, et demandait à un ami : « Priez Dieu pour que je sois effectivement le frère de toutes les âmes de ce pays ». Il voulait être, en définitive, « le frère universel », mais ce n’est qu’en s’identifiant aux derniers qu’il parvint à être le frère de tous. Que Dieu inspire cet idéal à chacun d’entre nous. »
Quelques mois plus tard, au terme d'un discours mémorable sur la crise – notamment dans le contexte de la crise sanitaire – le pontife avait tenu à offrir la biographie de Charles de Foucauld par Pierre Sourrisseau aux membres de la Curie. C'est « un maître de la crise, qui nous a laissé un cadeau, un bel héritage », avait-il affirmé.
La dernière référence du pape à Charles de Foucauld remonte à mai 2021, dans son message pour la première Journée mondiale des grands-parents et personnes âgées. « Son histoire montre comment il est possible, même dans la solitude de son propre désert, d’intercéder pour les pauvres du monde entier et de devenir véritablement un frère et une sœur universels », avait-il alors déclaré.