Le 24 janvier, plus de 1.000 parlementaires et délégués régionaux se sont réunis à Rome pour tenter de donner un nouveau président à l'Italie. Souvent comparées à un conclave, ces élections mystérieuses et secrètes sont émaillées de discussions en coulisses, de rebondissements et de surprises. L'une de ses particularités est qu'elle ne présente aucun candidat officiel.
Ces dernières semaines, plusieurs noms sont apparus comme de possibles "quirinabile" – l'équivalent des fameux papabile des veilles d'élections de papes -, du nom du Palais du Quirinal à Rome où réside le président. Parmi eux figurent Mario Draghi, l'actuel Premier ministre, Sergio Mattarella, l'actuel président sortant, et même Silvio Berlusconi, qui a toutefois finalement indiqué qu'il renonçait au dernier moment.
Sant'Egidio, l'ONU du Vatican
Mais, à la veille du premier scrutin, un autre nom est apparu dans les médias : Andrea Riccardi. Né à Rome en 1950, Riccardi est surtout connu pour avoir fondé en 1968 la Communauté de Sant'Egidio, association catholique laïque engagée dans la lutte contre la pauvreté et le travail pour la paix. Présente aujourd'hui dans plus de 70 pays et disposant d'environ 50.000 personnes engagées, elle est l'un des bras armés de la diplomatie papale sous l'ère François. On la surnomme parfois même "l'ONU du Vatican".
Au Vatican, comme dans l'Église italienne, Andrea Riccardi a développé un réseau inédit, étant notamment proche du cardinal Matteo Zuppi de Bologne ou bien de Mgr Vincenzo Paglia, conseiller spirituel de la communauté et président de l'Académie pontificale pour la vie.
Andrea Riccardi, "le bon profil"
En outre, l'Italien de 72 ans a déjà eu une expérience ministérielle. De 2011 à 2013, il fut le ministre de la Coopération internationale et de l'Intégration dans le gouvernement Mario Monti. Cet ancien professeur d'histoire contemporaine est depuis 2015 le président de la société Dante Alighieri, qui promeut la langue italienne dans le monde entier.
Quelques heures avant le premier tour, le nom de cet homme respecté en Italie a d'abord été suggéré par les partis de centre-gauche. Le chef du Parti démocrate, Enrico Letta, a d'ailleurs confié dimanche soir que son parti considérait qu'Andrea Riccardi possédait les caractéristiques du "président idéal" ; un homme qui pourrait faire l'unanimité au regard du complexe échiquier politique italien. Giuseppe Conte, ex-Premier ministre et actuel leader du Mouvement 5 étoiles - le plus important au Parlement -, a également convenu que son parti voyait en lui "le bon profil".
Mais d'autres politiciens, comme Matteo Renzi, ex-Premier ministre et chef du parti Italia Viva, ne partagent pas cet avis. Des membres du parti Gay LGBT+ ont par ailleurs exprimé leur inquiétude quant aux positions de Riccardi sur le mariage homosexuel, le fondateur de Sant'Egidio ayant par le passé souligné qu'un mariage devait se faire entre un homme et une femme.