Lorsque Jean, surnommé Le Baptiste, se tient sur les rives du Jourdain et verse de l’eau sur les fidèles nombreux qui se pressent autour de lui, il ne s’agit pas d’un rite d’ablution de plus, mais bien d’un symbole nouveau le distinguant des rites anciens. Le symbole puissant de cet acte dépasse en effet les prescriptions religieuses héritées du judaïsme pour appeler à une véritable conversion du cœur. L’eau depuis l’aube des origines est purificatrice, et l’acte d’immersion du croyant lave ses péchés pour une nouvelle naissance : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 3, 2)
L’imminence du royaume des Cieux impose au fidèle de convertir son cœur, c’est-à-dire de le tourner vers Dieu et sa Parole. Laver son corps par les eaux du baptême à l’époque de Jean Baptiste, c’est aussi laver son âme de tout ce qui l’entrave et l’obscurcit pour une renaissance du croyant.
Un sacrement essentiel
Le baptême auquel Jésus consentira lui-même des mains du Baptiste consacre cette humilité du cœur indispensable au fidèle. Celui qui n’avait pourtant pas connu le péché accepte le baptême des mains de son parent qui reconnaît en Jésus le Messie : "Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu". (Mt 3, 11)
Le baptême, s’il est matérialisé par l’ablution de l’eau sur le corps du chrétien, prend ainsi avec Jésus un sens plus profond encore. Jésus préfigure en quelque sorte avec cette immersion au plus profond des eaux sa mort prochaine. Mais celle-ci n’aura pas le dernier mot, en remontant vers la lumière, c’est à la vie éternelle qu’est invité par le baptême chaque croyant.
Symbole puissant de la Bible, le baptême prendra rapidement, dès les premiers siècles, chrétiens une place toujours plus importante, en témoignent les nombreuses mosaïques et autres arts paléochrétiens. Figurant parmi les sept sacrements de l’Église, le baptême ouvre la vie du chrétien ainsi que le rappelait le théologien Tertullien aux IIe et IIIe siècles : « On ne naît pas chrétien, on le devient ». Rapidement dès les premiers siècles de notre ère, la communauté chrétienne se réunira lors de la nuit de Pâques autour de ce sacrement essentiel. L’eau bénite par l’évêque, le cierge pascal puis les premiers baptistères, ces lieux où seront pratiqués les baptêmes, constituent autant de rites composant le baptême qui sont parvenus jusqu’à nous.