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Ingénieur, Luc de Moustier a choisi, à 49 ans, la vie d'artiste. D'abord peintre, ce père et grand-père est finalement devenu sculpteur. Pour vivre sa passion, il affirme avec force que saint Joseph lui a offert un atelier à Boulogne-Billancourt. Aussi, pour le remercier, Luc lui a fait le cadeau d'une statue. Le sourire aux lèvres, l'artiste raconte : « Je suis là depuis quatre ans, et je peux affirmer que c'est bien grâce à saint Joseph ! Car, avec mon épouse, nous l'avons prié avec insistance... Et lorsque nous avons signé l'acte d'achat de mon atelier, les dates concordaient jour pour jour avec le début de notre prière ».
Luc remplit ainsi la mission qu'il a reçue : « Contempler ce qui est beau et bon, et le donner à voir aux autres ». L'homme aime parler de son passé : sa vie d'ingénieur et de chef d'entreprise, ses deux burn-out, l'abandon de son métier en 2006 et son appel à être artiste lors d'un pèlerinage en Israël, puis sa reconversion comme peintre puis sculpteur, son émerveillement pour la femme "un peu plus image de Dieu que l'homme !", sa crèche géante faite pour l'église Saint-Honoré-d'Eylau (Paris), son saint Joseph installé sur le parking du sanctuaire de Cotignac (dans le Var), sa joie enfin d'avoir trouvé son lieu de créativité.
« Un artiste est un être en quête de lumière, désireux de révéler la beauté qui sommeille en tout homme, même le plus abîmé, soutient-il. Je me souviens avoir croqué un homme assez corpulent, dessinateur de scènes obscènes, poursuit-il. Lui tendant son dessin, l'homme me répondit : “Je ne me reconnais pas, vous m'avez fait beaucoup trop beau !”. Il était pourtant ressemblant, mais l'image que j'avais faite de lui était plus belle que l'image qu'il avait de lui ». Luc, en quête de lumière, de beauté, cherche aussi à donner vie à ses boules de glaise et de plâtre. "Lorsque je prenais des cours de sculpture, raconte encore Luc, mon maître passait dans les rangs, en silence. Un jour, il s'arrête devant ma sculpture et me dit : “Maintenant, il faut lui donner la vie !”". Tel Gepetto avec son Pinocchio.
Un père en marche
L'aventure de la statue de saint Joseph commence en 2016. Luc, un peu agacé des représentations mièvres du saint, propose au responsable de la Marche des pères de sculpter un père adoptif de Jésus plus proche de la "vraie vie". "Banco", lui répond l'organisateur ! Une première séance de pose est prévue - ce moment mystérieux où l'inspiration prend chair. Mais ce n'est pas concluant. « Finalement, nous avons trouvé une attitude simple et dynamique : un papa en marche, son enfant sur les épaules ». Sans le savoir, ces hommes du XXIe siècle souscrivent ainsi au souhait du père Volle, prêtre coopérateur paroissial du Christ Roi et proche du cercle des écrivains catholiques : « Qu'on nous donne un saint Joseph avec un Enfant-Jésus à cheval sur son cou, s'agrippant aux oreilles, aux cheveux, à la barbe de ce vigoureux père ! Ce sera autrement parlant que ceint d'une auréole et un lys à la main ». Qui ajoutait : « On a dévirilisé saint Joseph à outrance ! ».
Mais ce saint Joseph ne serait-il pas trop « humain » ? « Sûrement pas ! D'abord, parce que j'ai représenté le saint de telle sorte que de face, Jésus nous bénisse et que de dos, il nous montre le chemin du ciel » explique l'artiste. « Ensuite, l'art du XIXe siècle était tellement désincarné, celui du XXe siècle tellement abstrait, qu'un statuaire incarné était devenu une urgence pour notre temps ! », s'exclame encore Luc. Une statue tellement incarnée qu'un après-midi, au réveil de sa sieste, l'artiste est persuadé que quelqu'un rôde dans son atelier. « Inquiet, je m'avance prudemment dans la pièce. Et là, je tombe nez à nez avec… saint Joseph ! ». Son rêve d'artiste était exaucé : sa statue avait pris vie.
Lors du premier pèlerinage avec la statue, saint Joseph est une vraie star ! Photographié partout où il passe, il est un vecteur de rencontres. « Je me souviens de ce balayeur sénégalais, musulman, tombé en arrêt devant la statue et qui me confia : « Vous savez, mon père, il me portait comme ça aux champs ! ». Ou ce caissier venu dans l'atelier, ému aux larmes et confiant au sculpteur : « J'ai bien fait de venir... ». Ou ces deux SDF qui, après un passage dans l'atelier – où saint Joseph attendait d'être intronisé – sont repartis en disant : « Merci, merci, merci monsieur... vous savez, nous on est des “sans-dents” !". Autrement dit : la beauté, l'art, ce n'est pas pour nous... « C'est une grande joie pour moi de penser que ma sculpture touche les petits, les pauvres, les simples, les humbles... » murmure alors Luc.
Cette statue révèle également la beauté et la simplicité du mystère de la paternité de saint Joseph. Une paternité discrète et silencieuse. « Dans les évangiles, saint Joseph ne parle pas. Il est le grand Silencieux. Pourtant, il a prononcé un mot au cours de sa vie, un mot et un seul ». Lequel ? « C'est une petite sœur de Bethléem qui m'a confié ce secret. Je vous le révèle. Il s'agit du nom de Jésus ! » raconte Luc. En effet, l'ange ne dit-il pas à Joseph, dans le songe lui prescrivant d'accueillir chez lui Marie, enceinte : « Tu lui donneras le nom de Jésus » (Mt 1, 21) ? Cela émerveille Luc qui, comme père et grand-père, a une connivence certaine avec ce grand saint. Il faut dire que le discret artiste a lui aussi un secret : avant chaque pose, il passe par la chapelle d'Adoration de son quartier.