Les proches d’un couple en espérance d’enfant se sentent parfois démunis pour aborder un sujet qui pourtant leur tient à cœur. Ils cèdent parfois à la facilité en donnant des conseils en tout genre ou en posant des questions indiscrètes, alors que leurs interlocuteurs souhaitent tout simplement être écoutés.
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« Il faut bien l’avouer, le médecin homéo-paléonto-acupuncturo-sismologue-marabout-magnétiseur super-spécialisé, le régime alimentaire miracle, la déco Feng Shui qui change tout, nous n’en avons pas besoin. Pas plus que du récit entendu mille fois du couple qui n’avait pas d’enfant et qui, le jour même où il a entamé une procédure d’adoption, a attendu un bébé », assure énergiquement Olivier Mathonat, adjoint au directeur des études à l’Ircom, dans son lumineux témoignage Attendre et espérer, Itinéraire d’un couple sans enfant (Éditions de l’Emmanuel). Alors que dire ? Aleteia est allé à sa rencontre afin de recueillir les attentes de ces couples éprouvés par « cette absence qui devient trop présente ».
Trois écueils à éviter
Pour Olivier Mathonat, le premier piège consiste à vouloir absolument connaître toutes les raisons de cette situation, et notamment les éventuelles causes médicales, qui engendrent assurément des questions indiscrètes et blessantes. « Ce n’est pas parce que nous abordons un sujet intime comme l’est celui de l’infertilité que cela nous oblige à tout dévoiler de notre intimité », souligne-t-il. Le deuxième écueil est celui de proposer des solutions : contacter tel médecin, modifier son mode de vie, accomplir telle démarche… Si ces conseils donnent une certaine contenance, un prétexte pour aborder le sujet, ils n’en demeurent pas moins superflus et parfois blessants. « Lorsque la famille et les amis d’un couple commencent à se demander si l’absence d’enfant ne le ferait pas souffrir, la souffrance est souvent vive depuis déjà plusieurs mois », remarque-t-il. Sans compter qu’il n’existe pas de méthode miracle qui marcherait pour tous. C’est une erreur de croire que ce qui a « marché » pour un couple marchera pour un autre. Le troisième piège est de nier tout bonnement la situation avec des remarques comme : « arrête d’y penser », « ce n’est pas grave, cela va bien venir ». Une manière de refuser de voir la souffrance de l’autre, et de l’évacuer d’un seul mot.
Une invitation à plus de profondeur
Pour autant, il ne faut pas croire que ces couples en souffrance ne veulent pas aborder le sujet. Mais ils seraient reconnaissants si leur entourage l’abordait avec davantage d’empathie et de profondeur. Pour cela, Olivier Mathonat invite les proches à venir rejoindre l’autre là où il en est « maintenant », à dépasser leurs premières réactions pour aller chercher ce que vit vraiment la personne, à faire preuve d’une écoute et d’une disponibilité plus attentives que « y a qu’à faut que ». « Nous avons besoin d’être écoutés plus que d’entendre des recommandations sur ce que nous devons faire, qui nous devons voir, comment nous devons nous y prendre. Rien n’est plus précieux pour nous qu’une oreille attentive, la délicatesse d’un ‘Je pense bien à vous’, ou ‘de quoi avez-vous besoin ?’ ».
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Sans pour autant que cela ne devienne l’unique sujet de conversation. Ne réduisons pas un couple en espérance d’enfant à cette seule attente. « Nous avons besoin d’être écoutés sans jugement, ni conseil, de sentir que ce que nous faisons intéresse toujours ceux que nous aimons, même si nos vies deviennent différentes », précise Olivier Mathonat.