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L’opinion courante sur les belles-mères n’est pas unanime. Je trouve des belles-filles ou des beaux-fils qui me disent avoir des belles-mères délicieuses. Je vois des beaux-parents soutenir leur belle-fille et condamner fortement leur fils qui a abandonné sa famille.
Le bouc émissaire idéal
Mais il est exact que trop souvent la belle-mère, plus que le beau-père d’ailleurs, est l’objet d’un tir groupé social et familial, celle à qui on attribue les problèmes et les difficultés du couple ou les défauts des enfants (« Toi, je sais bien à qui tu ressembles ! »). Elle est le bouc émissaire idéal qui nous évite de nous interroger sur notre propre responsabilité dans les aléas de la vie. « Je n’en veux pas à ma femme, me disait un mari, vu les parents qu’elle a eus ! » Comme quoi, une belle-mère peut parfois avoir au moins une utilité en dérivant vers elle une agressivité qui se trompe de cible !
Il est évident qu’il faut arrêter de déclarer les belles-mères envahissantes, possessives… et pourquoi pas « chameaux » ! De grâce ! Que les jeunes épouses n’oublient pas qu’elles seront un jour belles-mères… Surtout, il est capital de réaliser l’apport des anciens dans notre propre vie. D’abord notre belle-mère nous a donné notre conjoint. S’il a des qualités, elle y est un peu pour quelque chose. S’il a des défauts, il ne faut pas toujours l’imputer à son éducation. Une phrase qui tue, c’est de dire à un conjoint : « C’est fou ce que tu ressembles à ta mère », ce qui est un jugement destructeur et sur le conjoint et sur sa mère. Il faut savoir aussi l’apport extraordinaire d’une grand-mère pour ses petits-enfants.
Certes, il peut arriver qu’il y ait une tension avec la belle-mère au départ, parce qu’elle a mal accepté le choix de son enfant. Mais le temps permet d’apprécier les qualités réciproques de chacun quand on établit une relation sur un a priori de bienveillance. Si telle belle-mère fait telle fille, telle fille fait aussi telle belle-mère. Entendons la souffrance d’une mère délaissée. Je pense à cette femme, en maison de retraite, qui n’a reçu cette année pour la Fête des mères que l’unique rose d’un seul de ses cinq enfants. Pas un coup de fil. Il est bon d’entendre aussi la souffrance d’une jeune épouse qui pense, peut-être à tort, que le mari n’a pas coupé le cordon. Un dialogue franc et ouvert, sans le moindre jugement, permet aux deux générations de trouver la bonne distance : celle qui permet de vivre l’autonomie et l’amour.
Père Denis Sonet