Le Petit Luxembourg, résidence officielle du président du Sénat, abrite une chapelle méconnue du public ayant appartenu à la reine Marie de Médicis, épouse du roi Henri IV. Dans l’aile droite de la résidence de Gérard Larcher, actuel président du Sénat, se cache une petite chapelle connue sous le nom de “chapelle de la reine”. Rarement ouverte au public, elle témoigne de la longue histoire de ce bâtiment, propriété de l’État depuis le début du XIXe siècle.
Construit au XVIe siècle, le Petit Luxembourg est acquis par le duc de Piney, François de Luxembourg, en 1570. En 1612, la reine Marie de Médicis l’achète et fait édifier, juste à côté, un plus grand palais connu sous le nom du Palais du Luxembourg. Donné au cardinal de Richelieu en 1627, ce dernier l’offre à sa nièce, la duchesse d’Aiguillon, avant qu’il ne passe entre les mains de la famille de Condé. Le bâtiment est finalement acquis par l’État en 1825 pour y loger le président de la Haute Assemblée — alors Chambre des Pairs — affectation qu’il a gardée jusqu’à nos jours.
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Au temps de la reine Marie de Médicis
Alors que la reine vient d’acquérir le Petit Luxembourg, elle décide d’édifier en 1625, juste à côté, un couvent pour accueillir la congrégation des filles du Calvaire. Elle se construit également une petite chapelle privée qui communique directement avec celle du couvent. À la Révolution française, ce couvent est fermé et l’architecte Alphonse de Gisors décide de démolir les bâtiments en 1840. Par chance, ce dernier conserve deux éléments : le cloître (actuellement le jardin d’hiver) et la chapelle de la reine. Seule la façade de la chapelle du couvent est sauvée et remontée au fond de la cours du n°17 bis rue de Vaugirard.
Un décor néo-baroque
Si Alphonse de Gisors décide de préserver la chapelle de la reine, il modifie toutefois sa décoration intérieure, lui donnant un aspect néo-baroque. Sur la voûte, richement ornée de guirlandes de feuilles et de rubans dorés à la feuille d’or, se déploie un tableau central représentant l’Assomption de la Vierge, réalisé par Pierre Brisset en 1854. Tout autour de la chapelle, au dessus de chaque porte, des niches sont occupées par six petites statues réalisées par le sculpteur Klaugmann en 1859. Elles représentent les quatre évangélistes, le pape Eugène et le roi saint Louis. Au dessus de l’autel se trouve une copie de la Mater Dolorosa, sans son fils, de Philippe de Champaigne, exécutée par Ernestine Philippin. On remarque également un bel antependium décoré de figures en camaïeu.
La chapelle, aujourd’hui uniquement ouverte pour les journées du Patrimoine, a vu des messes être encore célébrées il y a quelques années sous la présidence de René Monory (1992-1998). Le Sénat cache également une seconde chapelle méconnue, construite au XIXe siècle à destination des membres de la Haute Assemblée, dans l’aile est du Palais du Luxembourg. Désacralisée au début du XXe siècle, elle a récemment fait l’objet d’une restauration complète afin d’y accueillir une salle de réunion. Réalisée par le même architecte qui a restauré la chapelle de la reine, elle possède un très beau décor d’époque Louis-Philippe. Le Sénat a d’ailleurs annoncé qu’elle serait ouverte pour les journées du Patrimoine en septembre 2018.
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