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Le Maroc, une ancienne terre chrétienne, soignée par la diplomatie vaticane

Vue sur l'église de l'Immaculée Conception de Tanger, au Maroc.

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Jean-Baptiste Noé - publié le 19/04/25
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L’actuel Maroc a été christianisé dès les premiers siècles. Si les chrétiens sont aujourd'hui très minoritaires, ils constituent néanmoins une communauté présente et acceptée sur tout le territoire. Quant au royaume, souligne le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, il joue un rôle important dans la diplomatie du Saint-Siège.

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De Volubilis, capitale de la Mauritanie Tingitane, il reste un site historique qui s’étend au milieu de la campagne, face à la ville en hauteur de Moulay Idriss, ville sainte de l’islam marocain. Volubilis fut christianisée dès les premiers temps de l’ère chrétienne, par des marchands, des militaires, des fonctionnaires de l’Empire romain. Dans cette région africaine de l’Empire, le christianisme antique n’eut pas le même rayonnement que l’ancienne région de Carthage (l’actuelle Tunis), qui compte de nombreux saints et plusieurs papes. Avec l’arrivée de l’islam et des populations arabes, le christianisme a connu un repli, ponctué de quelques tentatives d’évangélisation, à la suite des franciscains martyrisés en 1220 à Marrakech. C’est avec la présence européenne, notamment française, que le christianisme revint au Maroc, par l’intermédiaire des populations européennes qui s’y installèrent.  

Une présence marquée dans les lieux

Cette présence chrétienne est marquée dans les lieux, notamment à Tanger et Rabat, siège des deux diocèses marocains. À Tanger, la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption fut édifiée en 1961, soit cinq années après l’indépendance du pays (1956), preuve de la tolérance religieuse du royaume chérifien où le roi est pourtant commandeur des croyants. À Rabat, la cathédrale Saint-Pierre fut inaugurée en 1921, dans un style art déco tout à fait caractéristique. Contrairement à d’autres pays musulmans où le culte catholique est combattu, ou bien compliqué à vivre, le gouvernement marocain n’a jamais persécuté les chrétiens. De ce fait, le Maroc joue un rôle important dans les relations avec le monde musulman de la diplomatie vaticane. Des relations diplomatiques furent ainsi établies en 1976, qui aboutirent à une visite historique d’Hassan II au Vatican le 2 avril 1980. Le souverain marocain était ainsi le premier chef d’État d’un pays musulman à rendre visite au nouveau pape. De cette visite importante en découla une autre, celle de Jean-Paul II cette fois-ci, à Casablanca, le 19 août 1985. 

Une visite très spéciale puisque Jean-Paul II avait été invité par Hassan II non pas pour rencontrer les chrétiens du Maroc, mais pour parler à la jeunesse marocaine, donc aux jeunes musulmans du Maroc. Dans le stade de Casablanca, devant plus de 100 000 invités, Jean-Paul II participa donc à une sorte de journée de la jeunesse pour des musulmans. Après avoir traversés la ville dans deux voitures qui roulaient en parallèle, les deux chefs religieux, également chefs d’État, se retrouvèrent dans le stade. Le pape parla de l’importance de la création, de Dieu, du respect de la loi divine et de la prière. Un discours qui se voulait un dialogue et une démonstration de tolérance et de vie commune, au moment où le monde musulman subissait les premières convulsions de l’islamisme, avec la prise du pouvoir des mollahs en Iran (1979) et la guerre civile libanaise qui n’en finissait pas. 

Maintenir le lien du dialogue

Même si le Maroc a connu une victoire des islamistes dans les urnes dans les années 2010, il a toujours pu tenir loin les chamboulements et les tensions que connaissent d’autres pays, comme l’Égypte ou le voisin algérien. 

C’est pourquoi le pays continue de jouer un rôle particulier dans la vision diplomatique du Saint-Siège. Trente-quatre ans après Jean-Paul II, François s’est rendu dans le royaume chérifien en mars 2019, rencontrant Mohammed VI et la communauté catholique. Quelques mois plus tard, en septembre, le Pape annonçait que l’archevêque de Rabat, Mgr Cristobal Romero, était créé cardinal, une première pour le pays et le signe que le sujet du dialogue avec le monde musulman est l’un des points majeurs du pontificat. Du fait de cette création, le Maroc entre au collège cardinalice et acquiert une influence nouvelle dans la géographie ecclésiale. Preuve que, depuis deux mille ans, cette région occupe une place particulière dans l’Église catholique.

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