Carême 2025
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Deux grandes figures de charité s’apprêtent à rejoindre la grande cohorte des saints. Deux Vénézuéliens de l’époque contemporaine qui ont marqué leur pays par leur dévouement envers les plus pauvres. Il s’agit du laïc José Gregorio Hernández Cisneros (1869-1919), surnommé "le médecin des pauvres", et de la religieuse Carmen Rendiles Martinez (1903-1977), fondatrice des Servantes de Jésus au Venezuela. Des figures estimées à travers tout le pays, et dont l'exemplarité transcende les oppositions politiques qui agitent le Venezuela, notamment depuis la réélection contestée de Nicolas Maduro en juillet 2024. Deux nouveaux saints qui apparaissent comme une lueur d'espoir dans la crise politique et économique actuelle.
Docteur Hernández, "le médecin des pauvres"

José Gregorio Hernández Cisnero est d'abord reconnu par la communauté scientifique comme l'un des plus grands spécialistes de bactériologie au monde. Après avoir obtenu un diplôme de l’université de Caracas, il se forme à Paris à partir de 1889 en bactériologie et microbiologie. De retour au pays, il se consacre comme médecin à ses patients et notamment les plus pauvres professant ouvertement sa foi catholique. Il introduit l'usage du microscope au Venezuela et fonde l'Académie de médecine de Caracas. Il est membre du Tiers Ordre Régulier de Saint-François et s'engage à aider les plus nécessiteux. Dans son cycle de catéchèses sur le zèle apostolique en 2023, le Pape avait donné en exemple ce laïc, "un médecin, un homme du quotidien, poussé par le zèle apostolique à vivre en faisant la charité durant toute sa vie".
"Le docteur Hernández est une figure incontournable pour le peuple vénézuélien, aussi bien pour les croyants que pour les non-croyants", a souligné auprès de Vatican News le père Georges Engel, missionnaire français, ancien curé de la paroisse Notre-Dame de l'Assomption de Caracas. José Gregorio Hernández Cisnero meurt en 1919, renversé par une voiture. Sa réputation de sainteté se diffuse rapidement dans son pays natal et dans toute l’Amérique latine, de nombreuses guérisons physiques et spirituelles étant attribuées à son intercession. Sa béatification est célébrée à Caracas le 30 avril 2021. Le pape François a signé le décret ouvrant la voie à sa canonisation le 25 février dernier.
"Mère Carmen", née sans bras gauche

Le 28 mars 2025, le pape François a donné son feu vert pour faire avancer la cause de Maria del Monte Carmelo, de son nom de naissance Carmen Elena Rendiles Martinez. Née sans bras gauche, cette religieuse a dédié sa vie aux pauvres, aux malades et aux prêtres. Née à Caracas le 11 août 1903 au sein d’une famille nombreuse très fervente, Carmen vit une enfance parsemée d’épreuves : outre son handicap physique, qui lui vaudra quelques difficultés à être intégrée dans une congrégation religieuse, elle perd un frère et son père. Ayant ressenti très tôt l’appel à se consacrer à Dieu, celle qui sera appelée "Mère Carmen" renonce à sa passion pour le dessin pour rejoindre les Sœurs Servantes de Jésus du Saint-Sacrement.
Devenue responsable des provinces du Venezuela et de Colombie, elle demande en 1965 la séparation de la branche française, pour fonder sa propre congrégation : les Sœurs servantes de Jésus de Caracas. Les biographes de Mère Carmen rapportent sa bonté, sa générosité et sa douceur mais aussi sa dévotion pour l’eucharistie. Sœur Rosa María Ríos Gómez, supérieure générale actuelle de la Congrégation des servantes de Jésus du Venezuela, souligne le courage dont elle a fait preuve toute sa vie : "Je pense au courage de Mère Carmen, qui semblait être handicapée par l'absence d'un bras, étant née sans bras gauche. Pourtant, elle n'a jamais manqué de courage dans l’adversité", confie-t-elle à Vatican News. Le procès de béatification de Mère Carmen s'est ouvert à Caracas le 9 mars 1995. Elle a été béatifiée le 16 juin 2018.