Carême 2025
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Brigitte Fossey doit lire ce jeudi à l’espace Bernanos, à Paris, des pages écrites par Madeleine Delbrêl sélectionnées par le père Vincent Bedon, l’un de ces biographes. Elle confie à Aleteia comment les écrits de cette vénérable la rejoignent dans sa foi.
Aleteia : Votre spectacle sur Madeleine Delbrêl montre non seulement qu’elle était une vraie mystique mais aussi une grande missionnaire. Est-ce compatible selon vous ?
Brigitte Fossey : Tous les textes que je lis sur scène expliquent cela. Madeleine Delbrêl dit qu’à partir du moment où on a rencontré Dieu, on est frère avec tous. Elle explique que Dieu, on le rencontre dans la rue, au travail, partout même en faisant de la bouillie ! Et à partir du moment où on est dans l’amour de Dieu, on est obligatoirement dans l’action. C’est pour cela qu’elle utilise le mot charité, qui est à la fois l’amour et l’action tournés vers les autres. Madeleine parle aussi beaucoup de témoignages et insiste sur le fait que pour témoigner nous ne sommes pas obligés de forcer les gens à croire. Nous pouvons témoigner pour dire qu’on aime Dieu, qu’on a rencontré Dieu et rester à côté des gens qui n’y croient pas, en fraternité.
Madeleine Delbrêl a trouvé Dieu par la prière ou par le service des autres selon vous ?
La lecture du livre de Vincent Bedon sur Madeleine souligne qu’elle a vécu une rencontre avec Dieu dont elle n’a jamais donné exactement les détails. Madeleine Delbrêl pense que c’est Dieu qui l’a choisi. Parce qu’elle a d’abord été athée, jusqu’à ses 19 ans, qu’elle a ensuite fait une dépression et qu’elle a été abandonnée par celui qu’elle considérait comme son fiancé… À la suite de ce désert, de ce mal-être, elle a cherché. Et en fin de compte, elle ne considère pas avoir trouvé Dieu, mais avoir été trouvée par Dieu. C’est Dieu qui choisit pour elle. Elle le dit : "J’ai d’abord accepté que Dieu n’était pas impossible et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à prier". Je crois que Madeleine Delbrêl est restée discrète jusqu’au bout sur cette relation très intime qu’elle avait avec Dieu. Est-ce qu’elle l’a précisé exactement ? Non, pas vraiment. Il me semble qu’il y a des choses qui n’appartiennent qu’à l’intimité de Madeleine et de Dieu et que l’on n’est pas obligé de savoir. Je suis toujours très choquée avec toutes ces interviews, où l'on veut tout savoir sur tout le monde, sur les saints. Mais il y a quand même quelque chose qui nous protège et qui n’appartient qu’à nous : c’est notre relation avec Dieu.
J’avance les mains ouvertes et j’espère toujours que la chance passera et que le bon Dieu m’aidera à transmettre. Mais en même temps, il faut rester humble.
Votre foi est-elle connue du grand public, vous qui jouez dans un spectacle sur Madeleine Delbrêl ?
C’est quelque chose dont je parle rarement, je ne suis pas apôtre du tout, mais quand on me pose la question, je réponds que oui. En fait, je suis une comédienne, je prête ma voix aux œuvres, elles me traversent. C’est vrai que c’est beaucoup plus enrichissant d’être traversé par Madeleine Delbrêl que, par exemple, une pièce de boulevard qu’on fait pour rire et pour se divertir. C’est bien aussi, ce n’est pas un péché de se divertir. Mais il est vrai que c’est extraordinaire de lire des textes comme cela, de les partager sur scène, qui plus est avec un prêtre qui a bien connu la filleule de Madeleine Delbrêl.
Pensez-vous que la figure de Madeleine Delbrêl puisse toucher nos contemporains ? D’autant plus que vous l’incarnez.
J’avance les mains ouvertes et j’espère toujours que la chance passera et que le bon Dieu m’aidera à transmettre. Mais en même temps, il faut rester humble. Il ne faut pas être comme le comédien qui se prenait pour Sigmund Freud qui descendait dans la salle et qui disait "Je vais vous guérir, je vais vous guérir !" Malheureusement, après, on l’a emmené très loin. [Rires
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