“Heureux les cœurs purs”

"Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu" (Mt 5,8). La pureté se conçoit comme le propre, sans mélange, l’eau pure si appréciée dans l’aujourd’hui de notre pollution. La pureté est trop souvent vue du côté sanitaire ou rituel, alors qu’il s’agit de la pureté du cœur, l’intégrité de la personne à l’intention droite. L’image de la pureté est le cristal, sans aucune faille, le ciel bleu, l’eau transparente. La pureté clarifie le regard, donc pour mieux voir Dieu en toutes choses : l’amant sur sa fiancée, le père sur son enfant, le nourrisson sur sa mère, l’ami sur l’ami. L’amour pur est dégagé de l’égoïsme et de la convoitise. Quel plus bel exemple que le regard d’un enfant ou le regard aimant d’une mère porté sur son enfant. Voir Dieu sera notre activité dans l’éternité.  Si nous avons le souci de la pureté, cela nous vient de ce que nous avons été fait à l’image de Dieu, désir naturel mais relevant du sens du sacré, dans une quête insatiable de notre glorification ultime. 

Notre demande de purification est légitime parce qu’elle correspond à notre désir de bonheur. Les images sales, comme celles de la pornographie, ont des conséquences directes sur le cœur. L’idolâtrie de quoi que ce soit se superpose à l’icône du Père en nous et elle souffre en nous, car elle nous détourne de cette quête de la bienheureuse vision de Dieu. Aussi la pureté reste un travail à accomplir avec espérance, une sanctification, un chemin de désencombrement, de dépoussiérage. "Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la loi du Seigneur" (Ps 118, 1). Ce travail est l’œuvre de la grâce tant il est vrai que nous avons besoin que Dieu lui-même nous purifie. S’il faut être pur pour voir Dieu, c’est "Le Pur" qui nous purifie. Le Pur, c’est Jésus offert à notre regard dans son Eucharistie. "Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé" (Za 12, 10), et ils en seront lavés !