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Dès la clôture du Concile, à la fin de l’année 1965, la question de l’interprétation des textes adoptés a été soulevée de façon contradictoire : rupture ou continuité ? Réunis dans la Commission théologique internationale, créée en 1969, plusieurs théologiens, dont Hans Urs von Balthasar et Josef Ratzinger, décidèrent de lancer une revue internationale pour réfléchir sur l’apport du concile à la situation de l’Église dans le monde contemporain. Il s’agit d’une fédération de revues, échangeant et dialoguant autour de thèmes communs, mais libres de les développer en fonction du contexte culturel et ecclésial de chacune d’entre elles. Ce mode de fonctionnement très souple devait exprimer la communion ecclésiale, par laquelle peuvent coopérer divers courants de pensée, au-delà des clivages culturels ou idéologiques.
Le monde examiné selon la logique paradoxale de la foi
Des rédactions se mirent en place en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Yougoslavie, aux États-Unis, au Brésil, en Argentine… Les jésuites Daniélou et de Lubac, le dominicain Le Guillou, l’oratorien Bouyer, l’abbé Toinet se concertèrent. La maladie de Le Guillou, la mort de Daniélou retardèrent l’édition francophone jusqu’à la fin de l’année 1975. Les ecclésiastiques s’étaient adjoints quelques laïcs, dont une petite équipe de normaliens qui avaient fait leurs premières armes au Sacré-Cœur de Montmartre dans la revue Résurrection (J.-R. Armogathe, R. Brague, J. Duchesne, J.-L. Marion). Les laïcs, hommes et femmes, représentèrent vite la majorité de la rédaction, dans une diversité d’intérêts intellectuels et d’engagements ecclésiaux.
Dès son origine, Communio a récusé toute séparation entre des théologiens qui seraient chargés d’interpréter le dépôt de la foi et des intellectuels censés répondre aux problèmes concrets de la cité. La théologie n’est pas seulement affaire d’experts : toutes les réalités de notre monde, dès lors qu’elles sont l’objet d’une réflexion exigeante, gagnent à être examinées selon la logique paradoxale de la foi. Si le titre de Communio fut choisi par Balthasar, c’est parce que le mystère de l’amour trinitaire qui se communique aux hommes permet d’approfondir et d’élargir sans cesse notre intelligence des questions les plus actuelles. Hans Urs von Balthasar, n’hésitait pas à décrire Communio dans le premier numéro de la revue comme une " tour de guet " d’où " scruter l’immense cohue que provoque aujourd’hui l’affrontement des diverses visions du monde et lancer quelques signaux de reconnaissance " (" Un programme : Communio ", vol. 1, septembre 1975).
Une position originale
Les thèmes directement théologiques croisent ainsi d’autres thèmes plus larges : L’Europe (1990), Manger (2018), Naître (2022)… Loin de suivre des modes, la revue a souvent abordé certains sujets d’actualité en anticipant sur l’évolution de l’Église : les exclus (1977), le rôle des femmes (1982), les immigrés (1986), le diaconat (1987), l’écologie (1993), l’économie solidaire (1996), la bioéthique (2003).
Depuis près de cinquante ans, la revue, indépendante de tout mouvement ou congrégation, occupe une position originale à la fois dans le monde intellectuel et dans l’Église. De nouvelles générations sont venues renforcer (et rajeunir) l’équipe initiale. Les archives sont consultables en libre accès sur le site, et le numérique est venu doubler la diffusion papier, permettant d’atteindre des centres de formation dans toute la francophonie (surtout Afrique occidentale et Vietnam).
Les événements du cinquantenaire
Les événements du cinquantenaire manifestent la pluralité des intérêts de la revue : une messe à Notre-Dame de Paris, le 14 mai, présidée par un des fondateurs de l’édition hongroise, le cardinal Erdö, archevêque de Budapest, une soirée-débat (8 avril, 19h) avec la revue Esprit à l’Institut catholique de Paris (chaire ICP-ESSEC Entreprises et Bien commun) sur La communion, une question politique ?, et au Collège des Bernardins, le mercredi 14 mai à 17h, la projection d’un documentaire Communio, une histoire de l’Église contemporaine (réalisé par J.-Y. Fischbach, coproduction avec KTO), une table ronde le même soir (19h30, inscription sur le site du Collège) : " Qui est en crise, l’Église ou le monde ? " (avec le cardinal Erdö, Jean-Luc Marion, Émilie Tardivel et J.-B. Arnaud) et un numéro spécial de la revue, Le don de la communion.
Pratique :