Le fascinant retable de Larrazet, chef-d’œuvre baroque de la Lomagne

L’église Sainte-Marie-Madeleine de Larrazet a traversé, comme beaucoup d’autres, des périodes tumultueuses. Construite au début du XVIe siècle, elle sort meurtrie par les guerres de Religion durant lesquelles elle perd son portail et plusieurs chapelles. Elle conserve néanmoins son beau clocher octogonal à deux étages. La paix revenue, l'église bénéficie d’une restauration complète.

Mais le plus beau est à venir. À la fin du XVIIe siècle, le curé de Larrazet entreprend d'embellir l'église en commandant un retable monumental. Le modeste décor polychrome qui occupait le chevet de l’église semblait ne pas suffire aux besoins de contemplation du prêtre. À moins qu’il n’ait voulu suivre l’évolution de l’art de son époque en se tournant vers une réalisation baroque, et offrir à ses paroissiens une œuvre d’art somptueuse.

Les églises ont en effet souvent vu leur décor évoluer, par l’ajout d’une chaire richement sculptée, de nouvelles chapelles ou d’autres aménagements. Le curé de Larrazet fait appel à Nicolas Board, sculpteur spécialisé dans le travail du stuc. Il vient de Saint-Félix-Lauragais, un village situé à une centaine de kilomètres de Larrazet. C’est alors une affaire de famille qui commence : Nicolas Board est aidé de ses trois fils. En un an, les Board réalisent une œuvre grandiose couvrant toute la surface du chevet jusqu'à la voûte, soit 60 m2.

Le choix du stuc offre une liberté de modelage permettant de capturer des détails d'un réalisme saisissant : expressions des visages, mouvements des cheveux, drapés des vêtements. La technique consiste en un mélange de plâtre et de chaux collé sur une ossature ce chêne massif et recouvert d’un badigeon blanc. Le stuc est bien plus facile à mettre en œuvre que le marbre, et, évidemment, bien moins cher. Il est aussi plus facile à travailler que la pierre ou le bois. Il offre ainsi la possibilité de réaliser des décors de grande taille et de multiplier les détails.

Quatre colonnes torses, typiques du style baroque, rythment la composition. Les angelots grimpant le long des colonnes entourées de vigne participent à ce tourbillon artistique, guidant le regard vers la scène centrale. Le retable se distingue par cette scène en relief, représentant le repas de Jésus chez Simon le Pharisien. Marie-Madeleine embrasse le pied du Christ qu’elle vient de parfumer, et l’essuie de ses cheveux. Cette représentation est encadrée par les figures imposantes de saint Pierre et saint Paul. Au-dessus, un médaillon illustre l'apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, entouré de motifs végétaux et de drapés sculptés avec une finesse remarquable.

Le retable donne aussi le témoignage aussi de traditions émouvantes : les plus anciens habitants de Larrazet racontent que, lors des fêtes religieuses, le retable était éclairé de dizaines de bougies. Leur flamme projetait des ombres mouvantes qui donnaient encore plus de vie aux figures sculptées et émerveillaient les enfants.