separateurCreated with Sketch.

Une extraordinaire bande dessinée (médiévale) dans une collégiale

Saint Martin partageant son manteau, tapisserie des Flandres, XVIe, Collégiale Saint-Martin de Montpezat-de-Quercy.

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Sophie Roubertie - publié le 22/03/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Nichée au cœur du Quercy, la collégiale Saint-Martin-de-Montpezat (Tarn-et-Garonne) abrite l’un des plus précieux témoignages de l’art textile du XVIe siècle : une série de tapisseries retraçant la vie de Saint Martin. Elles restent exposées dans leur emplacement d’origine, un fait rarissime qui contribue à leur valeur patrimoniale.

Campagne de soutien 2025

Ce contenu est gratuit, comme le sont tous nos articles.
Soutenez-nous par un don déductible de l'impôt sur le revenu et permettez-nous de continuer à toucher des millions de lecteurs.

Je donne

Quelle chance pour les fidèles et les visiteurs occasionnels de pouvoir prier devant une antique et pieuse fresque conservée dans son écrin. Comme dans la collégiale Saint-Martin-de-Montpezat qui abrite une spectaculaire série de tapisseries du XVIe siècle retraçant la vie de Saint Martin. À cette époque, un évêque de Montauban, Jean des Prés, décide d’embellir ce sanctuaire édifié deux siècles plus tôt en commandant un ensemble de tapisseries. Ce sont cinq tapisseries qui viennent décorer l’église, chacune illustrant plusieurs épisodes de la vie de Saint-Martin, patron de la collégiale. Au total, treize scènes sont racontées sur vingt-trois mètres, avec une grande richesse de détails. L’épisode du manteau partagé avec un lépreux apparaît évidemment, comme la tentation de saint Martin, confronté à un diable terrifiant. 

La collégiale Saint-Martin de Montpezat-de-Quercy.

Chaque scène est accompagnée d’un quatrain en ancien français, permettant aux fidèles de suivre l’histoire comme une véritable bande dessinée médiévale. Ces tapisseries forment ainsi une véritable leçon d’histoire et de foi, accessibles à tous. Les colorants utilisés pour ces chefs-d’œuvre, identifiés au fil des recherches, témoignent de la maîtrise technique des artisans de l’époque : la garance pour les rouges, l’indigo pour les bleus ou encore la gaude pour les jaunes.

Un témoignage unique 

Le lieu du tissage n’est pas connu. L’atelier pourrait être situé à Tournai, à Bruxelles ou à Paris, mais certainement dans les Flandres ou le nord de la France. L’artiste qui a réalisé les cartons n’a pas non plus été identifié. Contrairement à d’autres tentures souvent dispersées ou conservées dans des musées, les tapisseries de Montpezat continuent d’être exposées dans le lieu pour lequel elles ont été réalisées, ce qui contribue à leur caractère exceptionnel. Seul changement, si elles étaient à l’origine suspendues au-dessus des stalles des chanoines, elles ont été déplacées sur les murs du chœur.

Saint Martin et la tentation du diable, tapisserie des Flandres, XVIe, Collégiale Saint-Martin de Montpezat-de-Quercy.

Les tapisseries n’ont quitté qu’une fois le Quercy, il y a cent ans, pour rejoindre les ateliers des Gobelins. La restauration a été complète, permettant aux visiteurs de continuer à découvrir ce chef-d’œuvre en son lieu d’origine, exactement là où il fut pensé et installé il y a plus de cinq siècles.

La vigilance des hommes

Les tapisseries de Saint-Martin-de-Montpezat, véritable chef-d’œuvre, n’auraient pu ne jamais parvenir jusqu’à nous. Si ces œuvres ont si bien résisté aux affres du temps, c’est surtout grâce à la vigilance des hommes qui ont su les préserver. Pendant la Révolution, elles furent détournées de leur usage liturgique et servirent de tapis lors de cérémonies patriotiques. Elles retrouvèrent heureusement l’église après quelques années. 

Par la suite, ces tapisseries faillirent quitter Montpezat sous la pression de brocanteurs et d’antiquaires peu scrupuleux, attirés par la valeur de ces chefs-d’œuvre. Fort heureusement, elles sont restées en place grâce à la ténacité des curés et des habitants de Montpezat, qui connaissaient bien la valeur historique et culturelle de ce patrimoine. Aujourd’hui, elles continuent de bénéficier d’un soin particulier : un rideau rouge les protège de la lumière afin de préserver leurs pigments d’origine, tandis que des restaurations régulières garantissent leur pérennité.

Pratique

Collégiale Saint-Martin de Montpezat-de-Quercy, à Montpezat-de-Quercy (Tarn-et-Garonne), ouvert tous les jours, accès gratuit.

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)