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Triste anniversaire en Birmanie. La veille de la fête de la saint Patrick, dimanche 16 mars, la cathédrale de Banmaw dédiée à ce saint irlandais a été visée par un incendie au cours d'opérations menées par des soldats de la junte actuellement au pouvoir, rapporte UcaNews. L'incendie de la cathédrale est la prolongation d'autres feux volontaires déclenchés au cours des affrontements entre la junte et les forces rebelles : un mois plus tôt, le presbytère et les bureaux du diocèse ainsi que l'école avaient déjà été incendiés. Mais selon l'évêque du diocèse, Mgr Raymond Sumlut Gam, les flammes ne seraient finalement pas venues à bout de l'édifice, toujours debout. "La cathédrale est toujours là, miraculeusement en place" a déclaré l'évêque à l'agence Fides le 26 mars. "Nous continuerons à enquêter pour mieux comprendre la situation sur place" indique-t-il notamment, en invitant à prier pour que le pays "puisse être libéré le plus rapidement possible du désir maléfique de la guerre".
https://platform.twitter.com/widgets.jsSoldiers from the State Administration Council reportedly set fire to St. Patrick’s Cathedral in Banmaw, Kachin State, on the evening of 16 March.
— CSW Advocacy (@CSWadvocacy) March 20, 2025
The attack is part of a larger and increasing trend of violence directed at religious groups, particularly Christians, in Myanmar. pic.twitter.com/sKltu0QsCJ
Le diocèse de Banmaw, situé dans l'État Kachin, a été créé en 2006. Confié à Mgr Raymond Sumlut Gam, il est frontalier de la Chine à l'est et couvre une zone montagneuse dans laquelle vivaient avant la guerre plus de 407.000 personnes. Parmi elles, on comptait plus de 27.000 catholiques baptisés, appartenant à différents groupes ethniques, selon l'agence Fides. L'État Kachin, particulièrement touché par le conflit, compte quant à lui plus de 116.000 catholiques sur 1.7 million d'habitants.
Les églises régulièrement ciblées
Début février, l'armée birmane avait bombardé la cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus à Mindat, une localité de l'État Chin (nord-ouest de la Birmanie). Plusieurs bombes avaient endommagé son toit et ses vitraux, la rendant inutilisable, ne faisant toutefois aucun blessé. Les églises sont régulièrement visées par la junte, qu'il s'agisse de tirs d'artillerie, d'incendies criminels ou de bombardements aériens. S'il est difficile d'établir avec précision le nombre d'édifices touchés, qu'ils soient entièrement ou partiellement détruits, les données croisées de plusieurs rapports permettent d'estimer qu'au moins 200 édifices religieux ont été détruits ou endommagés depuis le coup d'État de 2021, dont au moins 75 sont des églises chrétiennes. Les fidèles et les prêtres sont régulièrement abrités ailleurs, fuyant les zones de combat en quête de sécurité dans des camps de déplacés parfois en pleine jungle. Tous n'ont pas toujours l'occasion de partir, à l'image du père Donald, assassiné avec une grande barbarie dans son église par dix miliciens encore non identifiés, appartenant vraisemblablement aux Forces de défense du peuple.
La Birmanie est en proie à la guerre civile depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a mené la junte birmane au pouvoir. Les Forces de défense du peuple ont organisé un vaste mouvement de désobéissance civile, entraînant des affrontements d'une grande violence qui poussent les civils à fuir et occasionnent de grands déplacements de population. Selon les Nations unies, plus de 3,5 millions de personnes ont ainsi été déplacées par les combats. Si les chrétiens sont minoritaires en Birmanie, où ils ne représentent que 6% de la population (dont 3% de catholiques), ils sont localisés principalement au nord du pays où a lieu l’essentiel des combats.