Si les conditions de santé du pape François s'améliorent, aucune date de sortie de la polyclinique n'est pour l'instant envisagée. Entre canonisation, célébrations pascales ou visite d’État, de nombreux dossiers attendent le pontife à son retour, même si les incertitudes sur sa présence demeurent.Campagne de Carême 2025
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Les dernières nouvelles provenant du Gemelli demeurent positives et l’état de santé du pape semble s’améliorer depuis ses dernières crises respiratoires survenues au début du mois de mars. Compte tenu de la complexité du tableau clinique du pontife de 88 ans, ses médecins restent toutefois prudents et aucune date de sortie de la polyclinique romaine n’est encore envisagée.
Pour l’heure, personne au Vatican n’est en mesure de se prononcer sur les capacités du pape à reprendre son rythme de travail d’avant l’hospitalisation. Habitué à ne jamais prendre de vacances, le pape argentin est aussi connu pour ne pas se ménager, enchaînant les rendez-vous quotidiens malgré les avertissements de ses médecins. Le jour de son hospitalisation, il avait par exemple honoré cinq rendez-vous. "C’est un faux octogénaire", commentait le docteur Alfieri lors de la conférence de presse organisée au Gemelli, le 21 février, expliquant que le pape se comportait en réalité comme un quinquagénaire ou un sexagénaire.
Avant d’être emmené au Gemelli le 14 février, le pape François avait déjà un emploi du temps bien rempli jusqu’à cet été. L’agence I.Media revient sur les nombreux dossiers que le pape est censé mener.
Un Jubilé à rattraper
Inaugurée le 24 décembre dernier, l’Année Sainte a débuté avec un pape François d’abord très affaibli au Vatican. Lors des deux premiers jubilés thématiques, celui du monde de la communication en janvier et celui des forces armées en février, il n’a pas été en mesure de prononcer la totalité de son enseignement. Hospitalisé pour une grave infection respiratoire, il a ensuite dû se faire représenter par des cardinaux pour les jubilés des artistes, des diacres et des volontaires.
D’ici à la fin du mois de mars, seul un grand événement est au programme. Le jubilé des missionnaires de la miséricorde (28-30 mars) prévoyait originellement une veillée pénitentielle présidée par le pape dans la basilique Saint-Pierre ainsi qu’une rencontre avec ces prêtres dont la mission a été instituée lors du Jubilé de 2016. Pour l’heure, aucune indication n’est donnée par le Saint-Siège qui devra s’adapter en fonction de l’état de santé du pontife.
Les mois d’avril, de mai et de juin vont voir une montée en puissance des événements jubilaires. Au mois d’avril, le pape est censé accompagner le jubilé des malades (5-6 avril), puis, après Pâques, celui des adolescents (25-27 avril) et celui des personnes handicapées (28-29 avril).
Six jubilés sont prévus en mai dont celui des familles (30 mai-1er juin) et sept en juin, parmi lesquels celui des gouvernants (20-22 juin), des séminaristes (23-24 juin), des prêtres (25-27 juin) ou des évêques (25 juin).
Le pape a aussi donné rendez-vous aux jeunes cet été pour un jubilé qui devrait voir affluer des centaines de milliers de pèlerins du 28 juillet au 3 août, sous des températures caniculaires. Qualifié parfois de “mini Journées mondiales de la jeunesse”, ce jubilé est l’un des grands temps forts de l’Année sainte à Rome.
Le roi Charles III à recevoir au Vatican
Le roi d’Angleterre Charles III et son épouse la reine Camilla doivent effectuer au début du mois d’avril une visite officielle au Vatican, avait annoncé le Palais de Buckingham dix jours avant l’hospitalisation du pape. Depuis, aucune précision n’a été apportée du côté du Saint-Siège. En fonction de l’état de santé du pape, cette visite pourrait constituer l’une de ses premières audiences officielles après la reprise de ses activités, selon un rythme probablement encore réduit.
Dans le contexte de vacance du siège du primat anglican depuis la démission de Justin Welby, le 6 janvier dernier, la fonction de Gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre assumée par le souverain britannique donnerait à cette visite une importance particulière sur le plan œcuménique.
La visite de Charles III à Rome serait sa première comme souverain. Mais en tant que prince héritier, il s’est déjà rendu au Vatican à cinq reprises, rencontrant les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et le pape François pour une audience en 2017. Il est revenu deux ans plus tard au Vatican pour assister à la canonisation du cardinal John Henry Newman. Le déplacement de Charles III prévoit aussi une visite d’État en Italie, avec des événements à Rome et à Ravenne.
Une Semaine sainte à vivre
La semaine allant du dimanche des Rameaux à la fête de Pâques marque les jours les plus intenses de la vie de l’Église. Cœur de l’année liturgique, le Triduum pascal, temps qui va du Jeudi saint au dimanche de Pâques, commémore la passion du Christ, sa mort et sa résurrection. À Rome comme dans le monde, ce temps est rythmé par des offices plus longs que d’ordinaire.
Le Vendredi saint, les papes ont pris l’habitude de se rendre le soir au Colisée pour vivre en plein air la célébration du Chemin de croix de Jésus. Lors des deux précédentes éditions, le pape François avait renoncé au dernier moment à venir présider cet office, en raison de sa santé fragile et des courants d’air froid permanents. Il avait pour autant bien participé aux célébrations de la vigile pascale, le samedi soir, et à la messe de Pâques, le dimanche.
Rome a déjà connu des Pâques sans la présence d’un pape et François pourrait théoriquement ne pas participer publiquement à la Semaine sainte s’il était encore souffrant. En 2005, le pape Jean-Paul II avait dû déléguer la présidence de chaque célébration. Très affaibli par la maladie, il était apparu à la fenêtre du Palais apostolique mais n’avait pas pu prononcer la bénédiction Urbi et Orbi de Pâques.
Deux canonisations exceptionnelles à célébrer
Une semaine après Pâques, Rome vivra un événement qui devrait rassembler des centaines de milliers de fidèles sur la place Saint-Pierre. La canonisation de Carlo Acutis (1991–2006), prévue le 27 avril, se tiendra en plein jubilé des adolescents. Le jeune italien a mis ses talents d’informaticien au service de l’évangélisation au point d’être surnommé le "geek de Dieu". Il est mort à l’âge de 15 ans d’une leucémie foudroyante et son témoignage s’est répandu rapidement dans toute l’Italie puis dans le monde entier. L’adolescent, dont le corps est exposé à Assise, constitue pour l’Église catholique un témoin de sainteté important à donner aux nouvelles générations nées à l’ère du numérique.
Pour le moment, l’hypothèse de repousser la date de la cérémonie de canonisation du jeune italien n’a pas été évoquée. Selon des sources romaines, le Saint-Siège pourrait ajourner celle-ci si le pontife n’était pas en mesure de la présider. Pour d’autres, il pourrait se faire représenter exceptionnellement pour la célébration au cours de laquelle serait lu le décret de canonisation, mais cela ne serait pas souhaitable pour autant.
"La canonisation est l’un des actes les plus solennels qui engagent la foi. La présence du pape est nécessaire même si la validité de la canonisation ne serait pas menacée en cas d’absence pour une raison majeure", glisse un canoniste. Dans une telle situation, poursuit-il, "la cérémonie devrait être adaptée à ce cas particulier et le célébrant dûment nommé par le souverain pontife devrait lire le décret du pape et non décréter au nom du pape".
En fonction de l’état de santé du pape, cette question pourrait se reposer cet été. Lors du jubilé des jeunes, un autre bienheureux italien, Pier Giorgio Frassati (1901-1925), doit être canonisé le 3 août.
Un voyage en Turquie en suspens
Un mois après la célébration de Pâques, autour du 24 mai, le pape François souhaitait poser de nouveaux jalons pour un rapprochement entre orthodoxes et catholiques lors d’un voyage à Nicée, aujourd’hui Iznik, ville portuaire proche d’Istanbul en Turquie. Ce voyage, non officialisé par le Saint-Siège, était pensé à l’occasion du 1700e anniversaire du Concile qui s’est tenu dans cette ville, et a notamment permis la définition du Credo. Dans une lettre au patriarche de Constantinople, le 30 novembre dernier, le pape François expliquait que les préparatifs pour une éventuelle rencontre avaient déjà commencé.
En raison de la gravité de l’infection respiratoire du pontife, ce 48e déplacement du pape à l’étranger semble aujourd’hui improbable. La solution la plus plausible serait d’envoyer en Turquie un légat pour se faire représenter.
Mais le pape François a souvent surpris les observateurs par sa capacité à honorer des voyages malgré une santé fragile. En 2023, il s’est rendu aux JMJ de Lisbonne deux mois après une lourde opération aux intestins. Il y a six mois, il a accompli un voyage de 12 jours en Asie du Sud-Est et en Océanie, le plus long déplacement depuis son élection en 2013.
Réceptionner les travaux du Synode
Le Synode sur la synodalité - grande réflexion ouverte en 2021 pour rendre l’Église catholique plus inclusive, plus participative et moins cléricale -, s’est conclue en octobre dernier. Mais le chantier reste encore ouvert puisque le pape a institué 10 groupes de travail chargés d’étudier certaines thématiques délicates – partage de la gouvernance, réforme des séminaires, accès des femmes au diaconat, etc.
Ces groupes doivent rendre leurs conclusions en juin. Des orientations du pape François, qui a toujours donné le rythme de la réflexion synodale, seront attendues bien qu'il n'ait pas l'intention de rédiger une exhortation apostolique post-synodale.
Une exhortation dédiée aux enfants à écrire
"J’ai l’intention de préparer une lettre ou une exhortation apostolique dédiée aux enfants", a annoncé le pape 10 jours avant d’entrer à la polyclinique Gemelli. Le chef de l’Église catholique a fait cette annonce au terme du sommet international sur la protection des enfants organisé au Vatican début février.
Ce document évoqué par le pape, qui n’a pour le moment ni titre ni date de publication, pourrait constituer sa huitième exhortation apostolique depuis 2013. Les exhortations apostoliques n’ont pas une valeur juridique aussi fondamentale que les encycliques, mais elles consistent à "exhorter" les fidèles catholiques à s’engager sur des sujets considérés comme essentiels. À ce titre, elles constituent donc une partie importante du magistère du pape, c’est-à-dire de son enseignement sur des questions de société ou sur des thèmes spirituels.
Un consistoire à réunir
Au 12e jour de l’hospitalisation du pape, le Vatican a annoncé la convocation par le pontife d’un consistoire dédié à deux causes de canonisation à une date encore indéterminée. Concrètement, il s’agira d’un rassemblement des cardinaux présents à Rome autour du pape pour confirmer les nouveaux saints. Cette réunion, qui se tient traditionnellement dans la salle Clémentine du Palais apostolique, pourrait aussi permettre d’annoncer les dates des canonisations.
L’annonce de la tenue d’un consistoire a surpris bon nombre d’observateurs romains. Dans le contexte de l’hospitalisation du pape François, elle a fait écho au consistoire similaire convoqué en février 2013 par Benoît XVI, et qui fut l’occasion pour lui d’annoncer sa renonciation. Mais plusieurs sources ont analysé cette décision du pontife argentin comme, au contraire, une manifestation de sa volonté de reprendre le fil de son pontificat.