Campagne de Carême 2025
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Aleteia : Comment allez-vous après ces 114 jours en mer ?
Fabrice Amedeo : Je vais très bien. J’ai eu trois jours un peu difficiles de remise en route la semaine dernière, car à la fin de ma course, j’ai manqué de nourriture. J’avais un métabolisme qui avait chuté, j’étais fatigué, je me sentais en début de déshydratation. Donc j’ai beaucoup bu, j’ai essayé de pas mal dormir et de ne pas avoir un retour trop festif, malgré les nombreuses sollicitations amicales. Mais maintenant, c’est reparti, j’ai repris le sport et le travail.

Après une bénédiction sur les pontons et avec une petite Vierge de Rocamadour à bord, imaginiez-vous que cela impacterait votre course ?
Ma course et ma vie ! Non absolument pas. Quand le père Florent (recteur du sanctuaire de Rocamadour, NDLR) me propose de bénir mon bateau, je me dis qu’en acceptant, il n’y a pas grand-chose à perdre. Le père bénit mon bateau et me remet une petite statuette de Notre-Dame de Rocamadour. Cela ne peut pas faire de mal de partir avec la Vierge à bord !
Vous avez expliqué sur vos réseaux sociaux avoir vécu une expérience forte en mer, laquelle ?
Dans les moments difficiles, je me suis mis à prier Notre-Dame de Rocamadour pour lui demander de me protéger. Mais, je n’y croyais pas vraiment, je le faisais parce que cela me réconfortait. Arrivant dans le Pacifique, je me disais que ce serait bien que le Pacifique soit pacifique ! Donc j’ai continué à prier pour cela. Le soir du 1er janvier, selon mon habitude, je fais ma petite prière pour remercier, déjà pour ce début de Pacifique calme et là, j’entends un bruit sur le pont qui me fait sortir. Je regarde le ciel et mon œil est attiré par un grand arc de cercle vert au-dessus de moi. Après avoir réglé ma voile, je redescends finir ma prière et je remonte et aperçois une magnifique aurore australe. À ce moment précis, j’ai l’impression d’être enveloppé. Je ressens un immense amour qui m’enveloppe et m’habite, je n’avais jamais ressenti cela de ma vie. J’ai eu de nombreuses expériences esthétiques en 20 ans de courses au large, mais je n’avais jamais ressenti cet amour. J’ai eu la conviction absolue, que je n’étais pas seul et que j’étais protégé.

Que s’est-il passé ensuite ?
J’ai contacté le père Florent pour lui raconter cette expérience. Il y a vu un signe : le manteau de la Vierge Marie qui m’enveloppait et me protégeait. Il a mis des mots sur ce que j’avais ressenti exactement. Pendant toute ma course, nous sommes restés en relation, j’aimais lire que ses prières m’accompagnaient. Évidemment, j’ai continué à prier plus que jamais et plusieurs fois par jour ! À chaque fois que je priais, je demandais la protection pour Denis (van weynbergh, NDLR) et Manu (Manuel Cousin, NDLR) qui n’étaient pas loin de moi, ainsi que pour tous les concurrents qui étaient encore sur l’eau. C’était important de ne pas demander uniquement des choses pour moi, et c’était important aussi de penser à remercier.

Peut-on dire que vous avez commencé votre carême avant l’heure en expérimentant le combat spirituel ?
Quand on a 114 jours seul en mer sur son bateau, on a vraiment le temps de l’intériorité. J’ai prié, et j’ai même jeûné ! Désormais, je n’ai pas envie qu’avec le retour à terre, la superficialité reprenne le dessus. Je n’ai pas envie que toute cette vie qui me happe, éclipse cette expérience fondatrice et forte que j’ai pu vivre dans les mers du Sud.
Donc finalement, avec Marie à bord, ce n’était pas une course en solitaire ?
Effectivement, je pourrais presque être disqualifié pour assistance dans cette course ! (rires)
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