separateurCreated with Sketch.

La tristesse et ses remèdes : les larmes (2/5)

WOMAN, UPSET, TEARS
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Isolde Cambournac - publié le 19/02/25
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Parmi les cinq remèdes que saint Thomas d’Aquin préconise contre la tristesse figurent les larmes, et ce pour deux raisons.

Pleurer fait du bien. La première raison, c’est que lorsque nous gardons en nous ce qui nous attriste, il y a comme une tension intérieure qui nous retient et qui amplifie notre tristesse. Les larmes permettent d’extérioriser. « Il faut que ça sorte » dit-on à juste titre. Pleurer libère de cette tension intérieure et notre tristesse s’en trouve diminuée. Vous en avez certainement déjà fait l’expérience. La tristesse vous pèse, vous êtes tendu et avez le cœur gros. Vous sentez que vous avez besoin d’évacuer, de pleurer un bon coup. Vous fondez en larmes, vous pleurez toutes les larmes de votre corps, et tout de suite vous vous sentez mieux. C’est un fait : les larmes nous font du bien. Des études donnent une explication biologique à cela. Après avoir pleuré, notre corps sécrète des « endorphines ». Ces hormones nous procurent un certain bien-être, comme après avoir fait du sport.

La deuxième raison renvoie à la délectation. Saint Thomas explique que tout ce que nous faisons, dans la mesure où c’est opportun (que cela convient aux circonstances), nous est délectable. Quand je suis triste, il est opportun de pleurer, et donc pleurer est délectable. Comme toute délectation, cette délectation console et diminue la tristesse. On pourrait le dire autrement. Pleurer est comme un besoin naturel dans la tristesse, et le fait d’y céder nous fait du bien. À l’inverse, si je me mets à rire au moment où il est opportun de pleurer, je vais immédiatement éprouver un malaise.

Le paradoxe des larmes

Saint Thomas soulève un paradoxe surprenant. Il se demande comment il est possible que les larmes, qui sont un effet de la tristesse, puissent être en même temps un remède à la tristesse. Plus on est triste, plus on pleure, et plus on pleure, moins on est triste. C’est tout l’inverse du rire et de la joie : plus on est joyeux, plus on rit et plus on rit, plus on est joyeux (jusqu’à une certaine limite bien sûr !). Son explication est complexe. Retenons simplement ceci.

La joie est provoquée par une convenance entre la personne qui est joyeuse et le bien qui la réjouit. Le rire, qui est un effet de la joie, renvoie ainsi à un rapport de convenance. Il convient à la joie et l’accentue. La tristesse est provoquée par une opposition entre la personne qui est triste et le mal qui l’attriste. Les larmes, qui sont un effet de la tristesse, renvoient à un rapport d’opposition. Elles s’opposent à la tristesse et la diminuent.

Pleurer à chaudes larmes

Saint Thomas nous encourage donc à pleurer à chaudes larmes pour chasser la tristesse qui nous accable. Rappelons que celui qui écrit cela est un religieux du Moyen Âge. On a du mal à imaginer un homme solide comme lui pleurer, et pourtant, s’il en parle c’est certainement qu’il en a fait aussi l’expérience. Il évoque du moins l’expérience de son Maître saint Augustin qui dit n’avoir trouvé de la consolation que dans les larmes lors de la mort de son ami. L’Aquinate précise par ailleurs que non seulement les larmes, mais aussi les gémissements et les paroles ont cette capacité à faire extérioriser et atténuer la tristesse. Lorsque nous sommes tristes, pleurons, parlons et même plaignions-nous si nécessaire !

Comme le premier remède, ce second remède est utile non seulement pour soi, mais aussi pour ses proches. Encourageons-les à pleurer lorsqu’ils sont tristes ! Quant à leurs plaintes, elles nous sont parfois pénibles et nous pensons pouvoir y remédier en leur apportant des solutions. Ce que nous ne comprenons pas toujours, c’est que la plainte se suffit à elle-même. Elle est un moyen d’extérioriser et souvent cela suffit à soulager la peine. Inutile de chercher une solution, il nous suffit de les écouter avec attention ! Cela nous mène naturellement au prochain remède évoqué par saint Thomas : la compassion des amis.

Pratique

Heureux comme Dieu ! Le bonheur selon saint Thomas d’Aquin, Desclée de Brouwer, janvier 2025, 18,90 euros.

Les dix plus belles citations de saint Thomas d'Aquin :

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)