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D’où vient votre tristesse ? L’avertissement de sainte Synclétique

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Sophie Baron - publié le 25/01/25
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Que nous disent les Pères du Désert — et les Mères du Désert ! — pour guider notre vie spirituelle, dans les circonstances très concrètes de notre vie ? Quand la tristesse nous envahit, avertit sainte Synclétique, moniale du IVe siècle, il faut savoir reconnaître d’où vient cette tristesse. Si elle vient de Dieu, elle peut nous conduire au bien.

Nous savions déjà qu’il y a des "mères du désert" qui ne le cèdent en rien à leurs condisciples masculins pour la pénitence, la prière et le discernement et qu’elles sont souvent très instructives sur la vie spirituelle. Pour s’adresser à elles, on se sert, du terme général d’amma (maman), comme on dit abba pour les hommes. Synclétique, moniale du IVe siècle est l’une d’elle. De sa longue expérience, elle retient par exemple que la tristesse au désert n’est pas toujours une bonne chose. Elle sait qu’il y a des moines et des moniales atteints de ce qu’on appelle l’acédie qui est une forme de dépression, dont l’effet est de rendre insupportable la vie en solitude et les privations qu’elle entraîne. Mais, heureusement, la tristesse n’est pas toujours ainsi : il y a une "tristesse selon Dieu" !

La tristesse selon Dieu

Synclétique a sûrement lu le passage où saint Paul fait lui aussi une distinction entre deux tristesses (2 Co 7,9-10) : 

Je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la pénitence ; car vous avez été attristés selon Dieu, de manière à n'éprouver aucun préjudice de notre part. En effet, la tristesse selon Dieu produit un repentir salutaire, qu'on ne regrette jamais, au lieu que la tristesse du monde produit la mort. 

C’est sur cette "tristesse selon Dieu" que Synclétique a quelque chose d’original à nous dire. Paul parle de la peine que cause une observation, une remontrance, surtout si elle est faite en public. Mais si on profite de la leçon et qu’on a l’humilité de retenir, pour se corriger, la part de vérité qu’elle contient, on est vraiment gagnant, parce que cet effort va nous faire avancer et nous permettre de combattre efficacement tel défaut qui nous retient captif.

Un signal d’alarme

Ce n’est pas tout à fait la même chose que veut nous dire notre mère Synclétique, elle ne parle pas de l’intervention de quelqu’un d’extérieur, mais de la tristesse qui vient cette fois-ci d’une réflexion personnelle que nous pouvons avoir sur notre vie ou celle des autres :

Il y a une tristesse utile et une tristesse dévastatrice. Celle qui est utile nous fait gémir sur nos péchés et sur les faiblesses d’autrui et nous empêche d’abandonner notre résolution d’atteindre la perfection du bien. Tel est le caractère de la vraie tristesse. Mais il y a aussi une tristesse qui vient de l’ennemi. Celui-ci en effet nous inspire une tristesse sans motif que l’on appelle acédie. Il faut donc chasser ce démon en redoublant de prières et de psalmodie.

Nous avons souvent des raisons d’être pessimistes, car nous mesurons l’écart entre aujourd’hui et notre état d’esprit quand nous étions plus jeunes ou plus fervents et nous voyons maintenant que nous, comme les autres, nous nous habituons à la médiocrité, que, tout en évitant le péché grave, nous laissons passer beaucoup de petits manquements, bref notre amour se refroidit. Alors, nous dit Synclétique, au lieu de se désoler sur soi-même, c’est le moment d’agir. Cette tristesse est un signal d’alarme. Réveillons-nous ! Adoptons un règlement de vie où la prière ait une place sérieuse. Cessons de nous bercer d’illusion en croyant que nous faisons déjà ce qu’il faut pour aimer les personnes de notre entourage. Prenons autrui tour à tour dans notre prière, imaginons ce qu’il attend de nous, au lieu de voir ses manques et ses torts !

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